Il ne dira jamais de mal de son prochain et encore moins du maire de Saint-Vallier, Alain Philibert. Pour autant, le conseiller municipal d’opposition Claude Vermorel ne se fait guère d’illusions. « Je sais très bien qui est le maire », glisse-t-il avec ce mélange de lucidité et de retenue qui le caractérise. Ce qu’il attend avant tout de la majorité municipale, c’est du respect et de la considération. « Lorsque je pose des questions en conseil municipal, on me répond souvent d’un ton évasif, du genre “p’t’être bien que oui, p’t’être bien que non”. Ce n’est pas à la hauteur du débat démocratique ».
Avocat de profession, bientôt à la retraite, Claude Vermorel revendique avant tout une éthique humaniste. « Je suis plus Rabelais que Lénine », s’amuse-t-il. Homme de dialogue, il privilégie la concorde à la discorde, la réflexion à la confrontation.
Pourtant, à l’heure de la maturité, il s’interroge sur son avenir politique. « Suis-je plus utile au conseil municipal ou en dehors ? » confie-t-il.
Non qu’il soit animé par l’ambition d’un nouveau mandat, « je suis ouvert à tout », mais il avoue réfléchir à la suite. « J’aurai bientôt 69 ans. Je n’ai pas d’ADN politique. J’ai passé ma vie à aider les autres, et j’ai du mal à me fâcher avec les gens ».
Sans chercher à plaider sa cause, le Valloirien évoque ces sujets qui le préoccupent et sur lesquels, selon lui, la majorité reste muette. « En conseil municipal, je reçois trop souvent des non-réponses à mes questions », regrette-t-il.
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La santé publique au cœur de ses préoccupations
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L’un de ses principaux sujets d’inquiétude reste la situation de l’hôpital de Montceau implanté sur Saint-Vallier. Il s’étonne que le maire de Saint-Vallier n’occupe pas la présidence du conseil de surveillance, tenue par la maire de Montceau-les-Mines. « C’est presque anecdotique », nuance-t-il, « mais je m’interroge surtout sur le fonctionnement actuel de l’hôpital, qui ressemble de plus en plus à un Ehpad ».
Constat amer, « à Chalon-sur-Saône, l’hôpital se modernise, notamment dans le domaine cardiologique. Ici, nous sommes les parents pauvres. L’hôpital de Montceau a été dépouillé et ni l’ARS ni nos élus ne nous informent réellement ».
Pour Claude Vermorel, la santé passe aussi par l’alimentation. Et sur ce point, il déplore la qualité des repas servis dans les cantines scolaires, « cette nourriture industrielle n’a rien d’éducatif ni de sain ». Il prend acte de l’initiative du maire, qui aurait pris contact avec le Département pour envisager un autre mode de restauration, mais regrette le manque de transparence. « Il aurait pu nous en informer ».
L’avocat souhaiterait également que la municipalité rende hommage à ceux qui incarnent les valeurs de la République. Il a proposé de baptiser une rue du nom de Samuel Paty ou de Charlie Hebdo : « Ce sont des martyrs de la République », insiste-t-il. Là encore, aucune réponse claire : « Ni oui, ni non. »
Lors du prochain conseil municipal, il présentera une nouvelle proposition : planter un arbre en mémoire d’Ilan Halimi, « en écho à l’appel lancé par Maître Alain Jakubowicz », précise-t-il.
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La natation, une cause citoyenne
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Claude Vermorel n’hésite pas à interpeller la majorité sur des sujets plus symboliques, comme les jumelages avec la Croatie ou la Pologne. « Je suis favorable à ces échanges, mais à condition qu’ils aient du sens, qu’ils ne soient pas de simples prétextes à faire la bamboula ». Il ajoute : « Dans ces pays, la question des droits des femmes reste sensible. Le maire aborde-t-il ce sujet lorsqu’il rencontre ses homologues ? »
Ancien maître-nageur, il reste passionné par la prévention des noyades. Son constat est alarmant : « Entre 40 et 50 % des enfants qui entrent en 6e ne savent pas nager. » D’où sa proposition de doter Saint-Vallier d’une piscine de proximité, sur le modèle de celle de Montchanin. « Un bassin de 25 mètres sur 10, pour une ville de 5 000 habitants, ce n’est pas un luxe. Le coût, estimé à 4 millions d’euros HT, ne devrait pas être un frein si la volonté politique est là ».
« Mon rôle, résume-t-il, c’est de mettre chacun face à ses contradictions et d’être force de proposition ». Encore faut-il, ajoute-t-il avec calme, « que l’on m’écoute ».
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J.B.
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