Un architecte ne se contente pas de construire. Il s’appuie sur la mémoire du patrimoine, s’imprègne de l’histoire des lieux pour en révéler le potentiel, imaginer leur devenir, les transformer et parfois… les ressusciter.
La semaine dernière, notre territoire a accueilli 22 étudiants en école nationale supérieure d’architecture (19 venus de Paris et 3 de Lyon) accompagnés de leurs enseignants respectifs, Joanne Vajda et Jean-François Perretant. Une immersion de terrain, à la croisée de l’étude architecturale, de la réhabilitation patrimoniale et de la prospective urbaine.
Leur point de départ, Perrecy-les-Forges, où ils se sont penchés sur deux « cas d’école » emblématiques, l’îlot de l’ancien Casino dans le cœur du bourg, et le logis du Prieuré. Deux lieux en suspens. Faut-il les démolir ? Les réhabiliter ? Peuvent-ils retrouver un usage, une identité contemporaine sans renier leur passé ?
Sous la conduite éclairée de Jean-Louis Ducerf, conseiller municipal passionné d’histoire et délégué aux projets d’aménagement, les étudiants ont percé les secrets d’un patrimoine souvent méconnu. Derrière la façade décriée de l’ancien Casino _ qualifié par certains de « verrue » urbaine _ se cache une charpente remarquable datant du XVIIIe ou XIXe siècle, témoin silencieux d’un autre temps.
Alors, démolition ou rénovation ? Oubli ou réinvention ?
Dans cette démarche de réflexion, les étudiants, dont certains sont originaires de Colombie, d’Israël, de Corée du Sud ou d’Italie, ont élargi leur regard à d’autres sites du territoire. Ils ont notamment visité la villa Perrusson à Écuisses, exemple magistral d’un patrimoine en ruine, aujourd’hui restauré avec soin et qui a retrouvé toute sa splendeur d’antan, hommage vivant à l’âge d’or de la céramique.
À l’inverse, c’est la complexité technique du lavoir des Chavannes à Montceau-les-Mines qui les a captivés. Lieu de mémoire industrielle, doté d’une ingénierie rare, il les a fascinés tant sur le plan architectural que fonctionnel. « C’est extraordinaire », confie Joanne Vajda, à l’issue de cette visite guidée par Jean-François Gagne, président de l’Association de sauvegarde du lavoir.
Mais alors, que faire de ce lavoir ? Comment lui redonner une place dans le paysage urbain ou culturel contemporain ?
« Nous sommes là pour apporter des réflexions, poser des hypothèses sur l’avenir de ce patrimoine bâti, entre mémoire et projection », explique Jean-François Perretant.
Les idées ne manquent pas. Mais souvent, c’est le financement qui freine l’ambition des projets.
Ces jeunes architectes en devenir repartent avec des pistes, des croquis, des questionnements… et sans doute une conscience plus aiguisée du rôle fondamental de l’architecte : interroger le passé pour mieux construire l’avenir.
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J.B.
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L’îlot de l’ancien Casino à Perrecy-les-Forges (à droite sur la phot), c’était au cours d’une visite du président de la CUCM en août 2020. Quel projet pour ce bâtiment à l’abandon ?



