Communiqué – L’antisémitisme n’est pas une fatalité, il se combat.
Femmes solidaires, mouvement féministe universaliste, laïque et d’éducation populaire, issu des comités féminins de la Résistance, est engagé depuis sa création en 1945 contre le racisme, le fascisme et l’antisémitisme.
L’association tient à exprimer son indignation et sa profonde tristesse face à l’assassinat de Mireille Knoll survenu le vendredi 23 mars dernier, femme de 85 ans de confession juive. Ce crime odieux pour lequel le caractère antisémite vient d’être retenu est une barbarie, une barbarie d’abord pour la victime et ses proches, une barbarie pour les juives et les juifs de
France, une barbarie pour notre pays tout entier, car quand les juives et les juifs de France ne sont plus en sécurité, ce sont les valeurs de la République qui sont attaquées et notre histoire qui s’assombrit.
L’antisémitisme est dans notre pays une plaie béante, dès qu’on cesse de la soigner le sang coule à nouveau. Nous ne pouvons plus faire comme si nous ne savions pas et fermer les yeux, faire comme si les juives et les juifs de France vivaient en toute sérénité alors qu’ils et elles subissent insultes et violences en tous genres. Ils en viennent même à craindre pour leur
vie, celle de leurs enfants.
Depuis plusieurs années, Femmes solidaires intervient dans de nombreux lycées et collèges de France et alerte les pouvoirs publics, les élu.e.s de la République, les ministres, sur la montée de l’antisémitisme porté par les théories complotistes. Nous constatons que comme les violences faites aux femmes, les violences antisémites sont le fruit d’un continuum qui prend
corps dans les stéréotypes qui engendrent discriminations et violences. A l’occasion de débats sur l’égalité femmes/hommes, nos intervenantes constatent que l’antisémitisme devient une idée comme une autre que l’on peut exprimer dans certains établissements de façon décomplexée, plongeant les enseignant.e.s dans un profond désarroi. Certain.e.s ne souhaitent
plus aborder la question de la Shoah dans leurs classes et subissent l’instrumentalisation systématique du conflit israélo-palestinien qui fige toute réflexion. Si Femmes solidaires est si souvent témoin de ces propos antisémites, c’est parce que ceux qui les propagent rejettent également l’égalité femmes/hommes et le droit des femmes à disposer de leur corps. En
première ligne de ces attaques nous retrouvons l’extrême droite et l’islamisme politique sous toutes ses formes porté par des lieux de culte laissés sans contrôle aux abords des lycées. Ces groupes convergent dans leur pensée et leurs actes.
Il est temps de prendre la mesure de ce qui se passe dans nos écoles, l’histoire de Mireille Knoll doit interroger chacun.e de nous. Comment une enfant qui a échappé à la Rafle du Vel’d’hiv, qui épousera un rescapé de la Shoah, peut mourir en 2018 sous les coups d’un meurtre antisémite soixante-seize ans plus tard ?
La présence des juives et des juifs de France dans notre pays atteste de la longue tradition d’accueil d’une France de la diversité. Nous combattrons efficacement et durablement cette barbarie par la connaissance, le courage du dialogue et la lucidité sur la situation de certains de nos quartiers.
Pour rendre hommage à Mireille Knoll et parce que nous continuerons
sur tous les terrains à lutter contre les assignations communautaires, les préjugés, le racisme et l’antisémitisme, il a été appelé à la
Marche blanche du mercredi 28 mars à 18h30, Place de la Nation.