Mémoire – Quand la ligne de démarcation passait à Saint-Vallier, la Croix Racot se souvient

 

Saint-Vallier, la Croix Racot. Ici se trouvait la barrière, celle de la séparation d’une France coupée en deux, cette ligne de démarcation avec d’un côté les Allemands et de l’autre, le régime de Pétain.

Cette ligne de démarcation, Jeannine Durand quand elle avait de 7 à 9 ans, l’a franchie à de nombreuses reprises. A cette période de la guerre, son oncle et sa tante tenaient l’auberge, aujourd’hui le River Boat. Aussi, pour franchir cette ligne de démarcation, fallait-il un laissez-passer. Jeannine, toute gamine, argumentait avec les Allemands, « je disais que j’allais chercher du lait ». Elle ajoute, « je devais choisir le jour où les Allemands étaient plus sympathiques ».

S’ils avaient su ! Car dans ses chaussettes, Jeannine Durand passait du courrier clandestinement. C’était la vie quotidienne avec l’occupant. Lutter contre l’ennemi quitte à prendre des risques.

Sur le pupitre qui retrace cette période, inauguré samedi matin à la Croix Racot, des photos témoignent de cette époque avec l’occupant. On y voit  Gisèle Bouttet dont les grands-parents faisaient tourner le café-épicerie à la Garenne, toujours à Saint-Vallier. Jamais elle n’oubliera le visage des Allemands.

Cette ligne de démarcation a existé et ne doit pas rester que dans les livres d’histoire. Elle est une trace du passé héroïque. C’est pourquoi, Sébastien Joly, professeur d’histoire a impulsé l’idée de ces pupitres et totems de la ligne de démarcation sous l’égide des Combattants Volontaires de la Résistance du Département. « Ici, nous inaugurons le 6e site, un lieu où les passeurs ont pris d’énormes risques », dit-il. D’ailleurs sur la commune de Saint-Vallier, existaient trois passages, la Croix Racot, la Garenne et les Morands.

Cette initiative de mémoire née en 2020 va se poursuivre. Saint-Vallier est une étape, d’autres suivront car « c’est un moment fort notamment en direction de la jeunesse pour expliquer encore et encore ce que nos parents ont vécu sur cette ligne de démarcation » déclare Alain Ballot, conseiller départemental.

Ce pupitre et ce totem qui matérialisent la ligne de démarcation, ont été implantés grâce « à l’autorisation des propriétaires du River Boat, monsieur et madame Michelin » souligne le maire de Saint-Vallier. Cela valait bien la participation des élèves des écoles du Bois Francs et Marie Curie de Saint-Vallier qui récitèrent le poème « Liberté » de Paul Eluard.

Désormais, à La Croix Racot,  le courage et la témérité de ces femmes et ces hommes face à l’ennemi, jamais personne ne pourra oublier.

Jean Bernard

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