« Marie-Annick Nicolas joue du violon comme chantent les oiseaux » écrivait en 1974 un journaliste de la Pravda quand la jeune prodige vint s’installer dans la plus grande école de musique du monde à Moscou à l’époque de Léonid Brejnev.
Marie-Annick Nicolas joue du violon depuis soixante ans. Aujourd’hui, quand elle regarde par sa baie vitrée, sa vue plonge dans le canal du Centre à Montceau-les-Mines et lui rappelle des souvenirs. « C’est un retour aux sources, à mes racines profondes » dit-elle avec mélancolie. Elle vient de quitter son appartement de Lyon. « Il était temps que je revienne ».
Le retour de la violoniste concertiste et pédagogue, « pendant 27 ans j’ai formé une ribambelle de musiciens à la Haute Ecole de musique de Genève où j’ai pris ma retraite en 2018 », est un événement majeur comme l’a été sa participation à l’Embarcadère au concert de soutien au peuple ukrainien le 27 mars dernier.
Ainsi, pour fêter son retour, connaissant ses attaches à Gourdon, le maire, Marc Répy lui a donné carte blanche. « Vous venez jouer à l’église quand vous voulez » lui a-t-il dit. Ce sera donc samedi 17 septembre 2022, journée européenne du patrimoine à 20h. Marie-Annick Nicolas sera accompagnée au piano et d’Agnès Graziano, professeur au conservatoire de Mâcon et Marie Orenga, violoniste corse.
Une décathlonienne du violon,
être la meilleure partout
Marie-Annick Nicoals est une virtuose comme rarement la France en a connue au violon. Elle est née au Creusot un hiver 1956. Ses grands-parents sont originaires de Blanzy. A partir de son arrivée à 8 ans au conservatoire de Lyon, son ascension est fulgurante comme dans les aigus de Paganini. « A 11 ans, je débarque au conservatoire de Paris au milieu de musiciens qui ont 10 ans de plus que moi. J’ai même inauguré le CAR (L’Embarcadère aujourd’hui) en 1979 en présence de Monsieur Jarrot » rappelle-t-elle. A 13 ans, elle est désignée « femme du mois » dans le Figaro.
Son talent, va la conduire à côtoyer « les ténors du violon », les plus grands noms. Elle émerveille le monde de la musique et, tout naturellement, malgré son jeune âge, elle est lauréate des quatre plus grands concours internationaux de violon. L’URSS, la Belgique, les Etats-Unis la voient passer. « Mais je suis vieille France et je rentre en 1980 » et Marie-Annick Nicolas obtient le titre de premier violon soliste à l’orchestre philarmonique de Radio France pendant 6 ans.
Elle va parcourir le monde, « j’ai fait 30 pays », car elle aime jouer en solo et « j’adore jouer en public. Devant lui, je me sens moi-même, complètement libre comme un avion au-dessus des nuages ».
Une surdouée, un prodige, une virtuose, Marie-Annick Nicolas compile toutes les qualités. « Je suis comme une décathlonienne, il faut être la meilleure partout ». Mais avant de mourir « sur scène avec un violon à la main » s’amuse-t-elle, des projets fleurissent toujours dans sa tête. « Le TGV, Paris et je peux partir n’importe où ».
Même faire du vélo le long du canal en compagnie de Beethoven, Brahms, Grieg, Tchaïkovski, ses classico-romantiques. Ce n’est pas un caprice.
Jean Bernard
Samedi 17 septembre 2022 concert en l’église de Gourdon, « Carte Blanche à Marie-Annick Nicolas et ses amies ».
Entrée 15 €, gratuit moins de 12 ans.
Réservations au 06 18 57 53 85.