Rugby – Cédric Dhuit, du banc au sifflet

Cédric Dhuit qui a été champion de Bourgogne Franche-Comté avec le RCMB en tant qu’entraîneur il y a deux saisons, s’oriente désormais dans une fonction si souvent décriée dans le sport : l’arbitrage.
Après de très nombreuses saisons sur le banc, il a franchi le pas.
Ilona Pedicone qui évolue maintenant au LOU, c’est son flair qui lui a valu de voir juste sur le potentiel de cette jeune fille qui opère dans l’un des plus grands clubs Français du ballon ovale et avec qui il garde des liens très fort et reste très proche de sa protégée. Il n’en n’oublie pas également son fils Ryan qui évolue en U19, qu’il suit avec intérêt et espère le voir évoluer et pourquoi pas figurer dans les groupes séniors durant cette nouvelle saison.
Cédric, une nouvelle fonction, arbitre dans le monde du rugby. Comment vous est venue cette envie de franchir le pas ?
« Quand j’étais encore en activité en tant qu’entraîneur, je prenais souvent le sifflet pour diriger les mises en place du vendredi soir, et je me sentais plutôt à l’aise dans ce rôle. Puis j’ai eu l’occasion à deux reprises lors de rencontres Réserves R1 qu’il manquait un arbitre et en tant qu’entraîneur diplômé on est en capacité (sauf si notre santé ne nous le permet pas) de pouvoir arbitrer, j’ai accepté et me suis proposé naturellement de le faire et j’ai pris plaisir au milieu des deux équipes ».
Dans d’autres sports, l’arbitre fait parti intégrante d’un club qu’il représente. Qu’en est il du rugby ?
« Pendant de nombreuses années, l’arbitre n’était pas forcément reconnu au sein des clubs, et je doute même qu’ils avaient une licence au sein même d’une association. Cela a beaucoup évolué, dans le sens ou les arbitres se doivent d’être licenciés dans un club, et suivant les niveaux dans lequel le club évolue c’est devenu obligatoire d’avoir un, deux, voir trois arbitres qui en fin de saison rapportent des points bonus au club dans lequel il est licencié. Les clubs ont donc aussi un travail à faire afin de trouver ou proposer à des jeunes ou moins jeunes de se lancer dans l’arbitrage pour être sûr d’avoir le nombre d’arbitres pour obtenir les points bonus ».
Vous avez donc opté pour un club du jeu à XV. De quel club s’agit il ?
« Comme cité précédemment je me devais de prendre une licence, le club auquel j’appartiens désormais est le Stade Montchaninois Bourgogne, club dans lequel j’ai commencé depuis tout petit de l’école de rugby jusqu’à séniors. Je suis revenu à mes racines, c’est mon club formateur et je pense que lui rendre ce service me paraissait censé et logique et je connais très bien le président actuel Georges Duvert qui, à ma demande, n’a pas hésité à répondre favorablement à mon retour chez les « ciel et blanc ».
En dehors de vos fonctions d’arbitre pour ce club, intervenez vous pour des missions de prévention, de conseils et sur d’autres points ?
« J’ai dans mon nouveau club un statut de dirigeant, et si le temps me le permet je donnerais un coup de main en tant que bénévole les jours de match ou pour toutes autres manifestations. Oui, suite à notre réunion de rentrée début septembre à Beaune, on nous a dit que nous devions intervenir au niveau de l’école de rugby, afin d’expliquer au plus petits les bases de la réglementation d’arbitrage pour mieux connaître et apprendre dès le plus jeune âge les règles de jeu. On peut aussi à la demande des entraîneurs ou éducateurs intervenir sur des points de règlement, ou autres questions spécifiques ou techniques ».
Dans ce sport, jusqu’à quel âge peut on exercer ?
« On peut arbitrer jusqu’à 55ans. Il faut savoir qu’en début de saison pour la rentrée des arbitres, il y a des tests physiques pour valider notre licence afin d’être dans une certaine forme physique pour pouvoir arbitrer les rencontres sur lesquelles on sera désigné. Une notion importante mais néanmoins fondamentale c’est de connaître les règles de jeu et la gestuelle pour accompagner nos décisions sur le terrain. Pour information également on peut commencer à arbitrer dès l’âge de 13 ans ».
A quel niveau évoluez vous lors de cette saison 2024 2025 ?
« En toute honnêteté, je ne sais pas du tout, c’est une toute nouvelle aventure dans laquelle je m’engage, mais j’ai essayé de me renseigner auprès de quelques arbitres, de représentant fédéraux et de Stéphane Crapoix, d’après leur retour, je devrais certainement débuter par des catégories jeunes U16/U19 régionaux mais j’attends le jour de ma première convocation et là je serais vraiment fixé. J’appréhende beaucoup mes débuts de ce nouveau challenge, il me faudra quelques temps d’adaptation mais je suis prêt à relever ce nouveau défi qui sera une tâche, j’en conçois, dure mais pas insurmontable ».
Comparer le football au rugby, quelles  sont selon vous les différences et pourquoi dit on que l’arbitre est plus respecté au rugby que dans le football ?
« Dans la formation dès l’âge de 6 ans en arrivant à l’école de rugby, on apprend parfois de façon ferme ce que l’on nomme les valeurs du rugby et parmi celles-ci le « respect » et surtout le respect de l’arbitre. Dans notre sport et cela ne reste que mon point de vue, l’arbitre est garant de l’intégrité des joueurs mais peut-être qu’il est aussi plus pédagogue et qu’il évolue avec le jeu. Une contestation au rugby est plus puni qu’au foot, un carton jaune au foot le joueur reste sur le terrain, au rugby un carton jaune le joueur est exclu dix minutes. La télé avec les retransmissions de matches pros fait aussi peut-être défaut sur l’attitude des joueurs vis a vis de l’arbitre ».
Lors de votre carrière de joueur, puis entraineur, il vous arrivait parfois de vous emporter contre les arbitre. Compreniez vous les sanctions prises ou pas lorsque vous étiez joueur puis entraineur ?
« Je n’étais pas un tendre sur un terrain de rugby, j’ai malheureusement pris des cartons qui m’ont souvent coûter cher au niveau de mes suspensions, je sais que ma réputation me suit depuis de nombreuses années mais avec le recul, je regrette sincèrement les actes que j’ai pu commettre. Bien entendu que je peux comprendre les sanctions auxquelles j’ai été confronté, j’ai toujours assumé mes erreurs, mais il y en a certaines surtout en tant qu’entraîneur que je n’arrive toujours pas à digérer ni à admettre et je ne les comprends toujours pas. Je le dis j’assume le fait d’avoir été quelquefois excessif sur mon banc de touche comme tous les entraîneurs, j’en reste convaincu, mais je déteste l’injustice. J’ai prouvé mon innocence dans lors de mes malheureux cartons rouges mais sans pour autant avoir été blanchi où obtenu gain de cause. La plaie a encore du mal à se refermer et j’ai eu beaucoup de peine quand mon aventure s’est arrêtée prématurément car je n’ai malheureusement pas eu l’occasion d’aller au bout de la mission que je m’étais fixée. Beaucoup m’ont tourné le dos et m’ont laissé tomber mais je me dois de faire avec et de continuer à aller de l’avant ».
Durant cette saison 2023/2024 sans aucune fonction, qu’avez vous fait de votre temps libre ?
« J’ai déjà pris le temps de me remettre en question, puis je me suis plus concentré sur ma vie de famille qui m’a aidé et soutenu pour avancer. J’ai passé plus de temps avec Véronique ma compagne et mon fils Ryan. Les week-ends en famille ou avec nos amis ont été essentielles. Malgré mon jeune âge je suis un jeune papi et j’ai aussi passé un peu plus de temps avec mes petits-enfants Tiago et Léandro. Je me suis également occupé de ma vie professionnelle qui était devenu préoccupante, donc j’ai changé de travail pour aller mieux aussi dans mon travail et aujourd’hui j’ai trouvé un job qui me plaît même si je rencontre d’autres contraintes comme les postes mais je m’organise pour trouver le temps de faire du sport, m’occuper de ma maison, et me reposer quand le besoin s’en fait ressentir. Il m’a fallu du temps aussi pour digérer la perte de ma maman l’année dernière même si j’ai encore du mal aujourd’hui je me dois de vivre avec et essayer de l’accepter mais ce n’est pas facile ».
Que peut on vous souhaiter pour votre nouvelle fonction et la suite de votre carrière ?
« Je ne sais pas si je vais faire carrière, je vais déjà me concentrer pour faire ma première saison d’arbitre en formation, j’espère y prendre tout autant plaisir que j’ai pu en prendre en tant que joueur, éducateur ou entraîneur. Je souhaite être le plus performant possible, et le plus juste mais je ne doute pas que je ferais des erreurs. Je vais essayer de me rendre le plus disponible possible pour officier le plus possible mais les postes pourront me rendre parfois les week-ends compliqués. Je termine par une note d’humour, Cédric Dhuit arbitre ! qui sort un carton jaune ou rouge qui l’aurait cru ? En espérant en sortir le moins possible bien entendu ».
Recueilli par J-F.P.

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