L’eau envahit tout, même les maisons, les caves, les garages. L’homme passager provisoire de la terre en vient à maudire la météo, à accuser le climat, à s’insurger contre les élus laxistes, à vouer aux gémonies les assureurs rapaces et passer son temps à regarder la météo sur les chaines d’info en continu.
C’est comme l’histoire de l’œuf et de la poule, qui est arrivé en premier ? La nature était là avant que l’homme n’apparaisse, mais l’homme a tué dans l’œuf les réflexes naturels. Sauf que, plus il dompte les éléments plus ils trouvent le moyen de se venger !
Un exemple, simple, sous nos yeux : la Bourbince, Burbentia de l’ancien temps, atout naturel avec la Dheune qui a permis la percée d’une liaison entre la Saône et la Loire, qui a donné son nom au département.
L’homme a domestiqué ces rivières, leur a imposé un cours, régulé, leurs lits. A Blanzy à Paray la Bourbince avait, autrefois, deux bras, une largeur facilement double d’aujourd’hui. A Montceau elle est en partie canalisée. La volonté de l’homme a mis la main à des ouvrages de génie civil pour permettre de passer la rivière à pied. Et l’homme a réussi à dompter ses crues en partie. Formidable, sauf que la sagesse n’est pas la vertu cardinale de l’homme.
Il a tant construit, tant imperméabilisé les sols, tant rejeté d’eau dans le milieu naturel, tant travaillé, durci, asséché les sols que l’eau ruisselle dessus sans pénétrer. Alors la Bourbince de temps à autre vient se rappeler au bon souvenir de ceux qui croyaient l’avoir endormie, apaisée, domptée.
Du coup l’habitant se réveille éberlué ou choqué. Il ne comprend pas pourquoi de telles situations peuvent encore avoir lieu avec tout ce qu’on paye comme impôts, comme assurances et tutti quanti ! Il oublie les trois quart du temps les groupes de pression pour ouvrir à l’urbanisation à des zones interdites ou protégées. Il passe sous silence le fait que lors de l’inclusion des plans de vigilance crue dans les POS des municipalités ont perdu leurs mandats, que les électeurs n’ont pas pardonné des remembrements ou l’absence de ces derniers.
En résumé l’homme et la nature continuent un interminable combat qui n’aura que des vainqueurs temporaires et des épisodes dramatiques.
Mais quoiqu’il en soit il faut garder sa bonne humeur et bien se couvrir car il risque de pleuvoir. Et puis au moins on a un sujet de conversation assez consensuel.
Gilles DESNOIX