La sieste, il ne connaît pas. En revanche à la bergerie, les agneaux, eux, se la coulent douce bien au chaud sur la paille. Les mamans en profitent aussi pour récupérer car le mois de janvier, elles n’ont pas chômé. « Cent vingt agneaux sont nés depuis le 11 janvier » précise Sébastien Abiuso qui, en ce moment, carbure au café.
Ses animaux, ils les cajole, jour et nuit. Même si la bergerie est équipé d’une caméra, « j’ai besoin d’être près d’eux ». Il passe à 22h30 puis revient vers 1h30 et encore à 5h et plus si besoin.
Sébastien vit de sa passion. Il s’était dit qu’un jour, « si je perds mon boulot dans les travaux publics, alors je pourrais me consacrer entièrement à l’élevage ovin ». Parce que des moutons, il en a toujours eu, déjà quand il demeurait au Rousset-Marizy. Mais allier travail et son béguin pour les moutons surtout avec des terres éparpillées sur Mont-Saint-Vincent et Mary, compliquaient la tâche.
Alors signe du destin ou pas, Sébastien Abiuso est licencié. C’est le moment de se lancer, de passer une spécialisation dans l’élevage de mouton et de chercher une exploitation agricole. Par l’intermédiaire de la Safer (Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural), Sébastien et sa femme, infirmière libérale, tombent à Saint-Romain-sous-Gourdon et sur l’ancienne ferme de Joël Renaud parti à la retraite.
Bâtiments agricoles, foncier, maison d’habitation appartiennent à plusieurs propriétaires, la Safer en fait son affaire et vend le tout. « Nous étions deux sur le coup, j’ai été auditionné, j’ai expliqué mon projet et depuis maintenant quatre mois, je suis propriétaire même si avant j’exploitais au Prat avec l’autorisation de la Safer ».
Au Prat, Sébastien Abiuso a trouvé
de bonnes conditions de travail
« Quand nous sommes venus avec mon épouse et nos deux enfants, ce fut un coup de coeur. Vous avez une vue magnifique et je dispose de 60 hectares d’un seul tenant » explique l’éleveur. Il a doublé sa surface.
Aujourd’hui, ce sont 150 moutons, 80% de pure race charolaise et 20% de romanes croisées avec du charolais, qui partagent sa vie, « l’objectif est d’arrivé à 200 et, par la suite, intégrer quelques bovins » précise-t-il. « Je travaille dans de bonnes conditions ». Et de voir ses animaux aussi paisibles, le bonheur est partagé. « A l’heure du repas, c’est plus agité » rigole-t-il.
Les agneaux vont rester entre 90 et 100 jours sous la mère avant de partir au pré. Au printemps donc. A partir du 15 mars, au tour des agnelles de mettre bas. Elles feront leurs premiers agneaux.
Les agneaux du Prat, du nom de l’impasse à Saint-Romain-sous-Gourdon, gambadent des les prés. Le goût de la viande n’a aucune comparaison. Le consommateur ne s’y trompe pas. Sébastien Abiuso commercialise autant que possible en circuit court, directement aux particuliers. Au dernier marché des producteurs à Saint-Romain-sous-Gourdon, il a été dévalisé. L’abattage a lieu à Paray-le-Monial et la découpe chez Beaudot à Saint-Vallier. « Sans quoi je vends aussi par l’intermédiaire de la coopérative Feder ».
Pour l’heure, la bergerie baigne encore dans un silence apaisant. Des agneaux commencent néanmoins à ouvrir un oeil. La sieste se termine. Pour Sébastien Abiuso, un autre café ne fera pas de mal. La journée est loin d’être terminée.
Jean Bernard
Un vrai passionné. Bravo à lui.