Il y a plus de cinquante ans, à Pouilloux, le football sonnait creux. Pas de terrain, pas de club. Alors l’esprit de clocher, les jeunes du village sont allés le chercher sur d’autres fronts, la course de bourriques qui a rassemblé jusqu’à 3000 personnes ou encore les jeux intervillages. « On était vraiment forts, on gagnait tout » se souvient Michel Desserprix. « A part ça, à Pouilloux il n’y avait pas grand-chose à faire » confesse-t-il.
Déjà à l’école, le jeune Michel et sa bande de copains rêvaient d’un club de football à Pouilloux. Alors à 20 ans, à l’âge où on ne recule devant rien, Michel Desserprix et ses ami Burtin et Bolto, s’en allèrent trouver le maire, Monsieur Saunier. Nous sommes en 1970 et le club fut créé officiellement en 1971. Ainsi est né le club L’Etoile Sportive de Pouilloux.
Etoile sportive pour « éviter les appellations comme association sportive ou club de… » explique Michel Desserprix. « On voulait se démarquer des clubs voisins ». Quant au vert du maillot, « c’est la couleur de l’herbe, tout simplement ».
Le terrain est tracé dans un champ _ il est toujours au même endroit aujourd’hui _ et « quand nous avons commencé de jouer, il y a avait encore des bouses de vache ». Des bouses mais pas de vestiaire. « On allait se changer dans le garage de Philippe Michon, juste à côté. Un type formidable, il faisait tout, il traçait le terrain, nous soutenait, payait à boire ». Le bon vieux temps.
En ce temps-là, ils sont quinze dans l’équipe, pas d’entraîneur et déjà une réputation. « Dans les alentours, on nous appelait les paysans » rappelle Michel Desserprix. Des paysans qui eurent très vite du succès auprès des Polliaciens. « Mon père qui ne s’intéressait pas au foot, adorait venir pour croiser des gens ». Très vite, le football est devenu la sortie du dimanche et la buvette un lieu de rencontre.
« J’ai l’esprit de clocher »
Michel Desserprix jouait devant, au milieu aussi. Il galopait. Il n’oubliera jamais le premier match de l’ESP en 4e division. « On démarrait au bas de l’échelle et on est allé à Saint-Vallier. Premier match, première victoire 3 buts à 1 ». Et qui a marqué ? Le trio Burtin, Bolto, Desserprix.
Cinquante ans après, Michel Desserprix s’apprête à quitter ses fonctions de secrétaire. Lui aussi a tout fait dans ce club, joueur, président et secrétaire. Ses deux fils ont porté également les couleurs de l’ESP, c’est au tour de Jules, son petit-fils. Trois générations sur le pré vert.
Cinquante ans de fidélité aux Vert et Blanc et une épouse qui, même si elle n’est pas une mordue du ballon rond, a toujours accepté la passion de son mari. « Ce sont des sacrifices » lâche Marie-Ange. « Quand il était président, il fallait laver les maillots des joueurs ». Aujourd’hui, elle se rend au stade mais pour admirer son petit-fils, Jules.
A 71 ans depuis janvier, Michel Desserprix va tourner la page d’ici la fin de la saison qui officiellement est déjà terminée. Il pensait avant tout organiser les 50 ans du club en juillet mais la covid s’est invitée la première. L’anniversaire attendra.
Forcément avec tant d’années au club, « j’ai l’esprit de clocher » insiste-t-il, il a vu l’évolution du football et l’état d’esprit des joueurs. Il y a cinquante ans en arrière, « tout le monde était motivé, aujourd’hui pour un oui pour un non, je ne joue pas, j’ai mal au ventre et pour un rien, il est prêt à quitter le club » regrette-t-il.
Né à Pouilloux, Michel Desserprix, fils de paysan, paysan lui-même, a beaucoup donné à l’ESP.
Aujourd’hui, il a déjà mis le clignotant pour se mettre au vert. On ne le changera. Vert il restera.
Jean Bernard
Bravo à vous.
Bravo à toi Michel.
Merci !