Jean-Claude Lagrange, maire de Sanvignes, est un homme curieux, attentif aux âmes qui font battre le cœur de sa commune.
Intrigué par l’exposition d’un peintre et sculpteur à la bibliothèque André Malraux, il saisit son téléphone et cherche : Michel Lasne.
L’écran lui renvoie un nom venu d’un autre siècle, Michel Lasne, dessinateur-graveur né à Caen en 1590. Alors, sourire en coin, il s’exclame : « Vous êtes sa réincarnation ! »
Michel Lasne-Desvareilles reste un instant songeur. Non, il n’a aucun lien de sang avec cet illustre graveur. Juste un homonyme. Et encore… car lui s’appelle Lasne-Desvareilles. Originaire de Digoin, installé à Saint-Yan, il trace sa propre route, entre pigments et lumière. Mais lui aussi est habité par l’art.
Peintre et sculpteur, il avance avec modestie, sans bruit, porté par le simple désir de donner du bonheur à ceux qui croisent son œuvre.
Il n’a jamais pris de cours, alors, comment, dit-il en riant, pourrait-il en donner ? Enfant, il barbouillait déjà ses rêves à la gouache. Aujourd’hui encore, il se définit comme un artiste à part entière, sans en chercher la définition. Son style, c’est le sien, « Je m’inspire de moi-même », confie-t-il.
Pourtant, il voue une admiration profonde à Louis Werner, son peintre de prédilection. Et d’ajouter, malicieux, « Tous les grands artistes sont du signe de la Balance », Le Caravage, Watteau, Goya, Chagall… et bien sûr, Michel Lasne-Desvareilles. Peindre, sculpter, « c’est inné chez moi« , dit-il simplement.
Ancien menuisier et chaudronnier, il travaille la matière avec la même précision que jadis le bois ou le métal. À soixante-treize ans, il peint comme il jardine, sculpte comme il pêche, crée comme il respire.
Extravagant juste ce qu’il faut, il sait voir la beauté en toute chose. Il donne de l’amour et il aime le partager.
Autodidacte jusqu’au bout des doigts, Michel Lasne-Desvareilles peint avec émotion et sculpte avec tendresse.
Sa manière sort des sentiers battus; pas de tubes alignés sur la table, mais des pots de peinture, de la Valentine, à laquelle il ajoute de l’huile de lin.
Une alchimie simple, sincère, à son image.
Michel Lasne-Desvareilles est un sacré personnage, un poète de la matière, à découvrir sans hésitation comme on entrouvre une porte sur un monde de couleurs. On y entre, le cœur léger.
J.B.
