Il ne roule pas sur l’or mais dans une bagnole de seize ans d’âge. Sylvain, 35 ans, est gilet jaune et chaque jour vient de Collonges-en-Charollais, entre Joncy et Genouilly, au Magny.
Il a un regard très particulier sur le mouvement populaire au sein duquel il tente de faire passer son message qui, pour l’heure, reçoit très peu d’écho. « Ils ont du mal à comprendre mon mode d’existence ». C’est un adepte du « système débrouille » selon son expression. « Je fais en sorte d’éviter les intermédiaires quand je vais faire mes courses ». Un anticonformiste qui ne date pas d’aujourd’hui mais de son éducation « auprès de mon grand-père et de mon père » souligne-t-il.
La maladie de Scheuermann
La vie ne lui a pas toujours souri, loin s’en faut. Sylvain a été ouvrier viticole à Rully jusqu’au jour où il découvre qu’il souffre depuis 2013 de la maladie de Scheuermann ou dystrophie rachidienne de croissance, une maladie de la croissance des corps vertébraux. Invalide à 75%, il ne peut plus travailler.
Il touche 766 € de pension d’invalidité et 132 € d’aide au logement, son loyer est de 384 €, l’électricité se monte à 70 €, l’eau à 35 € et le téléphone à 20 €. Il lui reste donc par mois 389 € pour vivre avec sa fille de 9 ans. Il économise sur tout et « je ne suis pratiquement jamais à découvert ».
Sylvain ne bombe pas le torse pour autant, c’est juste une question d’organisation quand il va faire ses courses, le plus souvent directement chez le producteur. La viande, il la prend à Porc 71 (un demi porc pour 70 €), va à l’abattoir ou encore au Gaec Beaudot à Saint-Vallier, « c’est de la très bonne qualité au prix producteur ».
Conserve, lessive, il fait tout lui-même
Même chose pour les légumes et il n’hésite pas les arracher lui-même chez le maraîcher au Bois du Verne, « 25 kg de pommes de terre pour 7 €, en supermarché c’est 2 € les 2 kg ».
Il sale son jambon, fait ses charcuteries en conserve comme les légumes. La lessive, elle est de fabrication « Sylvain » avec du savon de Marseille, des coquilles de noix, du vinaigre blanc et un peu d’huile essentielle; pour le carrelage, toujours du vinaigre blanc, un peu de javel et de l’huile essentielle pour l’odeur. « J’ai appris seul en regardant sur internet » explique-t-il.
En fonction des saisons, il cueille les champignons, des plantes, ramasse les escargots. « Avec ma fille ça nous fait une sortie ». Ils vont aussi à la pêche. « Alors pourquoi les gens ne font-ils pas comme moi ? Bien sûr j’ai plus de temps que la plupart d’entre eux, mais ils peuvent très bien aller où je vais le week-end ou le soir après le boulot ».
C’est sa manière à lui de gagner en pouvoir d’achat, du moins ne pas en perdre trop et surtout « je mange de la qualité ».
« Tout le monde s’imagine que ça coûte plus cher, ils se trompent, ce n’est pas vrai » avance Sylvain. Mais comment leur faire comprendre ? Il en parle à qui veut bien l’écouter. « Nous pourrions mener des actions dans ce sens pour sensibiliser la population » ajoute-t-il. « Mais ils préfèrent la RCEA ». Se battre également sur les taxes de produits de première nécessité.
Et, quand il peut, Sylvain règle tout en espèces. « Pour ne pas enrichir les banques ».
Et vous, vous commencez quand ?
Jean Bernard
Bonjour
Tout cela est effectivement très écolo et économique mais nécessite du temps que n’ont pas forcément, après leur journée de boulot, les gens qui bossent ……et le we ils aspirent à se reposer.
Je compatis à votre handicap mais n’avez-vous jamais pensé à une reconversion professionnelle : la maladie de Scheuermann ne fait pas des individus des personnes incapables de travailler.
C’est ma réponse à votre commentaire « ils peuvent très bien y aller ……… » un peu trop donneur de leçons.
Bonne journée
Chapeau bas Sylvain !
Sylvain possède un savoir faire indéniable. Et pourquoi ne pas monter une structure style auto entrepreneur (ou autre), et donner des conférences, prodiguer des conseils, du coaching ?
Je suis certain que ce savoir faire intéresserait des organisations dites « sociales » qui pourraient financer ces formations pour les plus démunis et retraités qui n’ont pas le temps, et qui ne savent pas comment s’y prendre.
Bonjour Mr Sylvain « La débrouille »
Je suis entièrement d’accord avec Athena. Je pense aussi que vous pouvez prétendre à une reconversion professionnelle mais faut ‘il le voir. D’autres personnes sont dans votre situation et n’attends pas les aides pour vivre. Je constate que l’essence n’est pas assez cher à vos yeux pour venir tout les jours. Je travaille 40 heures par semaine paye mes factures comme vous et il me reste 300 euros pour faire le mois de plus j’aide mon fils qui viens de trouvé un job malheureusement mais pas en cdi pour l’instant. Je suis Gilet Jaune aussi. Mais je vous trouve un peu trop de donneur de leçons.
Tout à fait d’accord avec les commentaires précédents. Par contre j’imagine bien que cela n’a pas d’échos auprès des GJ du magny lol
J’espère que Sylvain a t’il conscience que chez nos proches voisins, il n’aurait aucune pension? Cela prouve bien qu’on a un système sociale qui ne laisse pas nos plus affaiblis sans ressources. Sylvain pourrait bien se mettre une balle dans le pied si notre république venait à tomber aux mains de nos parti radicaux…
Des millions d’€ sont injectés dans la reconversion professionnel. Sylvain ne semble pas sans capacités et je précise d’ailleurs que nombreux sont obligés de se réinscrire à pôle emploi pour rentrer dans des cursus de formations.
Bonjour… Sylvain à la maladie de Scheuermann… visiblement vous ne connaissez pas cette maladie ! Sylvain est un véritable handicapés ! je suis désolé de faire cette remarque ! Oui bien évidemment il peut faire un travail mais pas n’importe lequel ! Il n’est pas en mesure de travailler comme une personne en bonne santé avec cette maladie : c’est impossible ! Il peut faire un travail comme dans un CAT par exemple. Cette maladie ne permet pas à une personne de bien gagner sa vie il sera toujours en difficulté sauf à mentir et être en arrêt maladie souvent qui fait du sujet malade un exclu social rapidement !