L’association Coumba Ka de Saint-Vallier fête ses 20 ans d’existence et organise pour l’occasion une soirée festive à la salle Raymond Devos à partir de 19h avec concert, exposition artisanale et petite restauration. En noir et en couleurs !
En avril 2018, nous avions rencontré Christian Toupane « Tonton Kiki », le directeur de l’école Saint-Vallier à Malika à laquelle l’association Coumba Ka apporte son aide.
L’association Coumba Ka de Saint-Vallier apporte son aide au Sénégal
Dis Tonton Kiki, c’est quoi ton école ?
De son vrai nom Christian Toupane, « mais les enfants m’appellent Tonton Kiki » dit-il avec un grand sourire, ce Sénégalais dirige non loin de Dakar, à Malika très précisément, une école privée dont les excellents résultats attestent de la qualité de l’enseignement et ce, grâce notamment à l’aide des Valloiriens Amatte Ka et son épouse Florence et leur association Coumba Ka. Et aussi au Génestival.
Il fait presque aussi chaud qu’au Sénégal en cette soirée de juillet à Saint-Vallier, le décor en moins. Côte à côte, Christian Toupane et Amatte Ka, sont comme deux frères et les retrouvailles sont chaleureuses. Amatte Ka est né au Sénégal et vit aujourd’hui à Saint-Vallier, Christain Toupane dit Tonton Kiki a délaissé, pour un temps, son école à Malika à 25 km de Dakar.
De la Guinée Bissau en passant par Dakar puis Malika
Rien ne semblait, a priori, les réunir. Tonton Kiki est né en Casamance, une région rebelle du Sénégal qu’il quittera pour finir ses études en Guinée Bissau (au sud du Sénégal). « Je voulais devenir diplomate, précise-t-il avec sérieux. Après, j’ai été tenté par l’armée mais ma tante n’a pas voulu et quand les aînés parlent chez nous, il est sage de les écouter ». Bon en dessin, l’architecture le tente également avant de trouver sa voie dans l’éducation. « J’ai finalement passé le concours de l’école normale supérieure en Guinée Bissau et le diplôme en poche, je me suis installé à Dakar ». Il ne le sait pas encore mais sa destinée le guette non loin de là, à Malika où son cousin, Sanka s’occupe d’une école. Victime d’un AVC en 1998, Tonton Kiki vient à son chevet et finit par prendre en main l’école, appelée école Sanka.
A Malika, Amatte Ka subvient à ses besoins bon gré mal gré. D’abord berger _ il n’est jamais allé à l’école _ son envie d’apprendre est intact. « J’ai alors appris la menuiserie qui me permettra de travailler dans un centre de vacances puis, comme je parlais français, je suis devenu guide touristique » rappelle-t-il. Et pour son fils Issa, il veut le meilleur enseignement et forcément, l’école Sanka s’impose à ses yeux. Et voilà comment un beau jour de 2001, Amatte Ka et Tonton Kiki sont appelés à se rencontrer. Le fruit du hasard, qui sait ? « J’ai fait une belle rencontre avec Amatte et Florence » tient à souligner Tonton Kiki.
Une association au nom de sa fille, Coumba Ka
A l’arrivée de Christian Toupane, l’école Sanka compte 76 élèves. Il y met toute son ardeur et sa témérité pour d’une part la faire grandir et lui donner ses lettres de noblesse, les classes comptent entre 30 et 40 élèves contre 100 à 120 dans le publique et les résultats suivent. « Mais si, tu peux le dire » s’exclame Amatte Ka devant un Tonton Kiki visiblement trop modeste devant une telle allégorie.
Cette belle rencontre ne reste pas sans lendemains. Frappé par le décès de sa fille de huit mois, Amatte Ka, follement épris de Florence, arrive en France à Montceau-les-Mines et crée en 2003 l’association Coumba Ka, du nom de sa fille. « Le but était de parrainer des enfants, qu’ils puissent suivre une scolarité à l’école Sanka » explique le Valloirien. « Aujourd’hui, intervient Florence, nous avons cinquante parrains et marraines pour soixante-sept enfants. Ils donnent 180€ pour un an de scolarité. Cette année, sur sept élèves de terminale, six ont eu le bac, sachant qu’en moyenne, le pourcentage de réussite est entre 30 à 40% au Sénégal ». Aujourd’hui, c’est-à-dire dans la nouvelle école de Tonton Kiki qui a vu le jour en 2008 et qui a pour appellation : Cours Saint-Vallier, route de la plage, Malika. Une vision commune entre Amatte et Tonton Kiki.
832 élèves au Cours Saint-Vallier à Malika
A Malika, village de 40 000 âmes, on dénombre pas moins de 52 écoles mais seulement 6 sont publiques. Aujourd’hui encore, Cours Saint-Vallier accueille 832 enfants et compte 73 enseignants et encadrants. C’est dire la réputation de l’établissement !
De sa visite en France, Tonton Kiki compte bien la faire fructifier. La semaine dernière, il a rencontré la directrice de l’Ecole supérieure du professorat et de l’éducation à Dijon dans l’espoir d’accueillir à Malika des stagiaires français, sous le couvert de l’association Coumba Ka. Lucile Pinese, désormais professeur des écoles à Lyon, originaire de Saint-Vallier, a eu l’opportunité de valider son master lors d’un stage de quatre semaines au Cours Saint-Vallier. « Ce stage m’a apporté une grande ouverture d’esprit dans un pays avec une autre culture, une autre histoire. J’y ai fait de très belles rencontres humaines et on ne revient pas insensible à l’hospitalité sénégalaise ». Avec ses élèves de CE1 et CE2, elle est désormais en contact avec des classes du Cours Saint-Vallier.
La maxime de Tonton Kiki
Tonton Kiki en a profité aussi pour aller saluer les organisateurs du Génestival dont une partie de la recette est versée à Coumba Ka. Quand la musique, le reggae en l’occurrence, s’associe à une noble cause, elle ne fait pas qu’adoucir les mœurs. Car de l’argent, tant le Cours Saint-Vallier que l’association Coumba ka en ont toujours besoin, notamment « pour acheter un terrain et y bâtir notre école » explique Tonton Kiki. Il est confiant, c’est dans sa nature. Son âme aussi est belle, lui qui ne supporte pas de voir un enfant errer dans la rue et, parfois, l’accueille dans son établissement. Car pour lui, un enfant qui a des résultats, c’est simplement « un enfant qui répond à une question ». La maxime de Tonton Kiki. Et au Sénégal, le Cours Saint-Vallier n’a pas d’équivalent comme son slogan l’indique : EX IN EX, expérience, innovation, excellence. Alors, des manuels scolaires, c’est bien mais des hommes avec une ouverture d’esprit qui œuvrent pour la promotion sociale et la fierté, c’est encore mieux.