Sanvignes – De la colère à la résurrection

Un mois après l’incendie criminel qui frappa la mairie de Sanvignes, l’auteur des faits, un jeune homme âgé de 17 ans, a été appréhendé. Reconnu coupable d’avoir volontairement incendié ce lieu emblématique de la République, il a été condamné à douze mois de prison, dont huit avec sursis probatoire pendant deux ans. Son procès au civil est fixé pour avril 2026.

L’été 2023 fut marqué en France par une vague de violences d’une rare intensité. Sanvignes en fut le théâtre, tout comme Génelard, Montceau-les-Mines, et bien d’autres communes.
« Il aura fallu une compagnie de CRS pour faire face à une bande de jeunes dans un quartier de cent logements », déplore Jean-Claude Lagrange, maire de Sanvignes. Le 29 juin 2023, aux côtés de son équipe municipale, des agents et d’une population sidérée, il assista, impuissant, à l’attaque symbolique et physique de l’un des piliers de la République.

« J’ai du mal à comprendre les dérives de notre société. Comment expliquer l’embrasement du pays tout entier ? Comment accepter qu’un jeune du bassin minier, qui a fréquenté notre collège, qui fut sportif ici, en soit venu à poser un tel acte ? », s’interroge encore aujourd’hui le maire, avec une émotion intacte.

1er octobre 2025 : renaissance et dignité retrouvée

Ce mercredi 1er octobre 2025, sous un ciel d’azur et un soleil généreux, une atmosphère plus légère flotte sur le parvis de la mairie de Sanvignes. Après deux années de travaux, l’hôtel de ville, entièrement rénové, se dresse à nouveau, fier et digne, arborant toujours, sur son fronton, la devise de la République : Liberté, Égalité, Fraternité. «Elle n’a jamais été aussi belle », souligne le préfet de Région, Paul Mourier.

En ce jour hautement symbolique, tous les représentants de l’État et des collectivités ont tenu à être présents pour marquer d’une même voix le retour à la vie républicaine : préfet, sous-préfet, président de la Région, président du Département, président de la CUCM, maires, élus, pompiers, policiers et agents municipaux. « Il nous fallait être là, ensemble, pour affirmer que la République a un visage, celui de la cohésion », déclare le préfet de Région devant l’assemblée.

La cérémonie, solennelle mais chaleureuse, prit des allures de film de Jacques Tati lorsque la fanfare sanvignarde, entonnant les premières notes de La Marseillaise, figea Paul Mourier alors qu’il s’apprêtait à découper le ruban tricolore en morceaux avant de les distribuer comme le veut la tradition. « Je ne savais pas que j’avais le pouvoir de déclencher l’hymne national », s’amusa-t-il avec bienveillance.

Une solidarité exemplaire, une reconstruction exemplaire

Au lendemain du drame, une immense vague de solidarité est venue soutenir les élus et les agents de Sanvignes.
« Une solidarité exemplaire », insiste le maire. Après la colère, l’indignation et les larmes, tous, l’État, le Département, la CUCM, la Région, les partenaires comme Michelin Blanzy, ont répondu présents. Grâce à leur appui, les services municipaux purent être rapidement relogés à la résidence Louis Veillaud et à France Services, en attendant la reconstruction.

Avec le concours déterminant du sous-préfet d’Autun, Jean-Baptiste Constant _ qualifié de meilleur chef de chantier par le maire _, le chantier fut mené avec rigueur et efficacité.
« Les travaux ont été livrés avec trois mois d’avance, sans aucun dérapage financier, pour une ouverture au public dès le 1er septembre », se félicite Jean-Claude Lagrange.
Le nouveau bâtiment, à la fois sobre et élégant, a coûté près de 2 millions d’euros. Il reflète une vision pragmatique et respectueuse de l’argent public, un lieu beau, fonctionnel, mais jamais ostentatoire.

Le traumatisme vécu par les agents et les élus restera gravé dans les mémoires. Mais aujourd’hui, pour son soixantième anniversaire, la mairie de Sanvignes renaît de ses cendres, telle un symbole de résilience et d’espoir.

La République est toujours debout. Et le ciel, paisible.

J.B.

Le coût de l’opération TTC : 

Le sinistre a été évalué à 1 321 616 €, la mise en conformité à 619 727 €

Le financement : 

Indemnisation assurance: 1 000 000 €

Etat – Fonds émeutes : 107 933 €

Etat – DSIL : 203 548 €

Conseil départemental : 50 000 € CUCM : 50 000 € Conseil régional : 100 000 €

FCTVA : 291 663 €

Commune – Fonds propres : 138 199 €

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