Bernard Dubourg, c’est une figure qui n’est pas « christ » à écouter au milieu de son église au Magny à Montceau-les-Mines. La maison du Seigneur est devenue la sienne en 2007. Un appartement en haut pour être plus proche des cieux, un atelier en bas pour se prendre au sérieux. Aujourd’hui, il en a marre, non pas que Dieu habite chez lui mais de ce marasme économique que les artisans comme lui ont du mal à surmonter avec cette crise du covid. Fermer, ouvrir, fermer, bosser pour des prunes avec à la fin du mois, zéro de chiffre d’affaires, à 67 ans, Bernard Dubourg rend son âme.
L’homme à la queue de cheval grisonnante tire sa révérence. « J’arrête le 31 mai à minuit » dit-il l’esprit « sain » soulagé.
Souffleur de verre dès son plus jeune âge, « j’ai commencé j’avais seize ans et demi », il a laissé la canne du souffleur en 2014 pour se consacrer à la perle en verre. Un second souffle dans sa carrière. Même s’il n’est pas prêt de le rendre, la voix de la sagesse l’a incité à prendre cette décision après 54 ans de vie d’artiste. « Je n’éprouve plus de plaisir. Il est là quand tu vends, quand les gens s’intéressent à toi. Aujourd’hui, je suis dégouté du commerce artisanal, t’es pas essentiel » lâche-t-il, écoeuré.
Heureusement, avec la retraite de sa femme, sans avoir des goûts de luxe, il vit. « Mais tout seul, comment aurait-il fait ? » interroge madame.
Sa nouvelle occupation, procrastiner
C’est donc la fin de l’aventure, les portes de l’église Magny vont se refermer. Mais avant, « je vais tout bazarder. Je vais profiter de la réouverture le 19 mai pour vendre tout mon stock de bijoux, les lampes, d’anciennes pièces soufflées, tout doit disparaître à des prix défiants toute concurrence » dit-il. « Si quelqu’un veut tout prendre, je lui cède tout. De toute manière, je ne vais pas l’emmener au paradis ou faire des confitures ».
Son matériel aussi passe à la casserole. « J’ai déjà vendu mes fours, trois électriques et deux à gaz ». La perle de verre, il ne veut plus en entendre parler. Bernard Dubourg aspire à une autre vie, paisible, sans tracas, sans obligation, sans rien.
Un artiste ne meurt jamais. Alors il va appliquer une toute autre philosophie, celle de ne rien faire. « Et encore rien le lendemain si je n’ai pas fini de ne rien faire. Je vais procrastiner » plaide-t-il. « J’étais déjà devenu fainéant, je vais travailler là-dessus ». Un peu de pêche, des parties de pétanque et de tarot avec les amis et ce sera déjà beaucoup.
A 67 ans et une église pour demeure, Bernard Dubourg ne croit plus en la cour des miracles. Il y a quatre ans en arrière, il nous confessait : « Tous les jours je lui parle (à Dieu). Je lui dis notamment qu’en ce moment, avec tout ce qu’il laisse faire comme horreur, il ne reste pas beaucoup de travail au Diable ». Paroles selon Bernard Dubourg.
La messe est dite.
Jean Bernard
Réouverture au public de son atelier à partir du 19 mai 2021 au 70 rue de Lucy au Magny à Montceau-les-Mines. Vente tous les jours de 14h à 18h et sur rendez-vous de 11h à 12h (06 30 22 84 30).
bonjour, encore un « article » touchant, touchant pour les lecteurs, très touchant pour ma Femme et moi, nous nous sommes mariés en juillet 1971 dans cette église, où l’ Abbé BERJOT nous a confessé en marchant devant l’église, la vie était belle, c’était il y a 50 ans. Nous avons été « chagriné » quand nous avons appris la vente, puis rassuré quand nous sommes venus voir travaillé l' »Artiste » car c’est un Artiste, notre église était là, préservée, merci à lui qui représente l’Intelligence de la main celle que l’on perd petit à petit ou plutôt que l’on tue, les Artisans savent de quoi nous parlons. Monsieur DUBOURG sans doute par pudeur ne vous donnera pas la hauteur de sa retraite, l’Histoire dit qu’un jour Dieu lui demanda pourquoi il pleurait, l’Artiste lui passa sa feuille de « paye » de retraité et Dieu pleura avec lui!
Nous serons là, le 19, pour un « souvenir » d’Artiste.
Bonne procrastination Monsieur DUBOURG et longue vie.
GZOV
merci de votre gentillesse a mon égard a bientôt de vous voir
ahhhhh sacré Nanard ! ça y est ce coup là tu arretes ! (je suis le pote de Pierre Nicolle que tu as formé il y a plus de 20 ans maintenant ! bonne retraite à toi et bonne pétanque !
bonjour Bernard, rien à rajouter, j’étais tourneur sur bois et j’ai également tout arrêté, le monde n’en a plus rien à faire de l’artisanat, on est tous un peu responsable de sa disparition, je te souhaite une bonne retraite mon ami