Jacques Demy a immortalisé Les Parapluies de Cherbourg avec ses paroles de la chanson Les Jumelles _ Nous sommes deux soeurs jumelles… _, dans un autre registre, la Fédération française de natation artistique pourrait glorifier les jumelles Anastasia et Daria Bayamdina aux prochains Jeux Olympiques à Paris en 2024 avec une médaille autour du cou. De nouvelles paroles à écrire.
Avec Anastasia et Daria, la France tient un duo en natation artistique qui atteint les sommets mondiaux de la discipline. « Désormais, nos adversaires ne vont pas rire » prévient Julie Fabre, directrice des équipes de France de natation artistique au bord du bassin du centre nautique de Montceau-les-Mines où elle vient de passer le week-end à l’occasion des championnats de France juniors qui se sont ponctués par un rassemblement national.
Les deux soeurs jumelles sont l’arme fatale de la France. Dans leur vie d’avant en Russie, elles ont été doubles championnes du Monde en 2017 et doubles championnes d’Europe en 2018 (duo et par équipes). La Russie, c’est le top du top, le pays qui rafle tout. Alors quand Anastasia et Daria ont frappé à la porte de la Fédération française en 2019, le tapis rouge se déroule sous leurs pieds.
Agées de 25 ans, elles sont nées à Krasnoyarsk en Sibérie où elles pratiquent la danse, la gymnastique rythmique et la natation. « A huit ans, nous avons choisi la natation » précise Anastasia. A 12 ans, elles sont déjà au-dessus du lot et rejoignent Moscou où se trouvent les meilleurs clubs. Elles y resteront dix ans avant de nager jusqu’à la France.
Montceau va candidater pour être
centre d’entraînement de natation artistique pour les JO
La raison de leur départ est simple, en Russie, la concurrence est très rude. Les championnes olympiques sont prioritaires, alors gagner leur sélection pour Paris en duo tombait à l’eau. « En Russie on dit, championne un jour, championne toujours » témoigne Daria dans un très bon français. Les deux soeurs ont été naturalisées françaises en juillet 2020. « Elles ont aussi la naturalisation sportive » signale Julie Fabre. Important.
Elles font donc partie du gotha de la natation artistique, une discipline dans laquelle il faut sans cesse se renouveler et maintenir son degré de performance au milieu d’une hiérarchie déjà établie. A ce niveau de perfection, la différence se joue en surprenant les juges. Ce week-end à Montceau, Anastasia et Daria ont profité de la présence de juges internationaux pour tester leur chorégraphie. Mais pas question de tout dévoiler devant la presse. « Selon les remarques des juges, nous modifions le programme » indique seulement la directrice des équipes de France.
Les nageuses franco-russes préparent déjà Paris 2024. Mais avant de penser au podium olympique, se profilent en 2022 les Mondiaux au Japon en mai et les Europe en août à Rome.
La délégation de l’équipe de France, tellement enthousiaste et ravie de l’accueil montcellien et la qualité des installations, « c’est une très belle piscine » admet Daria ou peut-être Anastasia, a demandé à Marie-Claude Jarrot de candidater pour devenir centre d’entraînement aux JO 2024. « Nous allons candidater » précise madame le maire.
Montceau labellisée Terre de Jeux pourrait faire coup double avec la gymnastique et donc la natation artistique. Revoir Anastasia et Daria et l’équipe de France dans le bassin du centre nautique n’est pas une utopie encore moins un rêve. De rêve, les deux jumelles ont fait le même la même nuit, elles remportaient une médaille.
Jean Bernard
