La vie de Robert di Benedetto ne ressemble en rien à la nôtre. Elle est même totalement anachronique. Se marier, travailler chez Michelin, n’ont pas effleurer son esprit. Il aurait pu, mais non, il n’a pas voulu tomber dans cet engrenage.
A 22 ans, le Montcellien embarque sur un escorteur d’escadre à Toulon-sur-Mer pour un an de service militaire. Déjà, il voulait voir du pays, voguer vers de nouvelle aventures, loin du Bassin minier. A son retour, il bosse. Met de l’argent de côté. « Je gagnais 600/700 francs et le billet pour Caracas valait 1000 francs » se souvient-il. C’est loin.
L’Amérique du Sud le fascine. Avec son accordéon en bandoulière, il va d’un pays à l’autre, propose ses services aux restaurateurs. « Je jouais pour les clients et en échange, j’avais le gite et le couvert. J’ai voulu faire un petit tour. Je me suis dit : c’est le moment de faire ce que j’ai envie de faire ». Il débarque donc au Venezuela, la porte d’entrée de l’Amérique du Sud. « Je suis parti seul ».
Sans ce pays à la beauté incroyable, Robert di Benedetto va y rester 43 ans.
43 ans de bonheur avant que la dictature, « cette infâme dictature d’extrême gauche » dénonce-t-il, « me vienne affamer le peuple. C’était devenu invivable avec une hyper inflation et une forte délinquance. Je n’avais plus le choix, j’ai alors décidé de revenir en France, à Montceau-les-Mines en 2017 ». D’un pays agréable où il fait beau toute l’année, « ils en ont fait un enfer ».
Robert, le dictionnaire du parfait français
Né à Galuzot, le voici installé au Bois du Verne. Quand Robert parle de ses années au Venezuela, ses yeux pétillent. Là-bas, il a vécu les plus belles années de sa vie. Avec son accordéon, sa tenue de Titi parisien, un bleu de travail, la casquette et le foulard, lui l’emblème de la culture française, s’est fait un nom. « Sans compter que l’aura de la France en Amérique du Sud dépassait l’entendement » se rappelle-t-il. La mode, le champagne, les vins, notre savoir-vivre ont joué en sa faveur. De Caracas à Miami en passant par l’Argentine, il rayonnait. Les ambassades le sollicitaient notamment pour fêter le 14 juillet. Air France a fait appel à ses services pour égayer les voyages en Airbus entre Caracas et Bogota. La compagnie aérienne tricolore avait même créé le club Air France Madame pour l’aristocratie vénézuélienne. « J’accompagnais les groupes en Champagne, à Grasse ». Toujours avec son accordéon.
Cette vie de rêve, Robert di Benedetto a en profité pleinement. Il mesure aujourd’hui combien « j’ai été un privilégié ». Indépendamment de son métier de musicien, il en a profité pour mener à bien son entreprise d’import de mets délicats français, truffe, foie gras, entre autres, à ses amis pour beaucoup restaurateurs.
Bientôt cinq ans qu’il est retour à Montceau-les-Mines. A bientôt avoir 70 ans, son accordéon reste son compagnon de route. On lui a octroyé le minimum vieillesse mais il ne reste pas inactif. Bénévole à Croix Rouge, il anime également pour le plaisir, les après-midis dans le EHPAD et les maisons de retraite ou encore la rue Carnot pour les commerçants à Noël.
Le temps des cheveux longs et de la barbe, de vivre des aventures incroyables sont révolus. Robert di Benedetto garde de ses 43 années en Amérique du Sud des souvenirs en pagaille. « J’ai eu une vie hors du commun » reconnaît-il avec le sourire d’un homme dont la musique rythme toujours ses journées.
Heureux qui, comme Robert, a fait un beau et long voyage. Christophe Colomb a découvert le Venezuela, le Venezuela a trouvé Robert di Benedetto.
Jean Bernard
Bonjour et bonne année
N’auriez vous pas appris à jouer chez un certain Dédé, à la Sablière ?
Cordialement