Commémoration – Ne pas oublier Jean Moulin ni la Résistance

La commémoration du 81e anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance le 27 mai 1943 par Jean Moulin à l’initiative du Général de Gaulle en cette journée du 31mai 2024 a débuté par un recueillement au monument des Fusillés à Bel Air en présence d’élèves du collège Jean Moulin puis des prises de parole dans la cour, devant l’établissement scolaire.

C’est le jour de se rappeler que Montceau-les-Mines a été libérée le 6 septembre 1944 et décorée de la médaille de la Résistance en 1946. Ne pas oublier que pour vivre libre, les hommes et des femmes ont donné leur vie pour la France, « prendre conscience de ce qu’a été la Résistance » prononçait le député Louis Margueritte avant de poser la question, « qu’aurions nous fait à leur place ? »

Jean Moulin, un collège, des élèves et un principal, Pascal Lagoutte qui a rappelé combien le devoir de mémoire s’inscrit dans  l’engagement de l’équipe pédagogique auprès des élèves. « N’oubliez pas cette journée, à votre tour, vous allez être des passeurs de mémoire ».

Aussi, ont ils fabriqué une petite broche à trois fleurs aux couleurs de la France. « C’est un hommage à la fleur de la liberté réalisée par l’Autunoise Lucette Quignon Billard (1) pendant sa déportation » a expliqué Gaëlle Berthelon.

 

J.B.

 



(1) La broche tricolore de Lucette Quignon Billard (document Les Amis de la Fondation de la Résistance)

Voici le témoignage de Lucette :

« Venant du convoi du Camp de RAVENSBRUCK,  fin septembre 1944, nous avons été  transférées  -1200 femmes environ de toutes nationalités, vers un kommando  à GENSHAGEN- LUDWIGSFELDE, au sud de Berlin- dans une usine d’armement, usine comme tant d’autres, transformée en véritable Camp de Concentration, entourée de fils de fer barbelés électrifiés, avec des miradors aux quatre coins de l’usine où les DEPORTÉS,  traités comme des esclaves servaient de main d’œuvre gratuite dirigée par des SS hommes et femmes.

« Ayant été affectée, seule Française, à la spécialité  du fil de fer (drahtage) et travaillant  tant bien que mal sur des pièces de moteurs d’avion, il me vint à l’idée de façonner quelques fleurs rassemblées en une BROCHE, que je coloriais ensuite à l’aide d’un petit morceau de bois, en guise de pinceau, grâce à un peu de peinture que m’apportait furtivement de son lieu de travail, une camarade française, Lucienne FALIERES affectée, elle, à la peinture. Nous étions au début de novembre 1944, les matières premières manquant à l’usine, le travail marchait au ralenti. Nous avions un peu de répit. Les surveillantes SS étaient moins attentives et se faisaient plus rares.

« Ma petite création se faisait clandestinement, cachant mon petit matériel : fil de fer et pince coupante sous mon établi. Je fis peut-être une quinzaine de broches en quelques jours (sans faire de propagande, c’eût été trop dangereux) que je distribuai au fur et à mesure à des camarades qui travaillaient non loin de moi. Que je les trouvais belles ces petites fleurs tricolores au milieu de cet univers d’esclavage !  C’est ainsi que le matin du 11 NOVEMBRE 1944, malgré le froid, la faim, la hantise et la peur, nous avons voulu honorer nos POILUS de 14-18, quelques Françaises et Belges,  en arborant sur nos « oripeaux », une broche tricolore, avec beaucoup de fierté en nous-mêmes, mais aussi avec une certaine crainte !

« Durant un appel, une jeune Bretonne, Denise Le FLOHIC, avait accroché sa broche sur sa poitrine,  mais une SS l’ayant remarquée lui arracha brutalement. Elle en resta stupéfaite !… Elle s’en souvient encore aujourd’hui. Une autre jeune Française, Micheline Le CALONNEC, Bretonne elle aussi, traversait l’usine avec des fleurs dans les cheveux. Elle allait voir sa sœur Annette, sur son lieu de travail, c’est cette dernière qui me raconte encore aujourd’hui qu’elle tremblait de peur pour Micheline.

« Malgré la crainte que nous pouvions éprouver, agrafer nos « trois couleurs » devant nos bourreaux,  c’était en somme une sorte de « revanche » pour nous toutes.  Heureusement, il  n’y eut aucunes représailles, car très vite, nous les avons fait disparaitre, de peur d’être punies.

« Aujourd’hui, avec le recul  du temps, je me souviens que durant ces quelques jours où je fabriquai ces fleurs tricolores, tout en songeant  à mon père qui avait fait les quatre années de guerre 14-18, j’oubliai un peu la froidure de l’usine  et les tiraillements de mon estomac !…

Née timidement dans un camp de concentration, cette broche tricolore a refleuri le 8 mai 1990, reliée à un barbelé par une personnalité locale en l’appelant  la « FLEUR DE LA LIBERTÉ ». Elle est devenue un « SYMBOLE », celui de « NOTRE LIBERTÉ ». Symbole lourd de souffrances, mais aussi d’espoir pour tous les DEPORTÉS.

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