Team Bambou – Pédale ou crève : 60 heures dans la roue de Gilles Penot

692 kilomètres, près de 10 000 mètres de dénivelé positif, un vélo en bambou et 60 heures d’effort presque ininterrompu. Gilles Penot n’a pas simplement relié Bordeaux à Bilbao, il a traversé les Pyrénées comme on affronte un mythe, à la force des mollets et du mental. Une aventure folle, taillée sur mesure pour cet insatiable bourlingueur des longues distances.

« Quand je suis arrivé à Bilbao, j’ai embrassé ma femme, puis je suis descendu de mon vélo en me disant, je l’ai fait ».

Ce Bordeaux-Bilbao n’était pas qu’un défi de plus sur son tableau de chasse. C’était surtout la dernière grande répétition avant le grand départ de juin 2026 : la traversée des États-Unis à vélo. Une diagonale à l’américaine, à l’image de son appétit pour l’extrême.

Le jeudi 25 septembre, au petit matin, Gilles prend le départ, l’esprit clair et le regard tourné vers les montagnes. D’abord, il savoure les paysages suaves des grands crus de Pessac-Léognan. Les rangs de vignes défilent, les Landes s’étirent, puis la Chalosse déroule ses collines.

Sur les longues lignes droites bordées de pins, le Blanzynois appuie sur les pédales, fait tomber les kilomètres, engrange les heures. Mais très vite, les choses sérieuses commencent, les montées béarnaises annoncent le plat de résistance. Le menu est corsé avec le col de la Lie, col de Labays, col du Soudet… avant le juge de paix, la Pierre-Saint-Martin. « Des pentes à 19 %, la température proche de zéro au sommet… C’est le parcours le plus dur que j’ai jamais fait », confie-t-il.

C’est là, au sommet, que les 70 participants ont basculé en Espagne, entamant une descente vertigineuse de 60 kilomètres. Une délivrance pour les jambes, un frisson pour l’esprit.

Mais l’aventure, la vraie, se joue ailleurs. Dans le silence glacé des Pyrénées, en pleine nuit, quand les autres dorment et que les jambes brûlent. « Quand tu es tout seul au milieu de la montagne, à 3h du matin, tu te demandes ce que tu fais là ».

Pendant 60 heures, il a pédalé, dormi à même le sol sur un carton ou un banc, repris la route comme on part au front. Chaque minute était comptée, il fallait terminer en moins de 85 heures. Il l’a fait en 60. « Quand tu as sommeil, tu dors. Quand tu as mal, tu pédales quand même. C’est le mental qui fait la différence ».

Sur les 70 courageux au départ, ils ne furent que 45 à franchir la ligne d’arrivée. Gilles Penot se classe 25e. Le vainqueur a mis 32 heures. Mais dans ce genre d’aventure, le chrono n’est qu’un détail.

Gilles, lui, cherchait la difficulté. Il l’a trouvée. Et il l’a domptée, comme un aventurier des temps modernes, juché sur un vélo en bambou et nourri d’une seule certitude, plus c’est long, plus c’est bon.

J.B.

Gilles Penot pédale aussi pour apporter son aide à Lola pour lui financer des soins nécessaires à sa pathologie, une jeune montcelliens qui connaît des troubles neurologiques. A ce jour la cagnotte est à 2500 €.

Pour tout savoir sur la RAAM 26 et la Team Bambou : https://www.teambambou.fr/

 

 

 

Les commentaires sont fermés.