Le Rotary Club de Montceau-les-Mines a remis le prix du travail manuel 2020-2021 à Julien Clar, un créateur, un artisan, un artiste.
Le Rotary Club de Montceau est attaché à la valorisation du travail manuel. Presque chaque année, il décerne un prix. Cette année il a choisi de décerner son prix du travail manuel, d’une valeur de 500 €, à M. Julien CLAR.
Biographie sommaire : le parcours de Julien CLAR
Julien CLAR est né à St Vallier en 1984. Il a été scolarisé au Collège Copernic de Saint-Vallier puis au Lycée Henri Parriat de Montceau-les-Mines. En première, il décide d’abandonner les études générales et de se lancer dans le monde du travail. Il part travailler dans les vignes de la vallée du Rhône. Cela correspond en gros à l’âge de ses vingt ans. A partir de 2008, il travaille dans le secteur de l’imprimerie et surtout de l’infographie, avec même un projet d’installation qui finalement ne se réalise pas. En 2011 on le retrouve au travail dans les espaces verts. En 2012 il s’inscrit à une formation pour adultes (GRETA) sur neuf mois en chaudronnerie à Chalon. Il obtient un CAP de chaudronnerie RCI. Il travaille alors comme intérimaire dans des entreprises en chaudronnerie et tuyauterie.
Il a pu ainsi multiplier les expériences en immersion dans le monde du travail et s’imposer des défis dans le but d’acquérir des compétences dans des domaines variés. Une fois les compétences acquises, il a cherché à donner du sens à son travail. Il lui est apparu qu’il pouvait finalement le trouver en prenant le risque d’une installation, dans le domaine de l’artisanat, comme autoentrepreneur.
Sa philosophie
Cette installation est sans doute aussi l’acceptation du risque d’incertitude matérielle. Mais c’est un risque consenti, avec pour lui la chance de s’engager dans une vraie relation humaine : créer un objet susceptible de répondre à une attente chez le client, c’est-à-dire chez autrui. Plutôt que de répondre à une commande formelle selon un plan préétabli et servilement suivi, plutôt qu’un travail salarié en grande entreprise quelque peu aliénant selon lui, Julien préfère créer et proposer, à la suite d’une écoute attentive du besoin exprimé par un demandeur. L’objet créé a besoin d’âme. Ce qui l’intéresse, c’est l’émotion produite chez son client par cet objet créé pour lui. Sa satisfaction, plus encore sa joie, c’est celle de son client. L’aspect financier est secondaire.
Il a besoin de clients contents de son travail manuel et, comme publicité, il compte avant tout sur le bouche à oreille.
Ses centres d’intérêt et de curiosité
La géométrie fait assurément partie de ses centres d’intérêt. Il s’est intéressé aux solides de Platon : les cinq polyèdres sont devenus dans son atelier cinq modèles symboliques qu’il a respectivement fait devenir le Tétraphore pour le feu, l’Hexaphore pour la terre, l’Octaphore pour le vent, l’Icosaphore pour l’eau, le Dodecaphore pour l’univers.
Tous les matériaux l’intéressent et particulièrement le fer et le bois. Il aime les associer. Il refuse l’attachement exclusif à un matériau, à une matière. De leur rencontre, de leur association naissent des découvertes. S’ouvrent de nouvelles pistes. La rouille en est une parmi d’autres à partir du fer. La rouille interroge, elle dit que le fer a vécu, qu’il a un passé qui mérite d’être connu et exploré. La rouille a donné le nom de son site internet et de son entreprise : l’âge de rouille…L’erreur dans l’élaboration de l’objet peut se produire mais Julien l’exploitera, la valorisera. Il rebondira. L’erreur peut permettre un autre regard. C’est le propre de son imagination créatrice. Il y ajoute les ombres et les lumières. Il sait les contempler et il cherche à susciter chez le destinataire de son travail leur contemplation. La poésie n’est pas loin, reposante. La création de ses objets peut – sinon doit- conduire au lâcher prise. Le jeu des ombres et des lumières éclairant ses objets peut aboutir à une fascination comparable à celle qu’exerce le feu dans l’âtre. L’homme est musicien et, de la même manière qu’avec les objets issus du travail de sa main, il aime avant tout créer une musique et la proposer à un public. C’est le même phénomène qui motive son travail manuel. Il faut qu’il provienne de lui. Mais cela est générateur de doute, de stress. Le déclic se produira-t-il chez l’autre ? La rencontre aura-telle lieu ? C’est un challenge permanent, stimulant. Le mystère de ses objets prend naissance dans son atelier, au Bois Garnier, au sein d’une chapelle désaffectée, dont l’histoire liée aux mineurs polonais n’est pas sans l’inspirer ni le motiver. Le confort est spartiate, les outils ne sont guère sophistiqués. Qu’à cela ne tienne. On l’a compris, l’artisan Julien CLAR, en recherche permanente de sens à ses objets, est pleinement artiste.
Les objets créés et proposés
On peut citer parmi d’autres : des roses noires en acier rouillé, présentées dans de magnifiques boîtes-écrins, des pickguards originaux et sur mesure, des enseignes, des meubles, par exemple une bibliothèque réalisant l’alliance du bois et du métal, des portails et par exemple un magnifique portail en fer volontairement et activement rouillé, s’intégrant dans un mur en pierres apparentes…
Mais la variété des objets possibles est sans limite. La seule limite est la rencontre, au cours d’un colloque singulier entre deux personnes, d’un besoin exprimé avec un objet original progressivement créé, susceptible de produire une émotion chez celui qui en rêvait.
Souriant, modeste, plutôt discret, sérieux sans se prendre au sérieux, tout en étant déterminé dans son choix de vie, tel apparaît Julien CLAR. Il a fait le choix d’un travail qui le passionne, aux antipodes de tout travail manuel répétitif qui serait effectué sans engagement véritable. Un travail manuel qui le fait pleinement exister, qui est pour lui raison de vivre. Comme lui a dit un de ses clients : « Continuez à nous faire rêver ! » Cette année, le Rotary Club de Montceau a voulu partager ce rêve en récompensant Julien CLAR.
Son site. www.lagederouille.fr