« Le théorème de Thalès… le théorème de Thalès… mais je ne m’en souviens pas! »
« Cinq minutes, je reviens ». La maman quitte la chambre, saute sur pour portable et tape sur Google théorème de Thalès.
« C’est bon ma chérie, je vais t’expliquer ».
A qui cette situation n’est-elle pas arrivée ces quinze derniers depuis que les écoles, les collèges, les lycées et les universités ont fermé leurs portes à cause du coronavirus et du confinement ?
Désormais, les élèves font cours à la maison.
Juliette est en 4e au collège Jean Moulin à Montceau-les-Mines et Romane en 6e au collège Copernic à Saint-Vallier. « Et croyez-moi, ce n’est pas rien » assure leur maman. « Elles ne sont pas en vacances, elles travaillent 4 à 5 heures par jour, elles ne font pas semblant ».
C’est aussi toute une organisation à mettre en place et financièrement, à la longue, ça peut coûter cher. « J’ai été obligé d’acheter un second ordinateur, sans compter l’encre et les feuilles » explique la maman.
« Des cartouches d’encre, mais partout c’est la rupture de stock » peste un papa d’une maison voisine. Quant à l’ordinateur, « le collège Jean Moulin en met à disposition pour les familles qui n’en ont pas » précise la maman de Juliette et Romane.
Chaque matin, les deux jeunes filles sont réveillées par leur maman, « il faut qu’elles gardent le rythme » dit-elle. Sur l’ordi, elles se connectent sur Pronote et trouvent les cours et exercices. En anglais et espagnol, elles disposent de sons audio. Elles ont même des cours d’éducation physique préparés par les profs de sport. « C’est le côté sympa, on le fait en famille ».
La première semaine a été laborieuse, surtout pour la plus petite. « Elle manquait de concentration et d’organisation » indique sa maman.
Une maman qui a donc le temps de s’en occuper, qui ne perd jamais patience mais est-ce le cas dans toutes les familles ? s’interroge-t-elle. Des enfants ont besoin d’un suivi plus poussé, « alors je pense que des parents peuvent lâcher ».
Aujourd’hui, cette maman se prend donc au jeu. « Je maîtrise Thalès, je connais tout de l’Empire grec ou de la culture de la pomme de terre » lâche-t-elle avec une certaine fierté. « D’un autre côté, ces cours à la maison obligent les gamins à devenir plus autonomes même si je suis obligée de les surveiller ».
Pas de contact physique avec les professeurs, évidemment mais « Romane, une fois par semaine, participe à la vie de classe, un fil de discussion avec la prof et les autres élèves » rapporte la maman-enseignante.
Les collèges s’intéressent également aux avis des parents, « ils nous envoient un sondage ».
Faire école à la maison est une disposition pour faire face à cette pandémie, du temporaire qui pourrait durer. Le week-end, c’est repos et les vacances de printemps qui approchent, seront des vacances possiblement studieuses pour certains.
« Maman, je ne sais pas faire ça ! »
« Maman, comment on fait ! »
Et Maman est toujours là. « Présente ».
Jean Bernard