Simone de Beauvoir a intégré la prestigieuse collection de Gallimard, la Pléiade le 17 mai dernier soit 32 ans après sa mort. La romancière féministe et compagne de Jean-Paul Sartre reçoit enfin l’honneur de voir ses œuvres entrer au Panthéon de la littérature, devenant la 15e femme à s’y frayer un chemin. Philosophe et féministe influente, Simone de Beauvoir a marqué plusieurs générations avec son manifeste « Le Deuxième Sexe ». Cet ouvrage, son best seller le plus connu qui est aussi le livre manifeste du mouvement féministe publié en 1949 ne figure pas dans cette collection. Son roman Les Mandarins, prix Goncourt 1954, ne figure pas non plus dans les quelques 3000 pages consacrées à la philosophe .Voici les détails de ce que contiennent ces deux nouveaux recueils disponibles.
Les éditeurs de Gallimard ont choisi de publier en deux volumes ses cinq livres de mémoires : Mémoires d’une jeune fille rangée (1958), La Force de l’âge (1960), La force des choses (1963), Tout compte fait (1972) et La cérémonie des adieux (1981). Ce choix ne s’est pas fait sans une réflexion antérieure comme l’ont expliqué les éditeurs : « Si le projet d’écrire sa vie lui est d’abord apparu comme un détour, il est toutefois progressivement devenu la voie royale empruntée par son œuvre. » Un moyen de mettre en avant la chroniqueuse plutôt que l’essayiste ou la romancière…
La Pléiade, une collection très masculine
Depuis la création de cette prestigieuse collection en 1931, la Pléiade n’a accueilli que 15 femmes, dont Simone de Beauvoir, dans ses rangs pour 209 auteurs masculins. Parmi elles : Colette, George Sand, Jane Austen, Madame de Lafayette, Nathalie Sarraute ou encore Marguerite Duras. Il a fallu attendre 1953 pour qu’un volume entier de la collection soit dédiée à une auteure. C’est Madame de Sévigné, qui a ouvert le bal, plus de 250 ans après sa disparition. La collection expliquait cet écart disproportionné entre hommes et femmes sur son site en 2014 : « Force est de constater que l’histoire littéraire elle-même s’écrit au masculin jusqu’au milieu de XXe siècle ; et il n’est pas à la portée de la collection de la corriger. » Ce raisonnement s’est avéré absurde pour certaines féministes qui n’ont pas hésité à démontrer l’existence de centaines d’écrivaines dont le mérite littéraire leur permettrait de figurer parmi les classiques.
« Mieux vaut tard que jamais »
Il était temps que cette femme au destin exceptionnel intègre elle aussi la prestigieuse collection littéraire de Gallimard.
Son nom restera associé à l’émancipation des femmes, à son compagnon Jean-Paul Sartre et à son manifeste féministe Le Deuxième Sexe.
Mais il est surtout temps que les revendications égalitaires gagnent aussi les étagères des bibliothèques !
Le combat est rude mais la bataille est juste.
Paroles d’Andouille