Droits des femmes – La France Insoumise donne la parole aux femmes

Lundi 8 mars 2021, la France Insoumise a saisi l’occasion de la journée internationale du droit des femmes, pour au cours d’une conférence de presse annoncer que cette semaine seules des femmes interviendrons dans les médias au nom de la FI.

Nous avons donc décidé localement de recueillir des témoignages de femmes insoumises du bassin montcellien ! En voici quelques-uns !

 



Toujours prouver davantage

Après une longue carrière d’aide soignante (21 ans), j’ai souhaité me diriger vers le métier d’animatrice socio-culturelle. Une autre façon de prendre soin. Bien qu’ayant fait mes preuves dans ce domaine, j’occupais un poste d’animatrice dans un foyer pour personnes en situation de handicap depuis cinq ans. J’étais comme on dit « faisant fonction ». Je ne pouvais me résoudre à ce statut qui n’en était pas un. Bien que cela semblait convenir parfaitement à mon employeur de l’époque. Il pouvait à sa convenance m’envoyer faire n’importe quel remplacement aide-soignante sans que je n’ai rien à revendiquer, sans parler du salaire !…

Après m’être inscrite en centre de formation et après avoir réussi les épreuves d’admission,  j’ai fais une demande  à mon employeur  pendant cinq ans pour faire cette formation BPJEPS animation sociale. Diplôme en  lien avec le poste que j’occupais. Impossible ! Il y avait toujours un collègue masculin qui avait été recruté sans diplôme a envoyer en formation, plutôt qu’une femme qui faisait le job sans véritable reconnaissance du travail effectué … Ou bien le collègue masculin Aide-medico-psychologigue (à l’époque) à envoyer en formation d’éducateur spécialisé ou encore recruter le professeur d’Activité Physique Adaptée un homme! et ainsi de suite….

 

Ce petit résumé de mon parcours ressemble pour beaucoup à celui de mes nombreuses collègues féminines.

En effet, même dans ce secteur médico-social, secteur du prendre-soin, secteur essentiellement féminin, les femmes devront toujours prouver davantage leurs compétences et qualités professionnelles.

Sous couvert de créer plus de mixité homme/femme, l’embauche d’un salarié masculin sera toujours privilégiée. Il peut même arriver qu’un homme sans diplôme soit recruté alors que plusieurs femmes en possession du diplôme demandé se voit refuser le poste. Cet homme se verra ensuite offrir une formation etc etc …

 

Au sein même des équipes de travail, l’accompagnement éducatif pour les taches ménagères, les courses, le quotidien.. se verra en priorité confié aux personnels féminins pendant que les professionnels masculins se verront confié des taches comme l’accompagnement lors de sorties sportives ou de loisirs.

 

Loin de moi la pensée de critiquer mes collègues masculins. Je suis plutôt d’avis que dans une équipe, ils sont indispensables. Je m’insurge contre les passe-droits qui leurs sont faits, au détriment de l’évolution de carrière des femmes .

 

Pour finir sur une note positive, à force d’entêtement et de multiples démarches j’ai pu faire ma formation, obtenir mon diplôme avec succès . J’ai bien sur changé d’employeur et j’occupe un poste qui me convient.



Des années d’autodestruction

Le 6 mai 1995 , ma vie à basculer, ma sœur de 19 ans est décédée sous les coups de son compagnon.

 

Son fils de 4 mois était dans ses bras au moment ou elle fut poignardée elle a eu juste le temps de le jeter dans les buissons.

 

J’ai dû me reconstruire seule, ma maman était dans une telle souffrance qu’elle ne pouvait la partager !

 

Il m’a fallu quinze ans pour parvenir à faire mon deuil ! J’ai eu mon fils en 2000, sa naissance a réussi à combler le vide affectif mais il me fallait encore des réponses !

 

J’ai dû aller me confronter au meurtrier de ma sœur !

 

Suite à ça je me suis séparée du père de mon fils et suis tombée dans la dépendance à plusieurs addictions !

 

Et en 2012 j’ai quittée Dijon pour la Saône et Loire j’ai eu la joie d’être à nouveau maman et à ce moment là j’ai pris goût à la vie cette naissance m’a ouvert les yeux et m’a démontré ce qu’est le combat d’une femme.

 

Nous avons évolué, grandi toutes les deux tout en se fixant des valeurs féministes, des valeurs de combats de femmes afin de se donner de la force pour ne plus subir !

 

Mes enfants sont mes piliers indissociables, nous formons un tout !



La femme et les cases

Tu nais fille : tu dois être mignonne, sage, bien éduquée, polie, tu dois rentrer dans les cases. Supporter les jupes, les robes, les collants, car une fille ça porte des robes ! Ne te salis pas trop, ne joue pas aux jeux de garçons, ne parle pas trop fort, ne ris pas trop fort, ne dis pas de gros mots, aime les barbies et les poupons, la danse et la gymnastique, ne cogne pas les garçons lorsqu’ils t’insultent et te frappent, laisse toi faire, ne braille pas, ne parle pas trop fort et entre dans les cases!

Ton corps change, supporte tes seins qui poussent, tes poils et tes hormones qui bouillonnent, ton corps change, tes hanches s’élargissent, tu prends du poids, ne parle pas trop fort ne te plains pas et entre dans les cases ! Tes règles arrivent, tu ne comprends rien on ne t’a rien dit ou presque. Tu perds du sang entre tes jambes, tes hormones te font déprimer, tu es énervée , tu ne comprends pas ce qui se passe, tu dois gérer ce sang qui coule, c’est désagréable, ça te démange , tu dois aller aux toilettes des dizaines de fois par jour, changer de serviettes, de tampons, tu tâches tes fringues, on se moque de toi, tu as chaud, tu t’énerves sans raison mais supporte, tais toi, ne sois pas hystérique enfin ! et entre dans les cases! Tu grandis, tu tombes amoureuse et puis non, tu penses être libre, avoir le droit de t’amuser, avoir des amoureux mais non on te juge aussitôt, si tu ne t’intéresses pas aux garçons tu es prude, ou lesbienne si tu t’y intéresses trop tu es une pute, tu ne te sens pas libre de faire ce que tu veux, tu n’es pas libre de faire ce que tu veux, on te juge, on t’observe, tais toi, n’en fais pas trop et entre dans les cases!

Quoi ? tu veux faire un métier d’homme ? Tu n’es pas sérieuse, pense plutôt à l’avenir ma petite, trouve toi un mari, un travail alimentaire et fonde une famille, tais toi, supporte et entre dans les cases !

Et puis non, pourquoi fonder une famille serait plus important que de devenir quelqu’un, faire un métier qui te plaît, qui te passionne ? Tu te rebelles et te bats pour ce métier, tu y parviens, on t’embauche dans cette super entreprise que tu convoites depuis que tu es sortie de la fac et là tu tombes de haut, tu découvres que ton collègue qui a exactement la même formation que toi avec moins d’expérience gagne 30% de salaire en plus, mais pour quoi ? On est incapable de t’expliquer cela, aucune raison rationnelle, valable, en fait c’est seulement parce que lui il est un homme…. Alors supporte tais toi et entre dans les cases!

Tu tombes amoureuse, tu as trouvé le grand amour, tu te maries (parce qu’il le faut, c’est plus respectable), tu achètes cette belle maison et tu tombes enceinte et ton patron te mets au placard parce que tu n’es plus présentable, plus efficace, pas rentable, tais toi, supporte et entre dans les cases!

Ton mari ne s’occupe pas de votre enfant, tu t’occupes de tout, les taches ménagères, les courses, les assiettes volent si le repas n’est pas prêt à l’heure, si sa chemise est mal repassée, les livres volent si le ménage est mal fait. Tais toi supporte et entre dans les cases!

Tu es fatiguée, un deuxième enfant est arrivé, les taches ménagères s’accumulent, ton patron t’as mise au placard, tu n’as plus le poste à responsabilité pour lequel tu avais tant travaillé auparavant, ton collègue a pris ta place. Tu n’arrives plus à tout faire, tu ne caches plus tes cheveux blancs, les rides apparaissent, tu n’as plus le temps de te maquiller, tu as pris un peu de poids car tu n’as plus le temps de faire du sport, tais toi supporte et entre dans les cases!

Le petit déjeuner ce matin n’est pas prêt à l’heure, les enfants crient trop fort, il pleut dehors, il te mets un coup de poing, te pousse, tu tombes, il s’excuse pleure et Promets que ça n’arrivera plus, tu te relèves, te prépares, camoufle les hématomes et part au travail comme si de rien n’était, en te taisant, en supportant et en entrant dans les cases!

Ce soir le dîner n’est pas à son goût il te trouve grosse et moche et les enfants ont fait des bêtises, il est énervé, les coups partent, au visage, dans le ventre, le dos, les côtes, tu es à terre, ton corps endolori et moite gis là comme une poupée de chiffon, ton cœur s’arrête…. Tu t’es tue, tu as supporté et tu es entrée dans cette putain de case!

Cette case, c’est une statistique, un numéro au bas d’une page, sur cette une de journal, dans les avis de décès, une de plus….

Cette case est celle du patriarcat, cette case est celle de l’injustice, de la soumission, de l’irrespect, de l’inégalité.

Cette case nous refusons de la remplir, nous refusons de subir, de supporter sans rien dire, nous sommes des femmes et nous refusons d’entrer dans cette case !

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