L’attractivité du territoire, en l’occurrence celui de la communauté urbaine est aussi passionnant que La carte et le territoire de Michel Houellebecq, la littérature en moins. C’est une véritable alchimie où il faut prendre en compte des théorèmes et de savants dosages, ni trop ni pas assez, pour attirer de nouvelles entreprises sans prendre le risque de perdre celles qui ont déjà pignon sur rue et qui souhaitent se développer.
L’odeur du bon pain à 300 000 €
Au conseil communautaire ce jeudi soir à l’Alto au Creusot, on a donc parlé de développement économique, sujet où la CUCM a un grand rôle à jouer.
Prenons le cas d’Isabelle et Eric Durque dont la boulangerie est installée actuellement rue Jean Jaurès au Creusot. Ils veulent précisément développer leur activité et vont donc acquérir un local commercial sur 2400 m2 , place Bozu, toujours au Creusot, l’ancien garage Renault. Prix 100 000 € HT. A la clé, cinq nouveaux emplois.
Bâtiment que la communauté urbaine a acquis voici un peu plus d’un an au prix de 400 000 €, « soit quatre fois la valeur du prix de vente au couple Durque » s’étonne Charles Landre de l’opposition. « Pourquoi sa valeur a-t-elle autant chuté ou les Domaines ont-ils mal évalué le prix ? » interroge-t-il encore.
Acheté 400 000 €, vendu 100 000 € ! Olivier Perret, vice-président explique qu’il « a fallu négocier avec le groupe Thivolle (Renault) pour qu’il puisse s’installer sur un autre secteur ».
« Mais dites-le, la CUCM a versé 300 000 € à Thivolle » embraye Charles Landre.
« Ce n’est pas à partir de l’évaluation des Domaines que nous arrivons à négocier des réimplantations locales. C’est un soutien aux entreprises et au commerce qui se développent » lui répond d’un coup d’accélérateur Jean-Claude Lagrange (majorité).
Charles Landre cherche-t-il un raté dans le moteur ? « Tout est soumis au contrôle de légalité » lui rétorque le président David Marti. Allez, on coupe le contact. Contrôle technique OK.
Un étoilé affamé
Bientôt, enfin d’ici l’été 2020, nous pourrons aisément stationner notre véhicule à Mach 2 et déjeuner ou dîner à l’ABC, 4e du nom au Creusot. L’insatiable Cédric Burtin, chef étoilé du restaurant l’Amaryllis à Saint-Rémy, est le nouveau propriétaire des anciens bureaux de la Fonderie pour 20 000 €. Il faut le dire, c’est une ruine mais son emplacement pour un chef d’entreprise comme Cédric Burtin, vaut certainement son pesant d’or. Il envisage d’investir 1.5 M € pour rénover cet immeuble avec une superficie de 600 m2.
Cédric Burtin, un affamé des affaires. Après Chalon-sur-Saône, Mâcon, Montceau-les-Mines (achat de la brasserie Le Carnot avec pas loin d’1 M € d’investissement), il arrive donc au Creusot.
L’ABC Creusot proposera au rez-de-chaussée un espace restaurant d’un centaine de couverts et de salons privatifs à l’étage, ouvert 7/7 jours, de 7 heures à minuit. Là encore, des emplois à venir, jusqu’à vingt-deux en été.
Du côté de Torcy, c’est la société Westfalen France qui va agrandir son site avec la construction d’une plateforme de stockage, un bâtiment industriel et un bâtiment administratif et va acquérir auprès de la CUCM des parcelles de terrain de plus de 150 000 m2 pour un montant de 165 000 €. Et toujours de nouveaux emplois, entre 25 à 45 sur le site.
Des subventions pour soutenir et énerver
La CUCM vend et soutient également. Ainsi Vert Olive, société créée en 2011 au Creusot par Michel Andali, spécialisée dans la production et la distribution d’huile d’olive biologique sous la marque Couleur Olive, souhaite se développer et a besoin d’une surface d’exploitation plus importante. La société Vert Olive va acquérir l’ancien entrepôt Universal Effect d’une surface de 2 380 m2 situé 87 route de Montcenis au Creusot. Le montant de l’investissement s’élève à 410 000 € HT. Pour soutenir ce projet, la communauté urbaine accorde une subvention de 82 000 €.
Autre subvention, de 100 000 € à l’entreprise Eugène et Deschamps, spécialiste métallier et quincaillier qui veut s’implanter dans la zone industrielle de Torcy sur un terrain privé de 7 000 m2 et la construction d’un bâtiment de 2025 m2 (2 hangars). Deux emplois créés. Un investissement de 500 000 € HT.
Dernière subvention accordée ce jeudi soir, au pôle de compétitivité Nuclear Valley, 22 000 € dédiés au nucléaire civil.
Des subventions, encore des subventions, Charles Landre n’est pas contre mais « pourquoi ne pas aider les start-up sous forme de concours également… »
Une réflexion qui énerve le président. « Avec vous, ça ne va jamais. La subvention est une composante dans l’accompagnement des entreprises. On ne peut pas résumer la politique économique à des subventions contrairement à ce que dit l’opposition. La CUCM n’est pas un guichet pour donner des subventions. Si on met bout à bout les dossiers, ce sont au minimum quatre-vingts emplois sur le territoire. Moi, ce soir, je suis heureux, alors arrêtez de jouer aux pessimistes. Le territoire se développe, il a un bel avenir à condition d’y croire ».
Dans l’opposition on n’ a pas la même vision de l’avenir du territoire.
Jean Bernard