Sur le programme, la distance entre Bordeaux et Paris est de 650 km. Au compteur, il en a fait 657. Après 35 heures et 6 minutes à pédaler, ce ne sont pas quelques hectomètres de plus qui changeront l’exploit réalisé par le Blanzynois Gilles Penot, licencié au club de l’Union Vélocipédique Blanzynoise.
Il l’a fait. Sur 500 cyclistes au départ samedi 21 mai 2022 de Bordeaux, ils seront 400 à l’arrivée à Issy-les-Moulineaux. Gilles Penot a terminé à la 295e place.
Bordeaux – Paris a été une course mythique, exténuante et, pour beaucoup de coureurs cyclistes, un épouvantail. On retiendra l’exploit de Jacques Anquetil, vainqueur en 1965 alors que la veille, il venait de remporter le Dauphiné Libéré. Mais ça, c’était avant, avant la fin de l’épreuve en 1985.
Aujourd’hui, elle est de retour avec cette première édition 2022 réservée à qui veut bien en découdre. Seule contrainte, effectuer les 650 km en 40 heures maximum. « Le dernier concurrent qui a franchi la ligne à Issy-les-Moulineaux a mis 39 heures, 58 minutes et des poussières, il avait 72 ans » annote le licencié de l’UVB.
Gilles Penot qui a participé samedi à la rando Gérard Dessertenne, n’a jamais couru pour gagner comme le regretté Gérard et ses 213 victoires. Du vélo, il en fait depuis une bonne trentaine d’années. Il a joué au football, fait de la course à pied et, à 32 ans, du VTT avant d’enchaîner sur le cyclotourisme.
L’homme est téméraire et ne recul devant aucun obstacle. En 2001, il a participé à l’Ardéchoise qui a bien failli le conduire dans un fauteuil roulant. « Je suis tombé et cinq vertèbres ont explosé » raconte-t-il. Dès lors, son dos le fait souffrir. Il devra même arrêter son travail de commerçant dans les jeux et loisirs.
Il faisait 36 à 38 degrés et c’est la crampe
« Ce Bordeaux – Paris a été un défi personnel, sûrement pas pour faire le cacou. Je voulais me prouver que j’étais capable de le faire, qu’il est possible de rouler si longtemps et de vivre avec son mal de dos », dit-il. « C’est vraiment l’épreuve la plus dure à laquelle j’ai participé ». Même la Marotte où il faut enchaîner le Galibier, la Croix de Fer et l’Alpes d’Huez, donne moins de frisson.
Gilles Penot s’est préparé en avalant depuis mi-janvier, 5 500 km. « Je faisais des sorties de 100, 150 km chaque jour ». D’ailleurs il se mit dans la tête que Bordeaux – Paris représentait quatre étapes. Mentalement, le corps l’accepte un peu mieux que se dire je vais rouler 650 km d’une traite. De toute manière, sur le parcours, des pauses étaient obligatoires, pour se laver, se rafraîchir, manger et même dormir, si besoin. Le Blanzynois n’a jamais fermé l’oeil. Il est resté les yeux grand ouverts durant 35 heures.
Il doit son exploit à lui-même, évidemment mais aussi à son épouse, Sophie et Mathéo, son fils qui l’ont accompagné et le rejoignaient aux points de vie, sans oublier les encouragements de l’UVB et son président Joël Pocheron. « Nous le suivions grâce à une application sur le téléphone. On lui envoyait régulièrement des messages d’encouragement » précise le président, fier de l’exploit réalisé par son protégé.
Du courage, Gille Penot n’en a jamais manqué même quand « j’ai eu une crampe samedi après-midi en pleine chaleur. Il faisait entre 36 et 38 degrés ». Il n’a pas craqué, « j’ai pensé à autre chose, notamment aux gars du club ».
L’important également, est de ne pas rouler seul. Trop galère, surtout la nuit avec la frontale. « Vers Châteauroux, je suis tombé sur un coureur qui participait à son 9e Bordeaux – Paris et sur Isabelle, une fille d’Autun. Nous étions un groupe de huit coureurs et nous avons terminé ensemble, laissant passer la demoiselle devant nous à l’arrivée ».
Aujourd’hui encore, Gilles Penot se remet doucement de son périple. « Je suis encore dans le jus » rigole-t-il. Mais déjà, il pense à une autre épreuve, encore plus dure mais tellement excitante. « C’est dans ma tête, je me donne un mois pour prendre ma décision de participer en 2023 à Paris -Brest – Paris, 1 200 km ». Plus coriace que d’avaler un Paris-Brest au dessert !
Jean Bernard
Sur un vélo en bambou
Il a été le seul à prendre le départ de Bordeaux – Paris sur un vélo en bambou. « Le carbone ou l’alu est trop rigide alors que le bambou a un bien meilleur pouvoir d’absorption » explique Gilles Penot. Parmi les cyclistes, son vélo a fait sensation. Il est produit par une petite marque lyonnaise, Cyclik. Son coût, 5000 €. Un joli coup de bambou !
Ou est passée Isabelle ?
Isabelle est juste un peut plus loin dans le classement, c’est l’heure de depart qui compte,et comme elle est partie avant moi et que nous somme arrivé ensemble ,automatiquement il y a un decalage.
Un grand bravo a elle.