Deux experts du comité central d’entreprise l’affirment appuyés par l’avocat Ralph Blindauer alors que la direction à Saint-Vallier de Konecranes bien que silencieuse, met en garde sur les informations non fondées.
Surréaliste. La conférence de presse organisée par les organisations syndicales de Konecranes en présence de l’avocat Ralph Blindauer a mis tout le monde K.-O. debout. Car outre le fait d’annoncer la fermeture de 14 sites dans le monde et la restructuration de 4 autres dont Saint-Vallier, c’est surtout la façon dont les deux experts du comité central d’entreprise se sont emparés des informations qui valent leur pesant d’or.
Une sorte de roman noir, d’aventure à la James Bond au service de sa Majesté à la recherche de preuves classées top secret, voilà ce qu’on découvert les deux experts envoyés en mission à Helsinki. « Les procès verbaux du board sur la stratégie du groupe étaient secrets et la direction voulait que ça reste secret » révélait Me Blindauer.
Donc, les 5 et 6 juillet derniers, les deux experts comptables ont pu consulter les PV de septembre 2017 à avril 2018. « La direction a même voulu faire signer un accord de confidentialité » ajoutait l’avocat.
Aujourd’hui, le secret a été brisé selon Ralph Blindauer.
Avant d’aller plus loin, sans doute est-il besoin de rappeler qu’en décembre dernier, sur le site de Saint-Vallier, un plan social prévoyait la suppression de 40 emplois avant que la direction ne fasse machine arrière. « Nous avons subodoré que ce n’était qu’une victoire provisoire » indiquait ce mardi après-midi l’avocat à la maison des syndicats à Montceau-les-Mines.
Konecranes a besoin de faire des économies
Se rappeler aussi que Konecranes a racheté Terex et qu’aujourd’hui, des sites de productions font doublons « d’où la nécessité de trouver des synergies, d’où les fermetures de sites » expliquait Blindauer.
Les deux experts ont donc compilé les informations qui laissent entendre que 14 sites, notamment en Allemagne, en Suisse, en Autriche, en Suisse, en Espagne, en Amérique Latine et deux en France (Vernouillet en Normandie et à Chalon-en-Champagne) fermeraient; que 4 autres feraient l’objet de restructuration significative dont Saint-Vallier, deux en Allemagne et un en Amérique Latine.
Parce que le groupe finlandais doit faire des économies, 54 M€ en 2017, 110 M€ d’ici fin 2018 et 140 M€ en 2019.
« Nous devions donc en informer la représentation du personnel, les salariés et les syndicats de Konecranes à Saint-Vallier » déclarait l’avocat spécialisé en droit du travail. Ce qui a été fait ce mardi et a eu pour effet d’une bombe puisque même la direction n’était pas au courant. Une direction qui est restée muette, qui n’a pas voulu réagir ou plutôt nous a fait comprendre que « ce matin (mardi matin) le CCE s’est très bien passé et que les informations n’étaient pas fondées ».
Toujours est-il que Me Blindauer a bien évoqué que le « processus (plan social) allait reprendre à Saint-Vallier, que de 155, le site allait tomber à 110 salariés d’ici 2019 et que cette fois-ci, « ce sont les Finlandais directement qui allaient driver ».
Les syndicats déterminés
Alors question: comment le site de Saint-Vallier qui doit fabriquer 120 stackers en 2018, ces gros engins de manutention, « et nous avons du mal à réaliser ce chiffre, pourrons-nous en faire 150 en 2019 avec moins de personnel » relevait Alexandre Duchêne, délégué syndical central Sud Industrie. « Economiquement, ce n’est pas viable, c’est tuer la société valloirienne en deux temps » prévenait l’avocat.
Le délégué plus déterminé que jamais annonçait clairement: « Il n’y aura pas de fermetures à Chalon-en-Champagne ni à Vernouillet et pas de suppressions d’emplois à Saint-Vallier. Nous irons jusqu’au bout ».
Pour Me Ralph Blindauer, il s’agit maintenant « de se mettre en ordre de bataille, d’organiser la résistance avec nos collègues étrangers et faire des propositions en commun. Nous allons nous battre tous ensemble ». Un avocat qui espère la mobilisation des élus, des commerçants, de la population du Bassin minier.
Après la SIAP (40 emplois perdus), Eolane (environ 80 salariés) suspendue à la fermeture du site en 2020 et aujourd’hui la restructuration de Konecranes à Saint-Vallier annoncée par Ralph Blindauer, le Bassin minier paie au prix fort la casse de son industrie ancrée depuis des décennies.
Qui pourra y mettre un frein ?
Jean Bernard