Le loup ? C’est toi là-bas dans le noir ?
A cette question, aujourd’hui, comme en juin dernier, personne ne peut véritablement répondre même si de fortes présomptions laissent à penser que le loup est de retour.
Depuis le vendredi 13 novembre dernier, date à laquelle le dernier prédateur connu a été abattu d’une balle alors qu’il s’apprêtait à croquer du mouton du côté de Saint-Romain-sous-Gourdon, les attaques avaient cessé. Mais dès l’annonce de la mort du loup, son retour hantait déjà les nuits des éleveurs ovins.
Et les dernières nouvelles ne vont pas nécessairement les rassurer puisqu’on dénombre la semaine dernière, quatre attaques de troupeaux en Saône-et-Loire, à Etrigny entre Sennecey-le-Grand et Tournus, Culles-lès-Roches à une quinzaine de kilomètres d’Etrigny et, plus près de chez nous, Volesvres, proche de Paray-le-Monial et Palinges.
A chaque fois, des brebis ont été égorgées, non pas à la manière d’un gros chien mais plutôt avec les crocs d’un prédateur. « J’ai eu un attaque de chiens il y a cinq ans » rappelle Julien Chauvot, éleveur à Palinges d’un troupeau d’une trentaine de têtes. « Les morsures, cette fois-ci, sont différentes » précise-t-il. Une brebis et trois agnelles ont été tuées.
Les agents de OFB (Office Français de la Biodiversité) ont procédé à des prélèvements sur les animaux mais n’ont repéré aucune trace probante du loup. Un piège avec un appareil photo a été installé à proximité du cadavre de la brebis, mais depuis vendredi, aucun animal n’est revenu sur les lieux du crime.
Les éleveurs ovins ont reçu un message
« Tuer un mouton, c’est un jeu pour les chiens. Là, c’est différent, la bête a dévoré sa proie, elle n’était pas loin de briser les côtes » indique Julien Chauvot. « De toute manière, le loup, il est un peu partout en France ».
Depuis ces nouvelles attaques, les éleveurs ovins ont été avertis par un message. Ils doivent redoubler de vigilance.
« Dans l’immédiat il n’y a aucune preuve officielle qu’il s’agisse du loup » commente Alexandre Saunier, éleveur à Ciry-le-Noble, président de la production ovine, spécialiste du mouton de race charolaise et interlocuteur des éleveurs dans cet épineux dossier du loup. « Mais nous sommes sur nos gardes ».
Depuis la présence du loup cet été dans le charolais, des aides permettent aux éleveurs de s’équiper en clôture électrique et même de chiens. « Si nous commençons à acheter ce matériel, c’est une forme de soumission au loup. Nous, nous ne voulons pas de loup dans les zones d’élevage. En attendant, sans élever un mur à la Trump ou ériger des forteresses, nous devons nous équiper un minimum au cas où le loup se présente » commente Alexandre Saunier.
« A Francheville (Ndlr : au nord de Dijon), le loup s’est aventuré dans la cour de la ferme, il a laissé ses traces dans la neige » évoque-t-il.
En 2020 comme en 2021, le loup ne semble pas disposé à rester confiner.
Jean Bernard
« Les attaques sur le cheptel domestique constituent souvent un des premiers signes de présence du loup sur un nouveau secteur » : réf. Ministère de l’Environnement, projet Life Nature, « Conservation des grands carnivores, le Loup en France », rapport final 1997-1999 de mai 2000.
« Nous, nous ne voulons pas de loup dans les zones d’élevage » !!! C’est une déclaration que les éleveurs et bergers vont apprécier à sa juste valeur. Eux qui subissent le loup depuis plus de 30 ans constatent encore une fois que dans le monde agricole la solidarité se borne à attendre que le loup s’installe pour que le paysan se mette à défendre son bien.