Noémya Grohan a fait sa première intervention en 2011 dans une école avec Jean-Pierre Bellon. Ce dernier, appelé par le ministère de l’Education nationale pour une mission sur la harcèlement scolaire, n’a pu répondre favorablement à l’invitation de la municipalité de Saint-Vallier dans le cadre des assises de l’éducation et traiter précisément de ce sujet prégnant. Ce mercredi après-midi, à l’ECLA, il a été idéalement remplacé par Noémya Grohan.
Une femme de 29 ans, de Villeneuve-Loubet (06), auteure du livre De la rage dans mon cartable et victime de harcèlement dans son plus jeune âge, notamment au collège. Il y a cinq ans, elle créée son association Genr’action solidaire et, depuis, elle agit dans les écoles et auprès des parents. D’où sa présence à l’ECLA devant une centaine d’enseignants.
Le harcèlement scolaire est un mal sournois. Il ne le voit pas nécessairement, n’a pas d’odeur, pas de couleur, l’auteur le fait aussi parfois inconsciemment, « c’était pour rire » dit-il mais c’est lui le plus fort, le dominant, il en impose. Il intimide peu importe le prétexte. Autour de lui, on regarde, on le regarde, on l’admire par peur de représailles. On n’ose intervenir, ni en parler autour de soi. « C’est le cercle vicieux entre harceleur, victime et public » explique Noémya Grohan.
Elle-même en 6e, dans un collège où elle vient d’arriver, « où je ne connaissais personne », elle est exclue, mise à l’écart. « On m’a donné un surnom, j’ai été agressée, insultée par deux jeunes filles » ajoute-t-elle.
Personne à qui parler, pas même à sa mère, « je me sentais honteuse » précise-t-elle. Devait-elle ignorer ces agissements ou répondre aux provocations ? « J’ai tenté les deux, ça n’a pas marché, je me suis sentie coupable ».
Le harcèlement a duré quatre ans avant de cesser au lycée. Chez elle, elle affichait pourtant un grand sourire alors qu’elle vivait un cauchemar au collège. Personne n’a été capable de déceler le moindre indice de son mal-être, pas même d’essayer de comprendre la chute brutale de ses résultats scolaires. « J’avais 17 de moyenne et je suis passée à moins de 10 ».
Humiliée par ses « camarades », elle l’a été également par les profs, « mais tu n’arriveras jamais à rien, tu n’auras jamais ton bac » lui balançaient certains. La totale. Et même des années après, Noémya Grohan, « je pense être tirée d’affaire » dit-elle aux enseignants qui l’écoutent, ce qui sa cachait au plus profond d’elle-même, est remonté. Un tsunami qui l’a plongée en dépression avec des idées les plus noires à l’esprit. « Je n’arrivais pas à me reconstruire », lâche-t-elle.
Noémya Groham a souffert terriblement pendant et après. Depuis cinq ans, elle en parle ouvertement, s’est confiée à sa mère mais il restera toujours une trace indélébile. Son visage en garde les stigmates. Et elle a échappé au cyber-harcèlement, façon de parler.
Jean Bernard
Les assises de l’éducation à Saint-Vallier se poursuivent :
Jeudi 14 et vendredi 15 novembre à 9h, 10h30 et 14h30 : Poulette Crevette, spectacle théâtral et musical pour enfants traitant sur les différences
Vendredi 15 novembre à 10h et 14h15 : Vae Victiss, pièce de théâtre pour sensibiliser les jeunes des dangers du harcèlement en milieu scolaire