Créée il y a 24 ans suite à l’assassinat de Christelle Bletry à Blanzy, l’association Christelle a pour objectif d’accompagner les familles victimes d’agression criminelle.
24 ans que l’association témoigne toujours de la même volonté à servir les familles endeuillées et reste mobilisée pour que la justice triomphe dans les meilleurs délais.
24 ans que pour toutes ces familles la souffrance est toujours là.
Ce vendredi soir à l’EVA à Blanzy, il régnait à la fois une ambiance paisible et néanmoins pleine d’amertume au cours de cette 24e assemblée générale, « la première depuis mars 2020 dans ce lieu » notait le maire Hervé Mazurek.
Bernard Hommey a annoncé son désir de quitter son poste après 16 années de présidence. Mais comme en 2019, la question de sa succession se pose. En attendant, il rappelle que sur les 11 familles pour lesquelles l’association apporte son soutien, 4 procédures sont complètement terminées (Christelle Maillery, 16 ans, assassinée en 1986 au Creusot; Christelle Bletry; Psacal Gil, 19 ans, assassiné en 1999 à Buxy et Valérie Bourget, 22 ans, assassinée en 2004 à Blanzy).
Premier hiatus que dénonce le président, « deux des meurtriers ont déjà obtenu leur libération un peu plus d’une douzaine d’années seulement après leur incarcération. La notion de dette dans le droit français ne paraît pas égale pour tous ».
Il ajoute, « une nouvelle fois, nous ne pouvons que constater que la douleur de nos familles ne soulève aucun écho auprès des représentants de la justice. Ils affichent un sentiment de supériorité voire de dédain envers nos victimes ».
Que justice soit faite
Même si ces derniers mois ont été très difficiles dans le relationnel à cause de la pandémie, l’association n’est pas restée inactive. Marie-Rose Bletry s’est présentée devant la commission chargée d’envisager la constitution de cellules d’enquête « cold case » et a porté des revendications, notamment l’imprescriptibilité sur tout crime de sang, que les scellés soient conservés jusqu’à la résolution d’un dossier ou encore l’exécution de la totalité de la peine d’emprisonnement, que le juge d’instruction tiennent informé les familles.
Ces mêmes remarques, deux avocats les dénoncent dans un livre, « Nous avocats des oubliés ». Leur constat est édifiant. Ils relèvent le manque d’effectifs dans les enquêtes et dans le service judiciaire, le peu de volonté à reprendre à zéro les dossiers anciens, la destruction anarchique des scellés et la mise à l’écart des familles
« Nous savons pourquoi nous nous battons. Il reste le même et tant que justice en sera pas obtenue pour l’ensemble de nos dossiers, nous ne faillirons pas » déclare Bernard Hommey.
L’association Christelle vit essentiellement des cotisations des adhérents et de l’aide des quatre communes du Bassin Minier qui elles-mêmes viennent en appui aux victimes de violences intrafamiliales avec le réseau VIF. Mieux, Blanzy, Montceau, Sanvigne et Saint-Vallier, financent le poste d’une personne chargée d’accueillir au commissariat de police principalement ces femmes et les enfants en danger. « Nous avons pour eux, un appartement d’urgence » explique Marie-Claude Jarrot, maire de Montceau.
Ce n’est pas sans rappeler justement, les dernier féminicides avec des anomalies du fonctionnement de la justice où, « malgré le bracelet électronique, un individu peut tuer son conjoint » soulève Bernard Hommey.
L’association Christelle n’est donc pas prête de s’éteindre.
Jean Bernard