Membre du Parti de la gauche européenne – Section du Bassin minier –
Emmanuel Macron et la crise de la démocratie
Le président de la République possède décidément l’art de ne jamais répondre aux attentes et priorités des Françaises et des Français. Au fil des ans, la Constitution de la V° République s’est épuisée en se révélant une impitoyable machine à éloigner le peuple des décisions qui déterminent son avenir. La dérive ultraprésidentialiste du macronisme aura, dans ce cadre, rendu
littéralement explosive la crise de la démocratie dans notre pays. Célébrant le 65° anniversaire des institutions en place, Emmanuel Macron, trop occupé à en célébrer la force et la pérennité, n’aura émis aucune proposition répondant à cette situation grave et dangereuse.
Il prétend ainsi que la V° République « offre à la nation ce qu’il faut pour répondre de son destin ».
Mais, alors que nos compatriotes subissent la terrible détérioration de leurs conditions de vie du fait d’une inflation largement provoquée par la frénésie spéculative des grands groupes capitalistes, alors que simultanément les restructurations d’entreprises aggravent la désindustrialisation du pays, il n’existe pas de plus grande urgence que de donner une nouvelle impulsion à la démocratie sociale. Celle que le pouvoir n’a précisément cessé de piétiner. Pour l’intérêt général, il est par exemple temps que les salarié.e.s disposent de nouveaux droits leur permettant de s’opposer à la démentielle course aux dividendes des gros actionnaires et d’influer sur les choix stratégiques de leurs entreprises.
De même, se gargarisant du bon équilibre prétendu des institutions, le chef de l’État aura soigneusement écarté les dispositions qui seraient immédiatement indispensables pour reconstruire la confiance des citoyens et des citoyennes en la politique : l’inversion du calendrier électoral pour rétablir la prééminence du Parlement sur l’exécutif ; l’abrogation des articles de la
Constitution qui permettent aujourd’hui de réduire les Assemblées à l’impuissance, à commencer par l’article 49-3 ; l’instauration de la proportionnelle, afin que l’Assemblée nationale reflète vraiment la réalité politique de la nation ; le remplacement pur et simple de la procédure pipée du «référendum d’initiative partagée » par la possibilité réellement donnée aux électeurs et électrices d’obtenir un référendum sur les grands choix politiques et économiques ou les traités internationaux. Et cela devrait commencer par une consultation populaire sur les dispositions des traités européens qui condamnent la France, comme ses partenaires, à l’austérité budgétaire perpétuelle.
Et s’il s’agit, comme l’évoque Emmanuel Macron, d’ouvrir le débat sur l’équilibre des pouvoirs et une nouvelle étape de décentralisation, il convient de commencer par la réaffirmation des principes essentiels grâce auxquels nos compatriotes pourront se rapprocher vraiment des lieux de décision : la réaffirmation de la primauté des communes et des départements, leurs dotations en moyens budgétaires suffisants pour assumer leurs missions au service des populations et la reconnaissance de leur libre administration, l’adaptation du fonctionnement des collectivités à leurs spécificités particulières dans le respect strict des principes d’unité et d’indivisibilité de la République ainsi que de l’égalité d’accès de chacun et chacune aux mêmes droits sur l’ensemble du territoire national.
Ce 4 octobre, le président de la République a dit vouloir ouvrir le débat sur notre cadre institutionnel. Celui-ci est indispensable. Mais il aura ignoré, ou même refermé, les pistes qui devraient conduire à une refondation globale de la République, afin de la rendre pleinement démocratique et sociale, laïque et universaliste. C’est maintenant aux forces de gauche et écologistes, aux forces syndicales et associatives, aux forces vives de la nation de faire entendre leurs exigences en ce sens.
Où situer le communisme, entre démocratie et totalitarisme ?
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