Ils sont remontés comme des pendules et ce ne sont ni la pluie ni le froid ce lundi 17 février 2020 qui allaient paralyser le volonté des salariés d’Eolane Montceau, la CGT, le PC, les élus de Montceau, Blanzy et Saint -Vallier, de se mobiliser contre la volonté du groupe Eolane de se séparer de l’unité montcellienne.
Fidèles à leur façon de faire, sans terreur ni violence, les salariés d’Eolane Montceau vont médiatiquement faire parler d’eux. Ils ont commencé ce lundi sur le parking de l’entreprise sur la zone Sainte Elisabeth avant d’organiser un déplacement en bus jusqu’au château à le Fresne-sur-Loire près d’Angers, propriété de Paul Ragiun, lui-même président du conseil de surveillance et aussi majoritaire du groupe Eolane avec 51% des parts.
Jusqu’en 2017, les dépendances du château abritait la holding de la société et Paul Raguin, 79 ans, percevait et perçoit toujours un loyer d’environ 10 000 € même si à l’arrivée à hauteur de 49% du capital du fonds d’investissement Hivest Capital Partners, la holding a déménagé sur le site d’Angers.
Pendant ce temps-là, les dirigeants s’enrichissent
En somme le groupe Eolane verse un loyer à Paul Raguin pour des locaux vides, « et au moins pour une dizaine d’années », rappelle Alain Schleich, représentant du personnel d’Eolane Montceau. « Moralement, c’est inadmissible. D’un côté on cherche à se débarrasser de nous, de l’autre, les hauts dirigeants s’enrichissent », poursuit-il. Cherchez l’erreur !
Dans le contrat, Eolane doit entretenir les espaces verts du château, alors l’idée des salariés montcelliens est d’organiser un déplacement en bus le jeudi 27 février 2020, « et tondre bénévolement les pelouses » devant les médias, espère Alain Schleich.
« Nous participerons financièrement au déplacement » assure Marie-Claude Jarrot, maire de Montceau-les-Mines avec l’approbation d’Hervé Mazurek, maire de Blanzy et Alain Philibert, maire de Saint-Vallier.
Car désormais, il s’agit d’agir vite, le calendrier est serré, la fermeture du site montcellien pourrait intervenir en juin prochain si aucun repreneur ne se manifeste.
Une situation grave et dramatique aux yeux de l’avocat qui défend les intérêts des salariés de la zone Sainte Elisabeth, Ralph Blindauer. « Nous sommes dans un mouvement de désindustrialisation inquiétant en France. Ici, nous avons Eolane mais également Konecranes à Saint-Vallier (lire par ailleurs).
« Paul Raguin, il doit dégager » (Ralph Blindauer)
Son objectif, même si Eolane se retire, est d’arriver à zéro chômeur, que tous les salariés soient reclassés car il n’est pas question de laisser une friche industrielle. « S’il faut faire du chocolat ou des soutiens-gorge, les employés sont prêts à relever le défi », explique-t-il. Une bataille n’est jamais perdu d’avance. Et de citer l’exemple d’Allia à Digoin, « un investisseur suisse est arrivé et nous avons conserver 40 emplois ».
« Cette bataille, nous devons la mener avec les élus pour que Eolane Montceau devienne un problème politique majeur pour le gouvernement », plaide l’avocat.
Sa plaidoirie se durcit quand il appelle au départ de Paul Raguin, « il doit dégager, qu’il cède ses actions, il a fait beaucoup de mal à la société ».
Dans ce contexte, Marie-Claude Jarrot approuve les paroles de l’avocat. Elle exige également que le cabinet Clairfield, chargé de trouver un repreneur, « fasse un compte-rendu régulier de ses démarches, car à mon avis, ils sont en train de nous enfumer ».
Henri Juin, le P.-D.G. du groupe Eolane, « l’homme à la triste réputation » précise encore madame le maire, a donc trouvé à qui parler et ce ne sont pas uniquement avec les salariés mais bien tout le Bassin minier, désormais mobilisé.
Les murs du château commence déjà à trembler. Ce n’est que le début.
Jean Bernard