Ce 6 décembre 2021, devant le Mémorial de Blanzy, sous la pluie, s’est déroulée la cérémonie d’hommage aux morts pour la France pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de Tunisie.
Un instant solennel en présence du sous-préfet Marc Makhlouf qui, dans le message de Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, a rappelé que « des centaines de milliers de jeunes hommes appelés ou rappelés sous les drapeaux, des milliers de membres des forces supplétives ont servi et combattu. Près de 30 000 périrent souvent très loin de leurs attaches et de leurs familles, souvent à l’âge ou l’on construit sa vie. Cette journée leur est consacrée ».
La suite du message : « Toute une génération a affronté la guerre et ses multiples visages, la violence et son âpreté. Nombreux sont ceux qui en souffrent encore dans leur chair, dans leur corps et dans leur esprit. Nombreux sont ceux pour qui le souvenir de ces mois de service et de guerre est toujours tenace. Les anciens d’Afrique du Nord sont les forces vives du monde combattant et saluent aujourd’hui leurs frères d’armes « morts pour la France ». La Nation les accompagne dans leur hommage et pense aussi aux disparus civils et militaires.
La France sait la douleur des anciens harkis qui ont été contraints de quitter leur terre natale et ont été indignement accueillis en métropole. Nous œuvrons pour la reconnaissance et la réparation.
Collectivement, nous voyons, nous ressentons encore les blessures non-cicatrisées nées de cette épreuve nationale, nées de la complexité et des multiples facettes de la Guerre d’Algérie. Nous n’oublions ni les souffrances des civils, ni les familles qui ont abandonné un pays qu’elles aimaient tant. Autant de drames familiaux, personnels et même intimes, notamment pour les rapatriés d’Algérie.
Ils sont le million de Français d’Algérie d’origine européenne, ce peuple mosaïque fait d’artisans, de commerçants, d’agriculteurs, d’enseignants, de militaires, de fonctionnaires et d’entrepreneurs, souvent de conditions modestes. Ils ont été arrachés à leurs racines après le 19 mars 1962. Certains ont été tués par des balles françaises le 26 mars rue d’Isly, d’autres ont été massacrés à Oran le 5 juillet 1962. Nombre d’entre eux ont été accueillis dans des conditions très précaires, rejetés ou stigmatisés, connaissant parfois le désarroi psychologique ou la misère sociale. Ces vérités doivent être énoncées, simplement, clairement. Sans les polémiques, les préjugés ou les non-dits qui enkystent les consciences et participent à l’affrontement des mémoires.
Ensemble, nous contribuons à transmettre, à expliquer ce passé douloureux, à reconnaitre les fautes qui ont été commises. Nous le faisons en partageant les mémoires individuelles, familiales et associatives, en développant le travail de recueil des témoignages, en incitant les témoignages croisés au sein des établissements scolaires. Ainsi, le 60ème anniversaire de l’année 1962 sera celui du dialogue et de l’apaisement entre les différentes mémoires de la guerre d’Algérie ».