Au festival Off d’Avignon, il n’est pas simple de se démarquer parmi les 1544 spectacles proposés jusqu’à fin juillet. Toutes les troupes ne sont pas logées à la même enseigne. Le spectateur, lui, y prend énormément de plaisir. Sans faire l’autruche… et soutenir des comédiens ukrainiens.
La vie d’une troupe au festival d’Avignon n’est pas de tout repos. La compagnie de la Fortune – Théâtre en soi, arrive de l’Oise, vous savez, la région de « Lhomme du Picardie » du temps de la première chaîne de l’ORTF… que les moins de 20 ans voire même au-delà, ne peuvent pas connaître.
C’est la quatrième fois que les comédiens viennent « suer » à grosses gouttes en Avignon. Depuis le 7 juillet, ils sont sur le pont. Ils dansent, parfois, jouent la comédie tous les jours et chantent aussi comme pour rendre hommage à La Fontaine :
Je chantais, ne vous déplaise.
– Vous chantiez ? j’en suis fort aise.
Eh bien! dansez maintenant.
Au matin, et aux dires des uns et des autres, ce sont « Les plus beaux matins du monde » de film d’Alain Corneau, ils assument « Rouge vert bleu et la lumière fut » à destination des enfants à partir de 3 ans. C’est au théâtre des Corps Saints, près des remparts. Au coup de sifflet final, c’est la course pour rejoindre le théâtre Le Castelet. Sur le tracé, c’est encore l’heure d’alpaguer le public qui déambule dans les rues. Et ça marche.
A 11h40, Jean de la Fontaine en personne accueille les spectateurs avec de vraies chaussures à talon et à boucle qui viennent de Venise, « le seul endroit où on en trouve » précise Hélène Laurca, comédienne et metteur en scène qi n’est pas une inconnue en Bourgogne et plus précisément à Autun où son papa, Jacques Audigier, a été proviseur du lycée Bonaparte. Sans rapport aucun avec l’île de Sainte-Hélène et l’exil de Napoléon.
Jean de La Fontaine en chair et en os observe trois jeunes écolières qui ont bien du mal à apprendre ses fables. Mais il sait se montrer affable et les aide. « Si seulement vous pouviez venir dans mon école » lance une spectatrice séduite par la pièce.
L’après-midi, pas question de se laisser charmer par le chant des cigales. Retour dans les rues d’Avignon pour exister parmi les plus de 1 500 spectacles proposés au festival Off d’Avignon.
Au théâtre du Chêne Noir, là où se joue également « Le jeu du président », les moyens ne sont pas les mêmes. Les salles sont plus grandes et le public se presse. Il vient voir « La délicatesse », d’après David Foenkinos. On y parle de l’amour d’un couple, d’un drame et d’une nouvelle histoire d’amour improbable. Nathalie va-t-elle succomber à Markus, un homme simple, loin des canons de la beauté mais délicat ?
Pendant ce temps, au village Off, se tient la soirée organisée par la Région Bourgogne – Franche-Comté et Val de Loire, un partenariat qui date de 2019 mais qui en raison de la covid, commence seulement à prendre son envol. C’est la grande fête de famille.
Une question nous turlupine néanmoins : « Qui sait ce que voit l’autruche la tête dans le sable ? » C’est profond de Samuel Beckett avec des marionnettes qui surgissent du sable. Le monde de l’absurde. Joli monde.
Jean Bernard