Utilisation du glyphosate – La France est ni pour, ni contre

« GLYPHOSATE : une sage abstention de la France ».

 

Réaction de Jérémy DECERLE, Député européen et agriculteur, suite à l’abstention de la France sur la proposition de la Commission européenne sur le Glyphosate.

 

 

Les États Membres européens étaient invités, aujourd’hui, à se prononcer sur une proposition de reconduction du glyphosate pour 10 ans. La France s’est abstenue. Contrairement à ce que disent certains, c’était courageux.

Car face à tous ceux qui cherchent à polariser le débat, à le simplifier à l’extrême, à classer les gens en pour ou contre, à ne regarder que la partie des analyses disponibles qui les arrange, il faut un courage et une patience infinis pour tenir une position raisonnable et au final réaliste.

Il n’existe aucun scénario où tout produit à base de glyphosate serait interdit en Europe, à partir de décembre. Ce serait aller en contradiction totale avec les évaluations scientifiques les plus à jour et les grands enjeux agricoles et alimentaires.

 

Il est tout aussi irréaliste d’imaginer qu’on va revenir en arrière et tout autoriser sans restrictions. Ce serait une position facile pour moi, la plus facile, mais ce serait nier toute une partie des conclusions de l’évaluation scientifique, les attentes de la société, et tous les progrès déjà réalisés pour réduire l’usage de ce produit.

La réalité sera, c’est sûr, entre les deux. On va réautoriser, mais sous conditions. En s’abstenant, la France aujourd’hui décide simplement de rester dans le jeu, de continuer à peser dans la définition des modalités de la réautorisation. Elle s’en serait extrait en votant pour ou contre.

Même si c’est l’esprit de la réglementation en vigueur, il n’est pas décent, comme le voudrait la Commission, de laisser chaque pays, de son côté, au moment de l’autorisation de mise en marché, définir les restrictions qui prendront pleinement en compte tous les éléments de l’évaluation des risques. Tous les produits agricoles européens sont sur le même marché, notre marché unique, qui en matière de pesticides, comme sur d’autres sujets, doit impérativement avancer vers des règles uniques, harmonisées. Sinon ce sera de la distorsion de concurrence assurée entre agriculteurs.

Avant la décision finale en novembre, la Commission a une dernière chance de prendre la seule décision qui serait vraiment courageuse : des doses, des usages, des mesures de précaution, des restrictions communes et obligatoires. Si elle ne le fait pas, le glyphosate ne sera pas interdit, tant mieux, il n’y a pas de raison de l’interdire, mais il sera utilisé n’importe comment selon les pays. Et on continuera à mettre en danger, jusqu’à la prochaine réévaluation, les utilisations qui restent pertinentes, comme en agriculture de conservation.

 

 

Jérémy DECERLE, Député européen et agriculteur.

Un commentaire :

  1. Il me semble que récemment, un jugement a été rendu et qui désigne bien le glyphosate comme responsable de malformations chez des enfants et suspicion de développement de cancers. La seule mesure de précaution voudrait que l’on interdise ce produit pour toujours et avec effet immédiat ! Il semblerait que les intérêts économique soient plus importants que la santé de la population.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *