La chronique reçue de Charles Landre, conseiller de l’opposition municipal au Creusot n’était pas estampillée « campagne municipales 2020 » mais elle y ressemble tellement, elle en a incroyablement le goût. A la lecture, cela ne fait aucun doute.
J.B.
Pourquoi nous devons transformer Le Creusot !
Comme tant d’autres, mes grands parents s’installèrent au Creusot dans les années cinquante pour y travailler et fonder une famille. Le Creusot représentait alors un espace dynamique, structuré par l’esprit d’innovation et l’espoir d’une vie meilleure. Innover et accueillir : c’est ce qui fait depuis toujours l’ADN de notre ville.
Toutes les données objectives montrent pourtant que nous passons à côté des défis de notre époque et d’une partie de notre avenir.
Alors que la ville a été extraordinairement dotée (gare TGV, Scène Culturelle Nationale, Hôpital performant, proximité de l’autoroute…), le nombre d’habitants a baissé de près de 40% en 40 ans (-500 habitants sur les 3 dernières années) et sera à ce rythme, inférieur à 20 000 habitants en 2029; l’année dernière 340 personnes domiciliées au Creusot sont décédées pour seulement 198 naissances; les plus jeunes quittent la ville et la population vieillit très vite, 37,5 % de plus de 60 ans, contre seulement 33,1 % en 2011. Autant de marqueurs d’une baisse d’attractivité continue mais que nous pouvons inverser.
Alors pensons à nouveau Le Creusot en grand !
Pensons en grand économiquement, en proposant un vrai mécanisme de soutien à la création d’activités, en promouvant les savoirs-faire Creusotins pour densifier notre réseau de TPE, en organisant la formation à l’échelle communautaire et en nous tournant enfin vers la vitalité économique de la métropole lyonnaise.
Pensons en grand l’accueil, en plaçant la culture au cœur de la vie de la cité, en menant une politique événementielle cohérente et ambitieuse à destination des Creusotins mais aussi d’un public extérieur et en sachant localiser les événements dans des lieux qui redynamisent la ville au quotidien.
Pensons en grand géographiquement en imaginant l’avenir avec les communes de notre agglomération et évidemment Montceau-les-Mines. Bâtissons enfin cet indispensable développement régional, en rompant avec les oppositions entre les deux villes qui nous coûtèrent tant (et notamment un hôpital communautaire) et qui sont aujourd’hui les marqueurs de réflexes politiques d’arrière garde.
Pensons en grand parce que la population baisse et s’appauvrit. Le nombre de ménages fiscaux imposés est de 42 % (contre 52 % au niveau national) ; le taux de chômage INSEE atteint 19 % en hausse de 2 points (moyenne nationale :14%) et le taux de chômage des 15-24 ans atteint 34,1% ! Enfin, le taux de pauvreté (18%) est bien supérieur à la moyenne nationale (13,9%). N’acceptons plus qu’un Creusotin sur 5 soit en situation de pauvreté. A nous de faire du Creusot la ville des politiques sociales innovantes qui fonctionnent et permettent à chacun de s’en sortir.
Réformons notre politique d’habitat. Alors que l’emprise du parc OPAC sur la ville et la politique de construction de logements neufs suit la courbe inverse de la baisse de la population, les choix d’aménagement ont éclaté le tissu urbain et par conséquent, la valeur des habitations s’est effondrée. Sur cette seule année, le prix des appartements anciens a chuté de 11% et la part de logements vacants atteint au Creusot 12,1% du parc (au niveau de la 10ème commune Française – contre 8% au niveau national) ! Les choix d’extension-destruction-reconstruction systématiques du parc immobilier ne sont ni viables économiquement ni tenables environnementalement.
Osons remettre à plat les impôts locaux qui sont calculés sur des valeurs immobilières (leurs bases) datant des années 70 et qui sont bien trop élevés ! Les Creusotins payent chaque année un impôt sur un bien qui n’a plus du tout la valeur estimée, et la municipalité a volontairement ignoré cette évolution en ne diminuant pas ses taux. C’est injuste fiscalement, cela pèse lourdement sur chaque ménage et freine l’installation. Nous avons les moyens de ce changement. Entre 2006 et 2019, le montant total des dotations octroyées par l’Etat à la commune est demeuré globalement stable. La ville dispose donc de ressources par habitants plus importantes encore qu’il y a 10 ans.
Ces transformations doivent mener au rebond de notre ville et à la réussite collective. Mais c’est avant tout une question de culture. L’époque a changé et, tout en respectant notre histoire, il est temps d’engager la transformation de la ville, l’ouvrir aux autres, diversifier le tissu économique local et encourager vraiment ceux qui créent. En un mot, retrouver un projet de ville qui ait du sens. Le Creusot le mérite.
Charles Landre