19h13, gare TGV Montchanin-Le Creusot-Montceau. Le TGV en provenance de Paris gare de Lyon arrive au ralenti. Sur le quai, une cinquantaine de gilets jaunes du Magny et du rond-point Jeanne Rose scrutent les rames qui défilent.
La porte du TGV s’ouvre, Fatima et Sabrina débarquent. Elle arrivent d’une journée passée au Sénat à l’occasion du grand débat organisé dans le cadre de la journée internationale des droits de la femme. Elles sont ovationnés. Fatima et Sabrina malgré une journée forte en émotion rayonnent chacune avec un bouquet de fleurs dans les bras.
Femmes, je vous aime.
Leur vie avec leurs mots
Toutes les deux viennent de passer une super journée. « Nous avons entendu des témoignages poignants » souligne Evelyne Rogowicz, président départementale de Femmes solidaires qui avec Michèle Juillot, présidente de Montceau, a accompagné au Sénat les deux femmes gilets jaunes.
Les deux seules femmes gilets, a priori, d’après Sabrina. D’autres venaient du monde associatif, comme « des prostituées » précise Fatima.
Fatima et Sabrina ont porté la voix des femmes gilets jaunes. Elles furent d’ailleurs les premières à s’exprimer devant l’assemblée, devant les sénatrices et sénateurs et la présence d’actrices, de femmes de télévision.
Fatima et Sabrina sont venues raconter leur vie de femme avec leurs mots. Elles ont détaillé leur quotidien, leur condition, celles de femmes dont beaucoup ignorent et ignoraient que cela fusse possible. La précarité est une réalité et cette journée des droits de la femme a remis, en quelque sorte, les pendules à l’heure.
« Une trace dans leur tête et leur coeur »
« J’ai pris contact notamment avec Laurence Rossignol (originaire du plateau d’Antully) et sénatrice. J’ai lu mon discours, j’en ai remis trente exemplaires aux sénateurs et sénatrices » précise Fatima les yeux encore illuminés par son passage au Palais du Luxembourg. « Je pense qu’il y aura des répercussions positives. J’attends d’enchaîner un travail avec les sénateurs ».
Sabrina, plus discrète, n’a pourtant pas joué la comédie « mais je les ai tous fait pleurer » dit-elle appuyée sur sa canne qui l’aide à marcher. « Je voulais laisser une trace dans leur tête et dans leur coeur. J’ai réussi ».
Femme gilet jaune de Jeanne Rose, elle demeure fière malgré son handicap et sa vie de galère. « Je n’ai rien demandé, j’ai parlé de moi, de ce que j’ai vécu, de ma vie de tous les jours. Une journaliste m’a dit, j’ai pris une grande claque dans la gueule. Acheter un pain pour vous c’est normal, pour moi, c’est dur ».
Il est bientôt 20h ce vendredi 8 mars 2019, l’accordéon ne résonne plus dans le hall de gare. Fatima et Sabrina sont de retour. Leur vie de tous les jours aussi. Un nouvel espoir est né. L’espoir fait vivre.
Jean Bernard