Il y a encore peu, en janvier dernier, la manufacture Gerbe s’exposait dans les salons de l’Elysée dans le cadre du premier salon « Fabriqué en France ». Encore peu également, Philippe Genoulaz, directeur du site valloirien, indiquait « Gerbe joue la carte du haut de gamme » et travaillait avec des marques de la haute couture française.
Et puis, catastrophe, ce 2 avril, le tribunal de commerce de Chalon-sur-Saône procédait à la mise en redressement judiciaire de la manufacture Gerbe avec pour objectif de voir arriver un repreneur d’ici le 14 mai prochain. Le collant Gerbe tombe sur les chevilles, sa vie, sa survie ne tient plus qu’à un fil.
Depuis plusieurs jours, nous tentons de joindre Philippe Genoulaz. Aucune réponse. A Saint-Vallier, même si la production est arrêtée depuis le 20 mars suite au confinement, quelques personnes travaillent néanmoins à l’expédition. Aucun commentaire de leur part. Gerbe coule en silence.
Ce n’est pas la première fois que Gerbe est en difficulté. En 2015, elle avait été placée en liquidation judiciaire avant une reprise par un groupe hôtelier chinois, Tianci Hot Spring. En Chine, on adore le luxe à la française et laissait donc présager une sérieuse montée en puissance de la production.
Depuis, Philippe Genoulaz n’a cessé de remettre Gerbe dans le sens de la marche, de créer des produits d’exception pour des femmes exceptionnelles. Entreprise du patrimoine vivant, Gerbe est un fleuron de l’industrie textile en France.
Une nouvelle unité de production sur Montceau-les-Mines
L’avenir de la manufacture demandait pourtant davantage de moyens financiers ce que le groupe chinois Tianci Hot Spring ne semblait plus en mesure d’apporter.
Alors il était prévu que Tianci Hot Spring vende la manufacture Gerbe au numéro 1 de la lingerie chinoise. Ce dernier devait même se rendre à Saint-Vallier en janvier dernier pour visiter les installations. Mais voilà, le coronavirus est passé par-là et la Chine s’est mise en sommeil.
L’avenir de Gerbe passait par la prise en main d’un nouvel investisseur avec une puissance financière capable de relever le défi. Celui notamment d’ouvrir une nouvelle unité de production. Les locaux actuels à Saint-Vallier ne sont plus adaptés, beaucoup trop vastes, trop coûteux, notamment le loyer, alors qu’une soixantaine de personnes y travaillent. Aux grandes heures de gloire, Gerbe a compté près de 900 salariés.
Il fallait donc « offrir » un nouvel atelier, plus rationnel. « Le projet est prêt » précise même une personne proche du dossier. L’implantation devait se faire sur le territoire montcellien.
Mais l’affaire entre Chinois n’a pu se faire alors Tianci Hot Spring a retiré ses billes.
Gerbe est à nouveau en difficulté. Et retrouver un repreneur d’ici le 14 mai prochain dans la conjoncture actuelle, un monde économique pratiquement à l’arrêt, sera un véritable tour de force. Impossible n’est pas français…
Jean Bernard