Ce type vaut le détour avec son tour de chant. Loin des vautours du top 50 de la variété française où le fric respire bien davantage que l’honnêteté musicale, Nicolas Moro fait figure de dernier des mohicans.
Par chance, il a fait une halte à l’Usine Aillot à Montceau-les-Mines pour un concert en plein air devant un public qui sans en connaître beaucoup sur lui, a découvert un artiste qui n’obéit à aucun maître-chanteur. « Je vais chanter pendant une heure des chansons que vous ne connaissez pas » lance-t-il. Nicolas Moro est libre comme l’air, il se tient à l’écart de l’industrie musicale et chante ce qu’il veut, comme il veut, où il veut. Lui et sa guitare.
D’entrée, il donne le ton de la soirée, histoire de bien communiquer avec la galerie, qu’on ne se méprenne pas sur ses intentions. « Qu’est-ce qu’on est bien quand on est con ». Tout le monde acquiesce avec le sourire. C’est dans la poche.
Nicolas Moro sublime le mot et le verbe avec un parler qui ressemble à celui de Jean-Pierre Daroussin. C’est toujours censé car il a dépassé l’âge de dire de bêtises. « Ici, j’ai découvert le camion du film 1000 Dollars au Soleil avec Lino Ventura. Le cinéma, ça intéresse les jeunes donc il y aura des jeunes au concert. Mais alors, qu’est-ce que je vais chanter aux jeunes ? »
Ces jeunes qui ont connu l’île aux enfants avec Casimir, « c’était plutôt quasi… mort » plaisante-t-il avec sérieux.
D’une chanson, Nicolas Moro en fait toujours bon usage. Tout est dit avec conviction et sans contradiction ni modération. « Malgré son âge, il reste un vieux beau qui triche sur le kilométrage ». Il chante aussi à l’économie des chansons molles avec trois accords, trois couplets, sans refrain et sans se presser. « On reste si peu de temps sur terre alors je ralentis le pas ». C’est aussi vrai que, « quand on est mou, la vie est dure ».
Ce qui est authentique, c’est que cette soirée à l’Usine Aillot au bon air chaud caniculaire, a été enchanteur. Le public se souviendra du passage de Nicolas Moro. Ne dit-il pas que « chez les chanteurs, le plus important, c’est la postérité. Vous êtes reconnu une fois mort. Alors je vais chanter une chanson à titre posthume de mon vivant ». On était là.
Jean Bernard