Communiqué de la CGT du bassin montcellien.
LE 1 er MAI, JOURNEE INTERNATIONALE DE LUTTE
ET DE REVENDICATION DES TRAVAILLEURS 1/2
En ce 1er Mai 2020 inédit, où le confinement pour lutter contre le covid-19 rend impossible toute manifestation publique, les militant-e-s de l’Union Locale CGT du Bassin montcellien tiennent à honorer cette journée de lutte à leur manière en revenant sur l’origine du 1er Mai et les luttes ouvrières qui l’ont accompagné.
Tout commence à Chicago en 1886
« A partir d’aujourd’hui, nul ouvrier ne doit travailler plus de
8 heures par jour !8 heures de travail ! 8 heures de repos !
8 heures d’éducation ! »
C’est ce qu’ont décidé les ouvriers américains durement confrontés à l’exploitation capitaliste, exacerbée encore par la nouvelle crise de 1884. Conditions de travail et de vie déplorables, chômage, misère… voilà le sort au XIXème siècle de la jeune classe ouvrière des USA qui cherche à s’organiser pour la défense de ses intérêts et à unifier la multitude des syndicats locaux, profondément cloisonnés sur la base des métiers.
Les travailleurs vont se saisir de ce mot d’ordre unificateur « pour la journée de 8 heures » et les organisations ouvrières regroupées dans l’American Federation of Labor (AFL) décident que cette journée de mobilisation serait fixée au 1er mai. Pourquoi cette date ? Selon l’usage, c’était le « moving day », jour des renouvellements des contrats de travail. l’AFL réclame au patronat qu’ils soient désormais fondés sur la journée de 8 heures.
Le meeting de Haymarket square le 1er mai 1886 : provocation et répression
Jamais ils n’avaient été si nombreux, jamais non plus on avait vu autant de manifestants appeler partout sur un mot d’ordre unique : la journée de 8 heures ! Plus de 5 000 grèves, 200 000 manifestants dans les grandes villes industrielles. Certaines professions obtiennent même les 8 heures.
A Chicago, où les ouvriers vivaient dans des conditions particulièrement misérables, 30 000 grévistes manifestent ce 1er mai 1886. Et le mouvement continue les jours suivants. 340 000 le lendemain ; dans la foule, des agitateurs embauchés par la police et les milices patronales viennent semer le trouble. Un coup de feu part, sans victime, mais prétexte pour la police et les milices patronales d’ouvrir le feu sur les manifestants : 6 morts et une cinquantaine de blessés. Le 3 mai, la police tire sur des grévistes à l’usine Mc Cormack. Le lendemain de véritables affrontements ont lieu. Les anarchistes convoquent alors un meeting à Haymarket Square le 4 mai et, alors que le rassemblement touche à sa fin, l’explosion d’une bombe fait 17 morts – dont 7 policiers. C’est le point de départ d’une monstrueuse machination. 8 des organisateurs sont arrêtés, 5 sont condamnés à mort. En
novembre 1887, malgré l’absence de preuve de la culpabilité des accusés et la protestation internationale, les autorités font pendre 4 ouvriers (le 5ème se suicide dans sa cellule). Un juré avouera cyniquement hors du tribunal : « On les pendra quand même ! Ce sont des hommes trop dévoués, trop intelligents, trop dangereux pour nos privilèges ! ». Tous seront reconnus innocents en 1893.
Dans ses dernières paroles, August Spies, l’un des quatre ouvriers pendus, a dit : « Il viendra un temps où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui. Que la voix du peuple soit entendue ! »
L’événement fut exploité par les médias pour susciter une atmosphère d’hystérie et de haine contre le mouvement ouvrier en grève. « La bombe n’a pas seulement tué des hommes ; elle a aussi tué notre mouvement » (Gompers, de la direction de l’AFL).
Pourtant, quelques mois plus tard, le congrès de l’AFL, réuni à Saint Louis, décida la journée de lutte du 1er mai
1890 pour la journée de 8 heures.
2 communiqués dans la même journée. C’est le « nervous breakdown » qui vous guette.