Dès après la Covid, répondre au défi démographique
Le 18 janvier, l’INSEE a publié ses données annuelles qui servent de base à l’État pour déterminer l’ensemble des moyens publics sur les territoires et orienter les décisions d’aménagement.
En Bourgogne Franche Comté, la dynamique démographique est très claire, en croissance autour de l’axe Pontarlier, Besançon, Dijon, auxquels s’ajoutent Mâcon et Sens Isolée, Nevers, gagne aussi des habitants. Le reste de la Bourgogne, la Saône-et-Loire, et particulièrement le nord et l’ouest sont en souffrance.
Au Creusot par exemple, le vieillissement (37,1 % de plus de 60 ans) se poursuit, la fuite des jeunes aussi, et la baisse de la population -2000 habitants en 10 ans est malheureusement constante. Avec un solde migratoire et un solde naturel négatifs et un taux de chômage de 19,3 % c’est un constat d’échec lourd pour les politiques conduites sur un territoire pourtant très confortablement doté par l’État (gare TGV, pôle universitaire, IUT, Scène Culturelle Nationale) en équipement depuis déjà a 40 ans.
Certains pensent que la pandémie de Covid entraînera mécaniquement une migration massive vers les villes moyennes et les campagnes de Saône-et-Loire. Cela restera une illusion si nous ne prenons pas un virage désormais nécessaire.
D’abord en reconstruisant une identité singulière en réorganisant nos villes autour de centres ville vivants, en rompant avec le développement commercial anarchique et l’extension pavillonnaire irraisonné, en valorisant le patrimoine exceptionnel de nos villages et de nos campagnes et en faisant de la Bourgogne du Sud un lieu d’événements forts et rassembleurs comme l’Ouest de la France a su par exemple en développer.
Deuxième élément indispensable, la construction d’un tissu économique plus divers et mieux identifié. Nous avons besoin de création d’entreprise et d’emplois. Le potentiel offert par l’autoroute, la RCEA, la proximité des 2 plus grandes métropoles Française et de la Suisse ne suffisent évidemment pas. Il nous faut attirer et structurer des filières en organisant urgemment un programme économique de territoire qui dépasse de très loin l’échelle de la commune. Il ne suffit plus d’empiler les structures d’intervention économique inutiles mais bien d’engager la diversification du tissu économique mais aussi un mécanisme de soutien massif à la création d’entreprise qui n’existe pas aujourd’hui et les conditions de l’accueil des talents venus d’ailleurs.
Enfin, parce que nous souffrons, c’est un comble en Bourgogne, d’un déficit d’identification nous devons mieux construire le lien entre ville et campagne autour des productions viticoles, l’élevage, l’exploitation forestière qui façonnent nos territoires. Le Morvan, la Côte chalonnaise, le Couchois, le territoire de la CUCM ou la vallée de l’Arroux forment par exemple un ecosystème exceptionnel qui ne demande qu’à être valorisé bien davantage qu’il ne l’est actuellement.
Cette parole n’est malheureusement pas assez portée. Le député de la 3eme circonscription, Rémy Rebeyrotte préfère par exemple se lancer dans des polémiques stériles en distribuant les bons ou mauvais points ou dans de délirantes interventions sur les comportements à adopter par les Français plutôt que de promouvoir efficacement notre territoire. D’autres sont devenus depuis quelques mois des spécialistes en maladie infectieuses ou défendent la réussite des politiques qu’ils mènent dans un territoire qui ne cesse pourtant de perdre des habitants. Soyons lucides et mettons nous au travail. Le véritable enjeu, passé la crise sanitaire, est là.
Car ce défi démographique est essentiel. Il ne faut plus se voiler la face. Si nous n’y attaquons pas maintenant, les lendemains seront difficiles.
Nous avons besoin de regagner des habitants et offrir une perspective à tous les jeunes.
L’évolution des modes de vie induis par la pandémie peut constituer cette opportunité de le faire. Mais il ne suffit pas d’attendre que le fruit tombe de l’arbre. Nous avons, j’en suis persuadé, si nous osons remettre en question l’efficacité des politiques publiques locales telles que nous les avons toujours connu, toutes les capacités d’y parvenir.
Charles Landre, conseiller municipal et communautaire de l’opposition