Les sites français d’Eolane sortent progressivement d’une période de chômage partiel suite à l’attaque informatique du 21 septembre dernier, jour de calamité pour ce groupe international.
Pire encore pour le site d’Eolane-Montceau envoyé en enfer ce même jour lors de cette funeste réunion de CSE exceptionnelle qui a conduit tous les salarié au tribunal de commerce le 24 septembre, et sur le chemin de l’inéluctable liquidation judiciaire.
Mauvais présages, malchance ou négligences coupables. La question ne se pose pas vraiment pour la collectivité qui paye à tout va sans regarder de trop près tous les dysfonctionnements d’un groupe spécialisé dans sa victimisation et le renvoi de l’addition sur les autres, et cette fois un substitut de rançon.
Bien sûr que les difficultés sont réelles au moment de la présentation des faits et qu’il y a urgence à y remédier. Pour autant, prendre le temps d’en comprendre le contexte et les raisons serait la moindre des choses pour ceux qui payent ; de même pour les salariés, tant en perte d’emplois qu’en perte de salaires.
Notre système informatique, passoire ou victime de piratage imparable ? Quels choix et vitesse de remise en fonctionnement, de sécurisation ? Voilà bien des pouvoirs exclusifs de la direction générale. De ces choix découlent d’office la période de mise à contribution de la collectivité qui paye le chômage partiel. Et chaque jour supplémentaire a un coût substantiel avec une majorité des 2000 salariés impactés en France.
Sauf pour le site montcellien qui fait dans le paradoxal à répétition. En septembre, il n’y a plus de charge de travail, mais aucune demande de chômage partiel n’est faite. Ce sont les AGS qui ont payé les salaires ! Quasi zéro travail en octobre, paralysie informatique en plus, mais toujours aucune demande de chômage partiel pour ce site d’exception. Le groupe opte pour de la modulation basse intensive à perte.
Serait-il problématique de demander à la DIRECCTE d’étudier le dossier d’Eolane-Montceau ? Sans doute, vu la décision de justice d’accorder une période d’observation jusqu’au 19 novembre, cela après avoir entendu en audience Eolane se dire encore capable d’assumer environ 45 jours de trésorerie. Et de prétendre simultanément recevable sa déclaration de cessation de paiement rétroactivement depuis mi-août …
En conséquence, le groupe Eolane va payer les salaires de Montceau en octobre et début novembre. Les apparences seront sauves et la normalité remise en premier plan. Le train repart sur les rails. D’abord une phase d’observation permettant soi-disant une ultime issue positive, puis la liquidation judiciaire fortuite. Au final, la singularité et le scandale de la faillite organisée de ce site de production seront banalisés à vil prix.
Puis viendront la période d’oubli, le déni des contributions de ce site à l’essor du groupe dans sa période exaltante d’aubaines. Leur post-vérité sera une fois de plus réécrite par ces dirigeants qui portent la responsabilité d’une gestion blâmable et du sacrifice des piliers de l’édifice, les uns après les autres. Il n’en restera bientôt qu’une vision idéalisée d’un produit à vendre, le groupe dans sa totalité.
Pour l’anecdote, la cessation de paiement a été validé au motif de : « La société EOLANE MONTCEAU fait état d’un passif exigible de 527 637 euros et déclare disposer d’un actif disponible de 271 000 euros », soit un déficit de 256 636 €* pour pouvoir honorer ses factures, l’équivalent d’un mois de salaires des 77 bannis.
Revenons à 2017, au moment où HIVEST est entré au capital comme actionnaire ultra-privilégié et que l’actionnaire historique, M. Paul RAGUIN a verrouillé ses intérêts dans un protocole de conciliation hors de prix. L’ardoise a été répartie entre tous les sites, dont Montceau pourtant visé parmi les sites à fermer. Nous avons dû nous acquitter malgré nous de 238 000 €*, soit environ ce qui nous a manqué au tribunal.
Pendant que le projecteur est mis sur Montceau, les affaires lucratives continuent pour le châtelain par ponctions annuelles du même ordre de grandeur que le déficit 2020 fatal à Montceau. HIVEST attend son heure avec impatience pour rentabiliser sa mise. Et personne pour financer sérieusement l’essor du groupe !
D’ici quelque temps, plus personne ne se souviendra que la collectivité aura épongé les dettes, celles d’aujourd’hui et celles à venir. L’épouvantail de la pérennité de tous les emplois laissera vite la place à un groupe qui se portera de nouveau comme un charme, sur terrain privé.