Il est probable qu’à la lecture du livre « Une histoire neuve de la Résistance, les Téméraires, Cités et maquis à Montceau-les-Mines avant mai 1944 » écrit conjointement par Gérard Soufflet et Jérémy Beurier, le brouillard dense qui entoure encore les histoires de la Résistance, va se dissiper.
Aujourd’hui, de quoi se souvient-on ? Des actions spectaculaires de l’été 1944, de ses héros qui ont libéré le Bassin minier. Mais avant, ce que s’est-il passé ? Pourquoi tant d’hommes et de femmes ont été tués, assassinés ou déportés ?
Les archives parlent sans aucune torture morale depuis l’arrêté du 24 décembre 2015. Il suffit de se plonger dedans à corps perdu comme l’ont fait les deux auteurs pendant cinq ans. Ils ont épluché, lu les archives relatives à la seconde guerre mondiale qui donnent accès aux dossiers de la police et de la justice.
Ce que l’on croyait caché ou ignoré à tout jamais revient comme une bouteille à la mer et qui vient de s’échouer sur les rives du lac du Plessis.
Ainsi, une partie de la vérité d’hier n’est plus celle d’aujourd’hui à la lecture et des archives et bien entendu du livre. D’où son intérêt considérable pour mieux comprendre l’histoire de la Résistance.
Croire justement que les communistes ont été à la manoeuvre dans l’organisation de la Résistance du Bassin minier, « casse la gloriole locale » note Gérard Soufflet. En réalité, ce sont les mineurs gaullistes du MORB (Mouvement Ouvrier de Résistance des mines de Blanzy), qui des mois à l’avance préparaient l’insurrection.
Le gros de la Résistance en 1943/44 était surtout formé de bandes de jeunes des quartiers issus de la résistance communiste mais devenus incontrôlables qui formèrent d’éphémères maquis (FTP « Guy Môquet » à la Charmée, AS « Marc Popeye » à Gueugnon qui anticipèrent ceux de l’été 1944. « Ces jeunes furent armés par les communistes et plongea Montceau dans l’insécurité. Ils avaient soif d’action. Au final, tout le monde s’est ligué contre eux » raconte Gérard Soufflet.
Que veulent les communistes qui refusaient de dénoncer le pacte germano-soviétique ? Renforcer leur implantation chez les mineurs ce que Marius Mathus, anticommuniste et secrétaire du syndicat des mineurs, ne pouvait tolérer. De plus Marius Mathus avec ses proches et la résistance gaulliste, préparaient une organisation clandestine des mineurs.
Le 3 juillet 1943, sous les yeux de son fils de 13 ans, Marius Mathus était abattu de trois coups de révolver. Le gêneur venait d’être éliminé.
Voilà l’histoire neuve de la Résistance. Le livre regorge de ces faits qui jusqu’à présent occultaient les mémoires par des travestissements, oublis partiels ou systématiques.
Voilà de quoi passer d’agréables soirées dans les chaumières au coin du feu cet hiver. « Mais tu ne m’avais pas dit que… »
On vous le dit, l’ouvrage est passionnant.
Jean Bernard
Où trouver ce livre ?
400 pages – 23 € Les Téméraires, une histoire neuve de la Résistance est en vente à l’Espace Culturel Leclerc et dans les trois Intermarché (Saint-Vallier, Gourdon, Montceau-les-Mines)
quelques précisions historiques!
1939 est à marquer d’une pierre noire dans la vie de la confédération. La grève générale du 30 novembre 1938 contre les décrets-lois Daladier n’a pas été un succès, à cause des ferments de division qui ont vu le jour au congrès de Nantes. De nombreux syndicalistes ont été sanctionnés. En février, les députés, dont la majorité est Front populaire en 1936, repoussent un amnistie des sanctionnés. En mars, Hitler envahit la Tchécoslovaquie suite aux accords de Munich. Les négociations d’un traité militaire entre la France, la Grande-Bretagne et l’Union soviétique s’enlisent à cause de la volonté occidentale de ne pas les faire aboutir. Le Japon attaque l’URSS sur ses frontières de l’Est.
Le 23 août 1939, est annoncé un pacte de non-agression entre l’Allemagne et l’Union soviétique.
C’est alors un déchaînement anticommuniste d’une autre nature qu’au congrès confédéral de Nantes en 1938. Cela devient le trait dominant du « patriotisme » dans tout le pays.
Dans la CGT, René Belin veut des têtes: »Nous disons qu’il n’est pas possible que les chefs communistes demeurent à la tête du mouvement syndical. » Il est entendu dans la confédération. Exemple, dans le Mantois, les cheminots déposent de nouveaux statuts à la mairie de Mantes-la-Jolie, ils ont exclu de leurs rangs sa direction membre du PCF. Le 25 septembre 1939, la direction de la CGT, par 24 voix pour, 5 contre et 2 abstentions, exclut les communistes de la confédération qui « n’ont pas voulu ou pas pu condamner » le pacte germano-soviétique. Le 26 septembre, le gouvernement dissout le PCF et 620 syndicats ou structures syndicales à direction communiste, dont l’Union locale CGT de la région mantaise. Dans cette région, Les conseillers prud’hommes communistes sont déchus de leur mandat. Le 3 septembre, la guerre avait été déclarée et les députés communistes avaient voté les crédits exceptionnels pour cette guerre.
« Le mouvement syndical se libère et s’assainit », écrit Le Peuple, l’organe officiel de la CGT.
Le 7 octobre 1939, Léon Jouhaux, secrétaire général de la CGT, signe avec la Confédération générale du patronat français les accords dits du Majectic, siège du ministère de l’Armement, sur « une collaboration confiante » entre patrons, travailleurs et gouvernement, que contresigne la CFTC. Le 24 mai 1940, un autre accord est signé avec le patronat pour une « collaboration constante et loyale ».
Mais la Vie Ouvrière, interdite par le gouvernement en septembre 1939, reparaît clandestinement.
Nombre de syndicalistes ex-unitaires avaient été contraints de se réfugier dans une existence souterraine. ils ont eu raison.
Un pseudo-historien révisionniste. Oser prétendre que les maquis communistes étaient composé de voyous (d’après l’article). Un scandale quand on sait que la Victoire est principalement survenu grâce au PC et à ses maquis. Pendant que les gaullistes étaient planqués à Londres