Dieu créa le monde en sept jours dont un pour se reposer. On dit qu’il a été le potier qui façonne à son image. Dans un autre registre, sans rapport avec les écrits évangéliques, Fanette Monnet, façonne également à l’image de son ressenti, de ses états d’âme ».
Elle n’a pas écrit la genèse mais elle scrute la vie comme d’autres croquent dans la pomme dans un jardin imaginaire. L’imagination, Fanette Monnet la croque en pleines dents, disons plutôt que son imaginaire la rend indéfinissable pour lui coller une étiquette sur les fesses.
A partir de ce samedi 11 juin 2022, elle expose ses oeuvres à la médiathèque, salle Jacques Prévert à Blanzy. Sans doute que le poète populaire aurait trouvé grâce aux yeux de l’artiste pour coucher sur le papier, l’expression d’une divine inspiration avec son langage familier.
Fanette Monnet, professeur d’art plastique au collège Copernic à Saint-Vallier, vit sa passion à Blanzy où elle a élu domicile. Originaire du Jura, après des études à Strasbourg, elle obtient son premier poste près de Chartres où l’envie de manipuler l’argile la démange. « J’étais seule, je ne connaissais personne alors j’ai pris des cours mais je n’ai pas vraiment été emballée de faire des pots, j’ai donc fait du modelage ».
Ce besoin de créer lui colle à la peau comme un chewing-gum à la chaussure. « La solitude a voulu probablement que je peuple mon univers de personnages du vivant. Ils sont entamés, déformés, en mutation, ils ont subi des cassures, des fêlures » explique-t-elle. Comme une nécessité de délivrer son corps des démons. « C’est une dimension cathartique » ajoute-t-elle. « Il me plaît de rendre beau la fragilité humaine ».
Des oeuvres fragiles qui ne donnent pas lieu pourtant à une explication fermée. « C’est d’abord une oeuvre d’art, chacun aura son ressenti » indique-t-elle. Effectivement, on peut tout imaginer et son contraire, observer l’oeuvre devant et derrière et « cette exposition me permettra de voir comment les gens vont réagir ».
Quand bien même la société nous impose beaucoup de choses, les modelages de Fanette Monnet conduisent à s’interroger sur notre propre construction « ou à notre déconstruction » émet-elle.
Mettre nos pas dans les empreintes de ses « états d’âme », c’est déjà ouvrir son esprit à l’art. Quel qu’il soit.
La belle et la bête sommeillent en chacun de nous.
Jean Bernard