Ils ont voulu garder l’anonymat comme ils n’ont pas souhaité divulguer le nom de l’établissement. Il s’agit de l’histoire d’un résident dans un EHPAD du Bassin minier. « C’est un témoignage, que les gens sachent ce qui s’est passé » formule l’un des enfants dont le papa a séjourné plus de cinq ans dans cet établissement.
« Sur la fin, c’est-à-dire depuis le mois d’août dernier, mon père disait : je suis en prison. Il a cru qu’il était abandonné » se remémore sa fille qui ne peut retenir ses larmes.
Très affaibli, son papa est décédé le 4 janvier dernier d’un problème respiratoire sans lien avec le virus. « Il a toujours été testé négatif » précise-t-elle.
Tout a véritablement commencé en août 2020 quand cet homme de près de 90 ans est admis aux urgences pour un problème d’anémie. « Nous avions constaté que son état s’est dégradé dû à un manque de suivi médical et à un isolement sur lequel nous n’avons aucune maîtrise, je m’en suis d’ailleurs émue auprès de votre infirmière il y a environ 3 semaines », écrit sa fille au directeur de l’établissement.
A son retour, le résident est placé en quatorzaine. La famille reproche à l’établissement de ne pas avoir mis en place un test PCR ce qui aurait permis de reprogrammer les visites. « Ces test sont d’ailleurs préconisés pour tous les personnels en contact avec les personnes âgées » fait savoir l’un des enfants qui était prêt à prendre contact avec l’ARS (agence régionale de santé), « pour prendre en compte notamment la santé et le bien être de notre père et le respect qui lui est dû ainsi qu’à sa famille ».
La suite semble sortir directement d’un feuilleton à faire de l’audimat.
L’épouse du résident appelle alors la présidente du CVS (conseil de la vie sociale) et évoque cette possibilité d’alléger le protocole des visites, « de pouvoir voir mon mari dans sa chambre » stipule-t-elle. Elle est convoquée début septembre sans qu’elle sache que la réunion allait se tenir en présence de plusieurs personnes (psychologue, animatrice, personnels soignants, la présidente de CVS. C’est l’humiliation.
Toujours dans un échange de courrier avec le directeur, sa fille précise : « Vous avez fait le procès de notre famille en reprochant nos diverses interventions (…). Vous l’avez informé que notre père devait quitter l’établissement ». L’épouse est en état de choc. avec preuve à l’appui, l’attestation de son médecin traitant.
Pour l’épouse, étant donné les circonstances, « j’étais paniquée, j’ai eu peur, j’ai effectivement admis que nom mari devait changer d’établissement ».
« A la fin du rendez-vous, vous avez confirmé ce projet » ne manque pas de rappeler le directeur dans un courrier annonçant la résiliation du contrat d’hébergement. « Nous avons fixé collégialement son départ de la résidence entre le 19 octobre et le 31 octobre 2020 à 16h. Et de proposer à la famille plusieurs choix d’établissements.
Dans une lettre adressée au directeur avec copie à l’AMAPA et l’ARS, les enfants retracent tous ces événements. Leur papa quittera l’établissement le jour où ils trouveront un hébergement qui puisse l’accueillir et au prix supportable pour son épouse, soit 2 500 €/mois.
Le 22 septembre, la famille reçoit une lettre de confirmation de la résiliation du contrat d’hébergement, « il prendra fin le 30 octobre 2020 ». Le directeur fait savoir que son côté il a informé sa hiérarchie, le conseil départemental et l’ARS de l’historique « de nos échanges ».
La famille fait alors appel à un avocat qui notifie au directeur « que la résiliation du contrat de séjour ne repose sur aucune raison contractuellement convenue et ne peut donc aboutir ». L’avocat alerte également la direction de la santé publique. La réponse arrivera le 19 novembre 2020, « l’agence est particulièrement attentive et vigilante à la prise en charge et des soins apportés aux personnes âgées (…) »
En décembre, l’état de santé du résident se dégrade, il est hospitalisé et revient à l’EHPAD le 18 décembre. Son fils qui habite à 400 km demande alors à voir son père. D’après le protocole, une visite est alors possible à partir du 25 décembre.
Toujours dans un échange de mail, l’EHPAD fait remarquer que « nous avons organisé des visites pour vous le 6, 12 et 20 août et vous avez également vu votre père le 19 octobre (…) ». Mais pas de visite le 24 et 26 décembre, « l’un est dans la période d’isolement, le second est un samedi (…). Le 31 décembre est la date réservée pour sa famille ».
Le fils précise dans son mail à l’EHPAD: « Nos inquiétudes concernant l’état de santé étaient plus que légitimes, mon père avant sa mort (le 4 janvier) n’a vu aucun médecin depuis sa sortie de l’hôpital (…). Vous l’avez laissé avec une sonde urinaire pendant plus de 10 jours (…). J’ai dû appeler un cabinet médical pour qu’un médecin appelle l’EHPAD et que la sonde soit retirée (…) ».
« Hallucinant également, à son retour de l’hôpital, l’EHPAD souhaitait qu’on signe un nouveau contrat d’hébergement » précise sa fille.
Le 31 décembre madame voyait son époux pour la dernière fois, « mais il y a avait quelqu’un avec moi dans la salle de réunion » souligne-t-elle. Belle intimité.
« Le 4 janvier », écrit son fils, « l’établissement a prévenu ma mère de son transfert à l’hôpital (…). C’est le médecin de l’hôpital qui l’a appelée pour qu’elle puisse le voir rendre son dernier souffle, il était déjà dans le coma ».
Jusqu’à maintenant « notre mère ne voulait rien dire, elle avait peur qu’on s’en prenne à son mari, à notre père » termine sa fille.
La famille ne compte pas donner une suite judiciaire.
Jean Bernard
Ndrl : ce récit est basé sur la rencontre avec la fille et l’épouse du résident décédé et l’ensemble des courriers échangés entre les différents protagonistes.
« Notre vie c’est pire que la prison. Là-bas au moins ils peuvent sortir une fois par jour. Nous c’est tout le temps enfermées ds notre chambre ». Témoignage actuel d’une vieille amie dans un EHPAD d’Autun…
Nous compatissons à votre détresse !
Cela nous ramène à un combat pour notre papa
Il y a plusieurs années.. Combat en vain ….. Que de mauvais souvenirs.. un sentiment d’impuissance tellement insupportable !
Ensuite il faut se reconstruire…
Bon courage pour la suite ..
C’est affligeant et totalement dans la mouvance de mes croyances sur ces établissements. L’humain n’est rien, il se trouve relégué derrière l’obligation financière et des procédures administratives, des effets contractuels, des mail stéréotypés. A quand des établissements sérieux, dignes avec de vrais services d’accompagnements qui prendront en considération les revenus des résidents sans les racketter ?? Dommage que l’établissement ne soit pas désigné, ils connaissent l’impunité dont ils font l’objet c’est pour cela que rien ne change.
Je vous invite à lire mon commentaire sur le site « le chàteau » Maison de retraite de Chambourcy » sur Coogle.
Je partage votre sentiment.
Je vis la même chose depuis août. La directrice m a reproché qu elle n arrêtait pas d entendre parler que de moi..
Je vis la même chose avec ma maman que je vais voir tous les jours car je ne supporte pas de la voir pleurer, je passe donc pour la chieuse . Je compatis. Horrible d’avoir été obligée de la placer(impotence et Alzheimer) pour moi elle est séquestrée dans un sens. Nous n’avons plus notre mot à dire.
😔comme vous dîtes la vie des résidents des ehpads est bien triste et quand il s agit de fin de vie c est horreur pour celui qui part et pour sa famille … Sous couvert des règles sanitaires des décisions de l ars on doit tout accepter… J ai essayé de contacter le bureau du préfet, de l ars aucun moyen de connaître les règles du département… C est ce qu on appelle la transparence chez nous …
Bonjour ,moi aussi je me bat pour maltraitance médicale,pour ma maman ,qui malheureusement et décède dans des conditions horribles ,et un grand manque de humanité, et dialogues avec la famille, ces honteux que cela existe,
Je compatis. Maman est morte en 4 mois sans une prise fn charge digne de ce nom. C est un veritable scandale , une honte ce qui se passe dans beaucoup d Ehpad. Des mouroirs propres. Nourriture infecte, solitude, pas d humanite avec les pensionnaires. Infirmiers, cadre de sante, medecin coordinateurs (?), responsable d etablissement. …il faut denoncer les Ehpad qui remplissent mal.leur mission. Et que de pretention de leur part. Moins les famille font presentes….plus ils sont heureux… ma mere etait a l Ehpad Riviere Esperance a Lalinde en Dordogne. Indigne. Surtout les responsables. Les aides soignantes sont surement les plus humaines avec les familles. Si on denoncent tous ces etablissements ils se sentiront moins confiants. Alors ?
Malheureusement les commentaires sur la fin de vie de nos aînés dans les différentes EHPAD sont récurrents. Toujours les mêmes remarques, manque de personnels formés, maltraitance, mourroir, manque d’hygiène, aucune psychologie, pensions de plus en plus chères, etc… Depuis le covid, c’est encore pire car les pensionnaires sont complètement coupés de leur famille s’il y a des closteurs. La contamination des pensionnaires se fait par le personnel à cause de cette hygiène qui n’est pas respectée. J’ai ma maman qui est dans une EHPAD et qui a contracté le virus. Elle doit rester en permanence dans sa chambre car elle en a rechapé et reste coupé de sa famille depuis le dernier confinement. Je n’ai pas revu ma maman depuis 3 mois et je n’ai aucunes perspectives dans immediat…. Nos prisonniers sont mieux traités que nos anciens dans notre pays.
Inadmissible ! Vous devez pouvoir la voir!!!!!!
J’en ai un peu marre de tous ces commentaires désobligeants sur les EHPAD ! Ne pas les mettre tous dans le même sac !!! Et excusez moi mais si vos parents y sont si mal réupérez les et on verra comment vous allez vous en occuper , il y a plus de laisseraller et de maltraitance à domicile ou dans la famille ! Svp respectez le travail des soignants , franchement ça fait du bien !!!!
Je peux comprendre quand on fait du bon travail qu’être relégué au même niveau que les incompétents c’est blessant. Mais c’est comme pour les fonctionnaires, pour 10 personnes, 3 sont vraiment impliqués dans leur fonction, pourtant ils se retrouvent sous les foudres des usagers comme les autres, par la faute du manque de sérieux des autres. Quand des familles mettent des parents dans un hepad c’est pour qu’ils soient accompagnés par des professionnels, car eux mêmes n’ont pas les compétences pour gérer, ils n’ont donc pas à récupérer leur papa ou maman, ils sont en droit d’exiger de la qualité et de l’accompagnement surtout quand on voit le racket, le vol légalisé, dont ils sont victimes. Ce n’est pas aux familles de culpabiliser, se sont aux établissements d’être remis en cause et cadrer sévèrement puisqu’ils ne sont pas capable de le faire seul. ce n’est pas parceque des familles ne se lavent pas les mains ou font la bise à leurs aînés (vous avez toujours des gens de peu de cervelle et à l’hygiène limitée) que cela peut justifier que des personnes âgées soient mal traitées.
Malheureusement , on donne tout à ces résidents mais on sait très bien qu’il n’y aura jamais une reconnaissance de notre travail . Nous sommes maltraitant disent – ils mais c’est dans nos bras qu’ils pleurent quand ils se sentent abandonnés par leurs familles . Gardez les chez vous si vous pensez que nous sommes inhumains !!😥🥵
Bonsoir je suis très émue de ce témoignage. Tout n’est qu’une question de dignité et de respect et de choix. Doit on pour protéger nos aînés leur imposer notre vision des choses et les priver de ce qu’ils leur reste : la liberté de choisir. A partir du moment où on ne leur laisse pas le choix il n’y a plus d’humanité ! ! Avoir le choix c’est ce qu’ils demandent! Qu’on leur laisse le droit de vivre comme ils le veulent. Je suis soignante dans un établissement et je vous assure que la plus grande majorité du personnel se mobilise pour les protéger mais surtout faire en sorte qu’ils se sentent comme des êtres à part entière et jusqu’au bout de leur souffle. Nous n’avons eu pratiquement pas de cas covid mais c’est grâce à l’effort collectif (famille et personnel soignant). Mais je tiens à dire qu’il y a des familles qui nous rendent dingues. Au lieu de profiter des moments intenses avec leurs parents ils viennent nous prendre la tête pour des futilités. Des visites plusieurs fois dans la semaine même le samedi . Des protocoles sanitaires sont rappelés à chaque fois mais certaines familles passent outre et nous sommes fatigués de rappeler aux familles pour le masque pour le lavage des mains pas de bisou mais certaines familles passent outre. On en est encore là. La responsabilité de chacun pour le bien être de nos aînés.
Bonsoir,
Bien d accord avec BB
Nous notre mère et rentrée en décembre pendant le covid elle avait un de début de maladie alzheimer mais elle pouvait rester chez elle avec le ccas puis elle fait un avc qui la paralyse légèrement du côté droit et on nous dit quelle peu plus rester chez elle alors nous trouvons un ehpad que l’hôpital nous a demander de vite trouver car il avait besoin de la chambre. Elle c’est retrouvée de but en blanc dans cette ehpad ou elle ne connaît personne et nous avons peu la voir qu’au bout de 7 jours confinement obligé alors on téléphone pour savoir comment elle vas on nous dit quelle fait que pleurer après les 7 Jours nous avons peu aller la voir et elle nous dit pourquoi vous m’avez abandonner j’ai pourtant rien fait de mal .comme nous sommes 3 enfants nous pouvons la voir que 45 mn tous les 10 jours dans J’ couloir car nous avons même pas le droit d’aller dans la chambre que nous avons 5 mn lors de la visite nous téléphonons tous les jours pour avoir des nouvelles et la ils commencent à nous dire quelle non pas que sa a faire je comprend maos pour nous qu’elle tristesse car pour nous aussi nous pensons que nous l abandonnons.
C’EST TRISTEMENT TRISTE 😭
Bonjour,
Soignante en EHPAD, je voulais juste préciser que les mesures appliquées durant cette crise sanitaire sont des ordres « d’en haut ».
Croyez-vous que ce soit nous les soignants ou même nos supérieurs hiérarchiques qui sommes à l ‘origine de cette maltraitance à l’égard de nos ainés.
Je dis maltraitance et je l’assume car je pense qu’il est inhumain de priver une personne âgée de sa famille ou de l’autoriser à voir cette famille dans des conditions totalement dénuées d ‘humanité.
Mais nous ne faisons qu’appliquer les ordres d’une politico-technocratie déconnectée de la vraie vie.
Je côtoies tous les jours des papys et mamys dont l’état psychologique se dégrade faute de l’amour des leurs : ils ne mourront pas du COVID mais de chagrin.
Peut-être que ces personnes qui attaquent si violemment les soignants ont manqué d’informations et de temps d’échange mais cela ne les autorisent pas à de tels propos.
Je terminerai en disant seulement que ces mêmes personnes ne seraient peut-être pas les dernières à porter plainte pour non respect des protocoles si leur parent venait à être contaminé.
Les applaudissements aux soignants sont bien loin …..
Bonne journée
Une soignante bienveillante : ça existe
Oui , il ne faut pas généraliser. Je suis d’accord avec vous .,néanmoins, augmenter le manque de personnel , comment travailler vraiment correctement sans cela. Tout dégringole,diminution des embauches où que ce soit. C’est honteux ! ce qui engendre stress, arrêts de travail …..Ne parlons pas des salaires….
Tout à fait d’accord avec vous !!! Les gens crachent dans la soupe ! De toute façon on ne fait jamais bien !! Où je travaille les visites se font sur rendez-vous , pas plus de deux visites par résident avec tout le protocole et ça se passe très bien !!! Mais ça bien sûr on n’en parle pas !!!!
Quelle honte pour certains commentaires de répondre ‘ si vous n êtes pas contents, gardez vos parents’. Quelle insulte pour tous ceux qui sont souvent dans un désarroi total et sans autre solution. Quoi de scandaleux, que de demander respect et emphatie ?
Et dernier point, en réglant les prix
exorbitants de ces maisons, les résidents et leurs famille sont des
» CLIENTS » qui génèrent les emplois de tous ces personnels bons et mauvais.