Il a les cheveux longs et va devoir les couper à cause d’un pari loin d’être stupide. Jean Blancheteau, avant de partir au trail du Montcalm en Ariège le week-end dernier, a parié avec sa maman. « Si je gagne, je me coupe les cheveux ». Et il a gagné !
Hier encore (lundi), le ciseau n’avait pas encore fait son oeuvre. « Le trail n’est pas un sport de hippie » s’empresse-t-il de préciser. Il dénote peut-être au milieu des autres coureurs avec sa longue chevelure mais quand il passe à l’action, ses adversaires aimeraient bien s’accrocher à sa tignasse pour le suivre. En vain.
Jean Blancheteau trace sa route. Il court, il court pendant des heures. Vendredi 19 août 2022, ils partirent 200 et 89 arrivèrent à destination après 109 km, 11500 m de dénivelé. « C’est magnifique de courir à 2h du matin à 3000 mètres d’altitude ou d’assister au couché du soleil. C’est superbe, on ne fait pas ça tous les jours » dit-il alors qu’il a regagné la maison de ses parents à Gourdon, le centre équestre de Monthury.
Il a besoin de récupérer suite à son très long effort pendant 26h13.26. « Ici, je suis au calme, je suis fatigué ». Une chose est sûre, il ne fera pas d’autres ultra trails cette année. Il n’a pas de rêve insensé non plus, si ce n’est, à l’avenir faire des courses encore plus longues du style la Diagonale des Fous à la Réunion. « Mais je prends pas l’avion par conviction » dit-il.
L’avion, il l’a pris plus jeune quand il faisait de la marche au niveau international. Il a été dix fois sélectionné en équipe de France. « J’aimais beaucoup ça, surtout le 20 km (son record en 1h22.59) ». Mais au bout d’un moment, le haut niveau et sa mentalité, le fait de prendre l’avion, « pas très écologique » avance-t-il, ne suffisaient plus à son bonheur et « j’avais un peu fait le tour ».
Lui a besoin de liberté. Même si un temps il a été licencié au club montcellien Athlé Bourgogne Sud, aujourd’hui il navigue seul, sans club, sans partenaires. « Dans le trail, il y a moins l’esprit compétition car la discipline reste avant tout un plaisir où il n’y a rien à gagner » avance-t-il. « J’ai un travail pour vivre ».
A mi-course il est 30e et gagne avec une heure
d’avance sur le deuxième
Jean Blancheteau est ingénieur agronome à la Chambre d’agriculture de Mâcon. Il est conseillé en environnement et des sols. Un job qui lui colle parfaitement à la peau. Il travaille en plein air.
La nature et l’effort sur des épreuves longues lui vont comme un gant. Courir dans les bois, en montagne, le rend heureux et en plus il gagne. Depuis 2017, sur une cinquantaine d’épreuves disputées, il en a gagné une dizaine. « Je ne sais pas vraiment, je n’y prête pas attention ». Néanmoins, le trail du Montcalm lui tenait à coeur. La première année, il a été stoppé à cause de l’orage, les deux suivantes annulées à cause du covid. 2022 a été la bonne pour Jean Blancheteau. Un parcours fait pour lui. « J’aime les courses en montagne avec de la technicité, des pentes très raides. C’est une course qui me plaît beaucoup ».
Pour l’anecdote, il a remporté les Foulées de Blanzy le 8 mai dernier. Il a avalé les 12 km en moins temps qu’il ne faut pour manger une pomme. « C’était sympa, le parcours passait juste devant la maison de mes parents ».
D’aucuns diront pourtant qu’il est barjot à courir pendant 3 à 4 heures sans voir personne. « C’est une aventure » admet-il. « J’ai gagné mais je suis surtout heureux d’avoir terminé. C’était ma course de l’année ».
Cette capacité à performer des heures et des heures, il la doit à son tempérament et son entraînement. Il part courir pendant 10 heures. Il aime justement gérer ses courses. Sur la Picapica (trail du Montcalm), Jean Blancheteau a mesuré son effort. « A mi-course, j’étais 30e et je termine avec une heure d’avance sur le deuxième. Il est important de savoir se préserver ».
Aussi doit-il s’améliorer dans l’alimentation. « J’ai des progrès à faire. Je cours à l’eau et du sel pour bien m’hydrater ». Rien d’extraordinaire, en effet. Naturellement, il est sain. Il ne fume pas, ne boit pas d’alcool et je suis végétarien depuis 18 ans, sans rapport avec le sport. Je bois du lait et je mange des oeufs ».
Jean Blancheteau est tout de même un athlète de très haut niveau, un épicurien du trail, de la vie aussi. Il ne cherche pas à « flamber ». Il a un métier qui lui plaît, « se balade » comme il dit dans des paysages incroyables et fait des rencontres. A 26 ans, il a encore de belles années pour briller sur les plus beaux trails. Avec ou sans cheveux longs. Prendre également le temps de lire. Son autre passion. « Je dévore tout ». Même les kilomètres.
Jean Bernard
Bravo
Bravo Jean!
Magnifiques exploits, dépassement de soi sans attendre de retour, simplement le plaisir de vivre sa passion.
Belle personne qui nous réconcilie avec notre monde de fou….
Super jeune ! Bravo.