Il est souvent fait un parallèle entre le sport de haut niveau et l’économie. Sur certains points, ils se rejoignent notamment les objectifs à atteindre et la façon de s’y prendre. Chefs d’entreprise, toujours en quête de bons résultats et athlètes notamment ceux qui préparent de très grandes échéances, en particulier les Jeux Olympiques et ceux notamment qui auront lieu en 2024 à Paris, se mouillent.
Performer pour cueillir le graal demande d’un côté comme de l’autre, des sacrifices dont on ne mesure pas toujours la quantité de travail liée à la qualité.
La présence depuis samedi dernier de l’équipe de France de natation artistique à Montceau-les-Mines a donné l’idée à Sascha Kettler, directeur du site Michelin Blanzy, d’inviter justement les nageuses françaises aux ADJ à Montceau en présence des patrons du Bassin minier. Ce fut un moment de grande éloquence de la part des sportives devant une assemblée d’hommes et de femmes à l’écoute et passionnés.
Car si les patrons français ont pour objectif de « récréer l’industrie en France de demain » et c’est un Allemand, Sascha Kettler qui le dit, les nageuses ont pour unique ambition aux JO Paris 2024, de ramener deux médailles, en duo et par équipes ce qui passe par une cohésion de groupe indéfectible.
La difficulté est grande pour l’équipe de France de natation artistique. Déjà, elles sont 13 alors que 8 participeront aux JO. « Elles doivent travailler ensemble sans avoir l’assurance d’aller au bout. C’est le collectif qui passe en premier » signale Julie Fabre, directrice des équipes de France et entraîneur de l’équipe de France avec Laure Obry à ses côtés. Laure est l’épouse de Hugues Obry, entraîneur de l’équipe de France d’escrime.
La natation artistique, c’est la recherche d’une synchronisation acharnée entre les nageuses, le staff, les médecins, un musicien pour les chorégraphies, en l’occurrence Mourad Merzouki, le préparateur mental. « C’est ainsi que cette équipe réussira » note Julie Fabre. Les filles s’entraînent ensemble toute l’année à l’INSEP à raison de 7 à 8 heures par jour. « Et elles font des études, elles sont brillantes car plus tard, et c’est de notre responsabilité, elles devront vivre d’un métier ».
Vivre ensemble pour le meilleur et pour le pire
« Quand vous arrêterez le sport, vous aurez votre place dans une entreprise » ne manque pas de suggérer le directeur de Michelin Blanzy, toujours à la recherche de talents.
Du talent, elles en ont. Ne sont-elles pas championnes d’Europe en Pologne cette année ! Alors une médaille olympique est dans leur corde. « C’est notre objectif commun que celui d’aller toujours plus haut » confirme Romane. A l’Euro, la France était invincible.
Dans le groupe, un des points essentiels qui a été mis en exergue, c’est la communication entre les filles après l’entraînement, avec les entraîneurs même si la capitaine, Charlotte en l’occurrence, joue les intermédiaires aussi. « Il est important d’observer les nageuses au quotidien, voir comment elles se comportent, repérer les petits signaux, si elles vont bien ou pas et en parler » précise Laure Obry.
Le vivre ensemble impose également de fixer des règles qu’elles ont rédigé elles-mêmes. C’est par exemple être ponctuelle, s’écouter, s’entraider, respecter une hygiène de vie, se parler « toujours dans la bienveillance et le respect » indique Manon. « Quand les règles ne sont pas respectées, on le dit » ajoute Julie Fabre.
Reste un dernier point qui sont les valeurs communes, le socle de l’équipe qui se traduit par l’esprit d’équipe, la persévérance.
Une préparation olympique qui plus est avec des JO à la maison demande énormément de sacrifices. Les nageuses s’entraînent beaucoup, étudient également, « ça nous permet de penser à autre chose » assure Charlotte. Le dimanche, c’est repos et chacune pourra rentrer à la maison du 22 décembre au 2 janvier.
Fin mai début juin, elles seront 8. « Pas facile d’être manager et entraîneur, nous devons choisir le collectif qui ira aux JO. On passe par des étapes. Vous savez, vous avez des champions du monde de l’entraînement qui s’effondrent en compétition » fait observer Julie Fabre.
Le prix d’une médaille est juste à la hauteur de l’ambition de l’équipe : aller chercher la performance ensemble.
Les écouter a été un bain de bonheur.
Jean Bernard
« Le vainqueur fabrique toujours un vaincu » (Albert Jacquard)