Se protéger du loup – Un dispositif pour avancer les fonds aux éleveurs

A Baron en octobre 2020, le loup a tué 11 brebis, 3 furent euthanasiées et 2 blessées.

 

Une fois n’est pas coutume, la signature de la convention de partenariat pour la protection des troupeaux face à la prédation du loup ne s’est pas faite au salon Erignac en préfecture de Mâcon mais dans un salon de Hub & Go au Creusot (lire ci-dessous).

Le préfet, Yves Séguy et le président de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, Luc Jeannin, ont signé un dispositif « unique sur le territoire national » indiquait le représentant de l’Etat.

La chambre d’agriculture va bénéficier d’un fonds de 134 000 € (la compensation d’un promoteur d’un champ photovoltaïque sur une terre agricole à Saint-Yan) pour aider les éleveurs ovins et bovins à se protéger des prédateurs et principalement du loup, qui il y a encore peu a égorgé une douzaine de moutons du côté de Morey.

Certes, aujourd’hui, les agriculteurs perçoivent des aides (80% de l’Europe et 20% de subventions) pour financer des clôtures électriques 4 fils mais l’attente est longue pour les toucher _ pas loin d’un an _, alors quand il s’agit d’avancer 13 000 € (le plafond), les finances de l’éleveur ne le permettent pas toujours ou alors, c’est direction le banquier.

« Avec ce dispositif, nous faisons l’avance des fonds, nous gommons ainsi un des freins importants à la mise en place des protections », affirmait le préfet. Parce que le loup, lui, n’a que faire des paperasses à remplir et attendre que l’argent tombe. Quand il a faim, il croque et tue des animaux.

« A Morey, les éleveurs ne dorment plus. Les victimes, ce sont les moutons et les agriculteurs » assurait Luc Jeannin. « Notre rôle est de gérer et demander un appui technique avec les lois qui existent. Alors que faire ? Ce fonds, il fallait en faire quelque chose. Il est judicieux de l’utiliser à bon escient  et apporter un soutien rapide et urgent à ceux qui veulent protéger leurs animaux ».

Ceci dit, en Saône-et-Loire, chacun sait qu’il est difficile de protéger les troupeaux. « Evidemment face à un prédateur intelligent, mettre en place des clôtures est une solution mais arrive un moment, je m’excuse, il faut le tuer. Sans doute serait ce utile de réfléchir à d’autres solutions technologiques. Nous ne sommes pas dans un dessin animé. On ne verra jamais un loup faire copain copain avec un mouton, c’est contre nature » lâchait le président de la chambre d’agriculture.

Les éleveurs ont jusqu’au 31 juillet 2025 pour bénéficier du dispositif géré par la chambre d’agriculture dont le président aimerait bien savoir comment sera géré la présence du loup. « C’est aux législateurs français et européens et aux syndicats de s’en préoccuper ».

 

 

J.B.

 

 



 

SIGNATURE DE LA CONVENTION DE PARTENARIAT POUR LA PROTECTION DES TROUPEAUX FACE À LA PRÉDATION DU LOUP                                                      

 

Yves Séguy, préfet de Saône-et-Loire et Luc Jeannin, Président de la Chambre d’Agriculture ont signé ce mercredi 16 juillet, une convention cadre de partenariat visant à renforcer la protection des troupeaux ovins et caprins exposés à la prédation du loup. Située en zone de front de colonisation, la Saône-et-Loire connaît une progression régulière du loup, dont la présence transitoire ou plus durable peut provoquer des attaques aux conséquences lourdes pour les éleveurs. Conscients des tensions engendrées et des enjeux humains, économiques et territoriaux, l’État et la chambre d’agriculture ont construit une réponse conjointe et ambitieuse, avec pour priorité de restaurer un climat de sérénité et de sécurité pour les éleveurs touchés.

 

Ce partenariat s’appuie sur trois leviers principaux. Le premier consiste à faciliter l’accès aux aides publiques destinées à financer les moyens de protection : clôtures électrifiées, chiens de protection, surveillance renforcée. Ces aides peuvent couvrir jusqu’à 80 % des dépenses grâce à des subventions européennes. Pour accélérer le versement des soutiens, une avance remboursable pourra être octroyée par la chambre d’agriculture dès le dépôt du dossier. Le financement du reste à charge pourra également être assuré via un fonds de compensation de 134 575 €, constitué dans le cadre du projet photovoltaïque de Saint-Yan. Le second levier repose sur un appui technique de terrain : les conseillers de la chambre d’agriculture et les services de l’État accompagneront les éleveurs dans la définition des schémas de protection, le montage des dossiers et la mise en œuvre des dispositifs. Enfin, le troisième levier porte sur la recherche et l’expérimentation de solutions innovantes.

Une dynamique territoriale est engagée, sous l’égide du laboratoire des ruralités PARI (Pourvoyeur d’Actions Rurales Inventives), pour développer des technologies d’effarouchement, simplifier la pose des clôtures ou encore améliorer la gestion écologique des espaces autour des parcs. Un hackathon réunissant chercheurs, entreprises, agriculteurs et spécialistes de la faune sauvage sera organisé en novembre 2025 au Hub&Go du Creusot.

Cosigné en 2021, ce fonds peut être sollicité pour financer des projets, agricoles à intérêt collectif.

Ce plan d’action s’adapte aussi aux réalités du terrain. Ainsi, à la suite des attaques recensées au printemps dans les communes de Morey, Saint-Bérain-sur-Dheune et Essertenne, un classement en cercle 1 avait été décidé pour six communes du secteur. Compte tenu des contraintes opérationnelles, un arrêté préfectoral du 15 mai 2025 a temporairement reclassé ces communes en cercle 2, assouplissant les conditions d’accès aux tirs de défense, désormais possibles avec un seul moyen de protection.

Au-delà de ces mesures, ce partenariat vise à renforcer le lien de confiance avec les éleveurs et à offrir une réponse claire, coordonnée et réactive face aux situations de prédation. Il s’inscrit dans une ambition plus large : préserver une activité d’élevage vivante, durable et profondément enracinée dans les territoires ruraux, au service de la qualité alimentaire, de la biodiversité et de l’identité de la Saône-et-Loire.

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