La sécurité du quotidien dans nos villes et nos campagnes : le défi impossible ?
Par Olivier DAMIEN Secrétaire départemental Debout La France 71, commissaire divisionnaire honoraire de la police nationale, ancien secrétaire général du syndicat des commissaires de police.
« Dans notre département, en Saône-et-Loire, les récents événements qui ont vu la dégradation par le feu du centre social le Trait d’Union à Montceau-les-Mines, attestent bien du décalage profond qui existe encore entre les élus et l’Etat (en l’occurrence la justice). Et les propos de Marie-Claude Jarrot, contestant la décision du parquet de Chalon dans le cadre de l’affaire Jamal, sont venus confirmer l’incompréhension qui peut parfois exister entre un maire et un magistrat.
Cette exemple, somme toute assez banal, tant ce genre de différend est devenu courant, illustre parfaitement la situation dans laquelle se trouve notre pays face à l’absence d’une politique nationale claire en matière de sécurité publique.
Malheureusement, les conclusions des États généraux de la sécurité locale qui se sont tenus le 18 octobre dernier, confirment, si besoin en était, l’incroyable cacophonie qui règne toujours entre les différents acteurs de la sécurité dans notre pays. Force est en effet de constater, qu’entre rapports aux conclusions contradictoires, pourtant souvent élaborés par des parlementaires de la même majorité – LREM en l’occurrence -, et loupés méthodologiques – on consulte les acteurs de terrain après que le rapport a été publié -, tout est fait pour qu’aucune mesure concrète ne soit mise en œuvre et que chacun des protagonistes, élus locaux et État, continuent de tirer la couverture à soi pour savoir qui sera « le chef ». Ce résultat, après des décennies de discussions, de tergiversations, de compromis bancals et de centaines de millions d’euros dépensés en pure perte, est tout simplement pitoyable. Il atteste surtout de ce que ceux qui ont gouverné localement ou au plus haut niveau de l’État pendant toute cette période, n’ont jamais été en mesure de poser clairement les termes du problème. Ce préalable indispensable, qui repose sur la simple question de savoir quel modèle sécuritaire nous voulons pour notre pays, et pour répondre à quels enjeux, n’a ainsi jamais été défini. Une nouvelle chance s’est pourtant offerte, lorsqu’a été posée la question du « continuum » de sécurité. Et le rapport Fauvergue-Thourot propose, à cet égard, quelques pistes intéressantes. Mais il faut aller beaucoup plus loin, et ne pas réduire cette problématique à des questions secondaires du genre, faut-il armer les policiers municipaux, les maires doivent-ils avoir accès au fichier relatif à la radicalisation ou encore, qui pourra ou ne pourra pas avoir accès aux fichiers de police. Ces questions, auxquelles certes il convient d’apporter des réponses, ne sont aucunement stratégiques dès lors qu’il s’agit de savoir comment nous devons nous organiser en France pour lutter contre le terrorisme, le grand banditisme, la délinquance de masse et le développement des réseaux mafieux dans nos quartiers. Et cela est plus urgent que jamais ».