Ce vendredi, suite aux négociations avec la direction du groupe Eolane, les salariés ont signifié leur accord pour une indemnité financière à laquelle s’ajoute le plan social. « Une demi-victoire » assure leur avocat Ralph Blindaeur.
Le mercredi 25 novembre 2020, la sentence tombait, le tribunal de commerce de Chalon-sur-Saône prononçait la liquidation judiciaire d’Eolane Montceau.
Le couperet s’abattait sur la tête des 77 salariés. Ils ne voulaient pas mourir. Pas comme ça, comme des animaux qu’on conduit à l’abattoir. Jusqu’au bout ils ont lutté, à leur façon, sans mettre le feu mais avec dignité. C’est pourtant le P.-D.G., Henri Juin, qui a eu le dernier mot.
Aussi, sur les marches du palais de justice, leur avocat, Ralph Blindaeur pensait-il encore poursuivre le P.-D.G. en correctionnel pour escroquerie au jugement. Restait cependant à négocier avec la direction, les indemnités, la supra légale, ce petit plus financier pour atténuer la douce descente aux enfers des salariés. Mourir mais avec les honneurs.
De son côté, Ralph Blindaeur, en bon avocat, aurait aimé continuer le combat. « J’avais les armes, j’étais en position de force pour mener une action en justice mais Napoléon aussi était en position de force devant Moscou. On connaît la suite » précise-t-il. « Je ne fais pas la guerre avec la peau des salariés ».
Le silence des agneaux
D’ailleurs, le personnel lui-même, ne souhaitait plus entendre parler de tribunal. Avec leur avocat, ils sont donc parvenus à un accord. Le groupe Eolane glissait un chèque que les 77 salariés se partageraient à part égale. En novembre dernier, Ralph Blindaeur espérait un minimum 12 000 € par employé. « La transaction est confidentielle » dit-il. Selon nos informations, le chèque serait un peu plus élevé.
A cela s’ajoute le plan social, presque inespéré dans le cadre d’une liquidation judiciaire. « Il est de bonne qualité, j’ai limité la casse, c’est une demi-victoire » estime-t-il alors qu’il regagne son camping-car garé ce vendredi sur le parking du site Eolane Montceau. Son nouveau moyen de se déplacer mieux approprié avec la période actuelle.
L’avocat a donc assisté les 77 salariés qui ce vendredi sont venus tour à tour signer la transaction. « Le groupe nous donne de l’argent mais en échange il a l’assurance que nous n’allons pas le poursuivre aux prudhommes », dit tout bas un salarié.
Eolane achèterait-il le silence des salariés ? demande-t-on à l’avocat. « Je ne fais la même réflexion » répond-il.
Un plan social et une indemnité, « il ne fallait surtout pas tergiverser car dans un ou deux ans, je ne suis pas sûr que le groupe puisse payer. Il peut se retrouver en redressement judiciaire, il est fragile » conclut Ralph Blindaeur.
Eolane Montceau a définitivement disparu des écrans radar.
Jean Bernard
A ce qu’on m’a dit (source : employé Eolane licencié, inclus dans les 77), la fameuse transaction empêche les poursuites aux prudhommes, mais également la diffusion de son contenu ou d’une partie des contraintes qui y figurent, d’évoquer ou de parler aux médias de cette « transaction », bref, de « museler » la libre expression des salariés jetés à la poubelle comme des mouchoirs en papier, par ce détestable Henri Juin, dont la description qu’on m’en a faite me rend heureux d’être parti d’Eolane avant qu’il n’arrive …