Il est tout aussi captivant à écouter que l’avocat Ralph Blindauer. Devant les salaraiés en grève depuis lundi sur le site de Konecranes à Saint-Vallier, Michaël Wamen, cet ancien ouvrier de Goodyear (Amiens), son discours a suscité un vif intérêt ce mardi après-midi.
Aujourd’hui, Michaël Wamen est passé de l’autre côté de la barrière, le voilà expert chez Alter pour le CES (comité économique et social) de Konecranes à Saint-Vallier.
Le combat des ouvriers contre la direction, les journées de grève, il connaît et sait de quoi il parle. « J’ai cette expérience avec Goodyear alors que nous nous battions contre la fermeture de l’usine. Six ans après, seize personnes se sont flinguées pour avoir perdu leur boulot ». Des mots durs, une réalité qui glace le sang.
Alors se battre, les salariés de Konecranes à Saint-Vallier, viennent d’en prendre le chemin. Mais ils les met en garde. « Même si l’injonction de la Direccte (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) doit soumettre la direction à revoir son plan (116 suppressions d’emplois sur 144), elle va vous (les salariés) faire passer pour des violents et des archaïques » prévient-il.
Cette grève entamée lundi, « démontre que vous ne lâcherez pas car la bataille à mener est celle de l’emploi » insiste-t-il.
« Aujourd’hui, la direction a peur. En face, ils ont le pognon, nous, nous avons l’unité, le soutien du Bassin minier. Les élus, la population sont à nos côtés » rappelle-t-il.
Alain Philibert, maire de Saint-Vallier, ne comprend pas comment un tel site puisse fermer. « Voir partir ces engins (les stackers) ferait mal au coeur de Saint-Vallier ».
Marie-Claude Jarrot, maire de Montceau-les-Mines, même si les élus ont un pouvoir très limité, est venue en soutien « à notre territoire d’industrie » dit-elle. « A notre échelle, nous apportons une position commune des quatre maires du Bassin minier. Nous ne sommes absolument pas d’accord que cette entreprise ferme ».
Jean-Claude Lagrange, maire de Sanvignes et vice-président de la Région en charge de l’économie se montre inquiet également. « 111 emplois en moins, c’est dramatique ».
Aussi espérait-il que la Région puisse travailler avec Konecranes dans l’objectif de trouver un repreneur. « Nous n’avons eu aucun contact, nous ne savons même pas s’il existe un repreneur ». Car le site de Saint-Vallier est tout à fait « adapté à une réindustrialisation, mais j’ai peur que nous nous retrouvions avec une friche ».
Au nom des quatre maires, un courrier sera adressé au ministre de l’Industrie, Bruno Le Maire. Il est urgent de stopper la perte d’un savoir-faire industriel.
Jean Bernard