Les Folles Escales au Creusot – Trente ans de métissage joyeux avec l’Orchestre National de Barbès

Dans le 18e arrondissement de Paris, ou sur l’Esplanade Duchêne au Creusot _ lieu du festival Les Folles Escales _ on croise Kamel et Touafik sans se douter un instant qu’il y a trente ans, ils étaient à l’origine de la création de l’Orchestre National de Barbès.
Quel drôle de nom, direz-vous !

« Nous ne voulions pas nous prendre au sérieux, mais adopter le nom Orchestre National de Barbès, c’était une manière d’être sérieux… sans l’être », racontent les deux compères quelques heures avant de monter sur la scène, sous le chapiteau planté sur l’Esplanade Duchêne, ce samedi soir.

Trente ans que ça dure, et pourtant, « nous n’avions absolument rien calculé », se souvient Kamel, l’homme aux percussions et au chant. « À notre époque, on nous voyait comme un OVNI », dit-il encore, amusé. Un orchestre volant non identifié.
« Au début, on faisait un concert tous les huit ans… Et puis un jour, on fait le festival off à Angoulême. On revient pour le in, et on passe à 150 concerts par an ».

Jamais, en 1995, lorsque douze musiciens s’associent, ils n’auraient imaginé durer dans le temps. « C’est vraiment une chance de faire ce métier. On n’y croyait pas », avoue naturellement Touafik, le musicien discret tapi derrière ses claviers et synthés.

Aujourd’hui, sur les douze membres du groupe, sept étaient déjà là à l’origine. « Le noyau dur est toujours là », se réjouit Kamel.

L’Orchestre National de Barbès, c’est bien plus qu’un groupe musical, c’est un pont entre les cultures. Né à Paris, nourri des sons du Maghreb et d’ailleurs, l’ONB propose une musique métissée, vibrante, engagée. Leur fusion de raï, chaâbi, reggae, funk ou jazz en fait un acteur toujours incontournable de la scène world française. Sur scène _ la preuve encore au Creusot _ leur énergie est contagieuse, et leur message, universel.

Un message parfois malmené aujourd’hui, comme le reconnaît Kamel. « En France, les esprits se referment, une onde fasciste émerge. Ce que la France avait de noble est devenu du baratin. La diversité est une chance. Quand les esprits s’ouvrent, la société grandit ».

Mais sur scène, ils ne veulent être que des musiciens. « On vient de partout, on n’a pas d’étiquette, pas d’orientation politique. On est humains », déclare Kamel avec franchise.

Devant 2 000 personnes, samedi soir, pour clôturer le festival des Folles Escales, l’Orchestre National de Barbès a une fois de plus honoré sa réputation, performances énergiques, vibrations partagées, et communion avec le public.

La soirée avait commencé en douceur avec Gavali et son jazz manouche, une alliance musicale parfaite, sans heurter les estomacs, laissant libre accès aux gosiers pour y faire couler un flot de notes fleuries, une ode à la vie. Puis ce fut Lovana, dernier triptyque de cette escale creusotine, pour chavirer dans la fête jusqu’au bout de la nuit.

 

J.B.

 

 

 

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